Rendre désirable l’habitat bas carbone : le concept de Living places à Copenhague

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

2869 Dernière modification le 12/07/2023 - 15:37
Rendre désirable l’habitat bas carbone : le concept de Living places à Copenhague

Construction21 a eu l’opportunité de visiter un ensemble architectural pas comme les autres au cœur de la capitale danoise. Living places, ce sont sept prototypes d’édifices à l’empreinte carbone trois fois plus faible que celle de bâtiments classiques, avec un accent mis sur l’esthétisme et le confort des usagers en toute saison. Zoom. 

Compte rendu de notre découverte d’une expérimentation grandeur nature au Danemark. Cinq pavillons ouverts d’exposition et deux maisons habitables constituent Living places, la première version d’un lieu de vie nouvelle génération implanté sur l’ancien chemin de fer de Jernbanebyen, dans la capitale danoise.

Le chiffre à retenir ? Chaque bâtiment émet 3,80 kg de CO2 par an et par mètre carré, contre 11,10 kg en moyenne pour une habitation danoise classique. 

Pour arriver à ce résultat, cinq mots d’ordre régissent la conception de Living places, un projet initié par le groupe Velux en coopération avec l’agence d’architecture Effekt et les groupes d’ingénierie Artelia et Enemærke & Petersen.

La simplicité 

Exit, les mouvements architecturaux aux traits complexes et aux règles alambiquées : la direction souhaitée pour Living places n’est autre que « back to basics ». Des éléments aux lignes épurées, assemblés, mais détachables très facilement. Une bonne illustration de ce parti pris réside dans le choix de séparer la partie architecturale de la partie technique dans les deux maisons constituant l’ensemble.  

Le respect des usagers ET de la planète 

Les structures de Living places se veulent non seulement en phase avec l’impératif de décarbonation de nos sociétés actuelles, mais aussi avec le bien-être et la santé des êtres humains, en contribuant même à les améliorer. 

Ainsi, une priorité absolue a été donnée au confort des usagers. Lorsqu'on entre dans l’un des deux prototypes « fermés » de l’ensemble Living places, c’est le sentiment d’un « cocon » qui survient immédiatement. En effet, le confort de l’enveloppe protectrice en bois entourant chaque unité est prégnant. Visuellement, le parti prix minimaliste des lignes et de la décoration, mais aussi la hauteur sous plafond conséquente – 3 mètres au rez-de-chaussée – donnent une impression de pureté, mais aussi d’espace, dans un bâtiment dont les mètres carrés ont été optimisés au maximum. 

Le choix de construire en hauteur fait aussi la part belle à la lumière du jour, qui inonde progressivement l’édifice au fil des heures. À savoir que l’idée n’est pas de privilégier la clarté permanente, mais d’adapter la luminosité aux besoins des habitants. Dans la chambre du dernier étage, les fenêtres de toit ont été placées et pensées de sorte à pouvoir se plonger dans une parfaite obscurité, puis de s’ouvrir petit à petit pour favoriser le sommeil et le réveil des occupants. 

Quant à l’air ambiant, il est obtenu par une ventilation naturelle communiquant entre les différentes ouvertures des maisons. Ce n’est pas pour rien que le nom Velux se compose d’un VE pour ventilation et d’un LUX pour lumière ! 

Pour limiter l’impact des bâtiments sur l’environnement, des matériaux peu émissifs tels que le bois (principalement du pin) ou l’acier ont été sélectionnés, et une isolation thermique renforcée a été mise en place à l’aide de ouate de cellulose ou de triple vitrage pour les fenêtres notamment. 

Sens de la communauté et du partage 

Si Living places est au pluriel, ce n’est pas un hasard. Ce projet se pense comme un ensemble et non pas comme une habitation isolée, l’idée étant de créer une continuité entre les édifices et donc du lien entre les habitants, via des espaces, des biens et des services partagés dans un monde qui se fait parfois de plus en plus individualisé. 

Au sein même des bâtiments, l’idée de partage est aussi de mise. C’est ainsi que le premier étage des maisons est désigné comme étant le préféré des architectes l’ayant conçu, car il permet une connexion visuelle avec toutes les autres parties de la maison. Les vues sur la nature environnante sont également nombreuses et complètent l’idée d’espaces liés entre eux, et avec l’univers dans lequel ils s’implantent. 

Adaptabilité et flexibilité 

L’idée de Living places n’est pas de correspondre à une seule typologie d’individu à un endroit et à un moment donné, mais bien d’être compatible avec une multiplicité infinie de modèles. Les bâtiments conçus sont donc modulables à l’infini, pour être en phase avec tous les modes de vie d’aujourd’hui et de demain. Chaque édifice peut ainsi être haut de deux à cinq étages, comporter des unités annexes ou non… Les possibilités sont nombreuses ! 

C’est aussi en ce sens que Lars Petersson, CEO du groupe Velux, nourrit de grandes ambitions pour le concept de Living places : il évoque notamment la possibilité et l’envie de participer à la reconstruction de l’Ukraine par le biais de son expérimentation. 

Versatilité et réplicabilité à différentes échelles 

Dans la continuité du point précédent, l’ambition de Living places est de permettre une utilisation optimisée de l’espace. En suivant cet objectif, en fonction des besoins et des situations, le modèle a donc été défini pour être déclinable à de multiples échelles et dans différents milieux, urbain ou périurbain notamment. Cela implique aussi une souplesse sur les coûts : l’un des objectifs poursuivis par Living places est d’offrir un lieu de vie accessible financièrement pour le plus grand nombre. 

Nous voulons partager notre solution avec tous ceux qui auront envie d’y vivre

Voici tout ce qui compose le dessein de Living places et en fait un espace de vie hors norme, dans un monde de la construction qui se doit plus que jamais de se réinventer. En somme, comme l’indique Lone Feifer, directrice de la section bâtiments durables du groupe Velux, un « parfait exemple de l’art sous la contrainte » au service de la planète et de l’usager, qui a certainement un bel avenir devant lui : « nous voulons partager notre solution avec tous ceux qui auront envie d’y vivre ». 

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