Professionnels, particuliers : une même vision de la rénovation énergétique ?

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

846 Dernière modification le 17/10/2023 - 10:28
Professionnels, particuliers : une même vision de la rénovation énergétique ?


Le WinLab’, incubateur du CCCA-BTP, a mené conjointement avec Batiweb une étude* pour comprendre les besoins et attentes à la fois des professionnels du BTP et des propriétaires de biens immobiliers, quant à la rénovation du parc de logements en France. Zoom. 


Mercredi 13 septembre, ils étaient trois à présenter les résultats inédits de cette enquête en direct de la première édition du salon RenoDays au parc des expositions de Paris à Porte de Versailles. Regards croisés portés sur la rénovation énergétique des bâtiments explicités donc par Franck Le Nuellec, directeur du marketing, du développement et de l’innovation stratégique du CCCA-BTP, Gaëtan Ovigneur, directeur marketing du groupe Batiweb et Olivier Cenille, responsable du développement des partenariats au WinLab’. 

L’objectif ? Renvoyer par effet de miroir les réponses des uns et des autres : il n’est pas si fréquent d’interroger à la fois les professionnels œuvrant de façon effective sur les chantiers, et les propriétaires occupants ou bailleurs confrontés au quotidien à la réalité du besoin de rénover des bâtis. Alors, les attentes des deux parties sont-elles alignées ? Y a-t-il une complémentarité des visions plutôt qu’une opposition entre deux mondes

Face aux récents bouleversements climatiques, à l'instar de l’été 2023, tous s’accordent à dire qu’il est nécessaire d’agir. Mais cela ne signifie pas pour autant que les enjeux de la réhabilitation des bâtis est comprise au même niveau, en attestent les résultats de l’enquête. En effet, si le concept de rénovation énergétique performante est familier pour 81 % des professionnels, il ne l’est que pour 43 % des particuliers interrogés. Un écart notable qui démontre que les opérations multigestes doivent encore être promues auprès des propriétaires. Ces derniers sont d’ailleurs une majorité à déclarer effectuer des travaux uniques plutôt que des bouquets – un ou deux travaux seulement pour six répondants sur dix ; avec en tête des opérations menées l’isolation thermique. Des données qui conduisent Gaëtan Ovigneur à insister sur la nécessité « d’accentuer les problématiques liées à la communication et à l’accompagnement » dans le secteur de la rénovation énergétique. 

Qu’est-ce qui empêche donc les répondants de sauter le pas ? Une question de budget, bien sûr, pour une majorité d’entre eux. Mais arrive aussi en tête des réponses la problématique d’une main d’œuvre qualifiée. Sur ce dernier point, Franck Le Nuellec et Olivier Cenille ont rappelé à RenoDays l’existence du programme T’es refait ! une opération de recrutement digitale aux formations de la rénovation énergétique des bâtiments. 

Car oui, une bonne formation des professionnels est absolument essentielle pour massifier les rénovations énergétiques du parc immobilier français. Outre le fait qu’une qualification RGE soit requise pour prétendre aux aides financières existantes, il s’agit d’une question d’efficacité. En effet, 80 % des propriétaires interrogés déclarent que les travaux leur ont permis d’améliorer les performances énergétiques de leur logement lorsqu’ils ont été réalisés par un professionnel, contre 52 % pour ceux dont les travaux ont été effectués seuls ou avec des proches. Une différence qui souligne là encore le besoin « absolument crucial » [Gaëtan Ovigneur] de la bonne formation des acteurs du BTP, qui restent les interlocuteurs privilégiés des propriétaires dans leurs actions de réhabilitation. 

Aussi, sur le volet de l’accompagnement, les sentiments divergent. On apprend dans l’enquête présentée à RenoDays que 64 % des professionnels se déclarent suffisamment informés sur les programmes d’aides pour les expliquer à leurs clients… tandis que seuls 39 % des propriétaires se disent assez au courant sur ces mêmes programmes d’aides existants. Comme le rappelle Franck Le Nuellec, « nous sommes passés de l’ère du produit à l’ère du service ». Cela signifie qu’aujourd’hui, ce qui déclenche l’acte d’achat pour un ménage, est principalement le confort ! Pour le dire de façon familière, être au chaud l’hiver et au frais l’été. Le professionnel doit donc « intégrer cette notion de service et d’usage dans son approche », ce qui passe principalement – là encore – par une formation adaptée. 

En guise de conclusion, deux sujets font pour leur part consensus entre tous les répondants : la proposition de créer un label local adapté au territoire, et la nécessité d’avoir des ambassadeurs de la rénovation énergétique dans la nouvelle génération des artisans. Ces deux idées sont plébiscitées par les professionnels comme par les propriétaires, et indiquent que les solutions existent. Il suffit d’aller les chercher chez ceux qui incarnent l’avenir du secteur – les jeunes – et leur offrir un système de formation adaptée aux grands enjeux à venir. 


Lire aussi : Toutes les données clés de l’apprentissage dans le BTP en quelques clics. 

 

*Sondage réalisé du 19 juin au 31 août 2023 à partir d’un questionnaire auto administré en ligne auprès de 1 775 répondants : 406 Professionnels du BTP, 497 particuliers grand public et 1 195 propriétaires,  dont 323 répondants issus de l’échantillon grand public. 

Partager :