Les Trophées de l'innovation du WinLab' : paroles d'anciens lauréats ! Épisode 1

Les Trophées de l'innovation du WinLab' — l'incubateur du CCCA-BTP — viennent récompenser des apprentis et des CFA sur tout le territoire français, via des critères tels que l'attractivité, le décloisonnement, l'évolution des métiers... Avant de retrouver une nouvelle édition du concours en 2023, place au témoignage des gagnants de l'édition passée. 
 

Le CFA de Méjannes les Alès (Gard), lauréat du Prix « CFA de demain ». 

Pouvez-vous présenter votre établissement en quelques phrases ? 

Emilie, Hébrard, formatrice : Le CFA BTP de Méjannes-lès-Alès est situé dans le Gard et compte environ 300 apprentis dans le bâtiment. Nous y formons de futurs maçons, peintres, carreleurs et plombiers, en suivant nos cursus de CAP et de BP, en passant par la mention complémentaire. 

Pourquoi avoir souhaité participer aux Trophées de l’innovation ? Quelle est la spécificité de votre CFA ?

EH : Si nous avons proposé notre candidature au trophée de l'innovation Winlab, c'est que nous voulons défendre nos convictions. Notre projet est de former des jeunes en toute bienveillance et en favorisant le plus possible la culture et l'ouverture.

Notre équipe pédagogique est soudée et défend de fortes convictions dans le domaine de la formation non seulement professionnelle mais aussi personnelle. Notre projet, c’était : « Artistes et artisans, le CFA fait son bouillon de culture. » C’est le projet de tout un établissement, de toute une équipe de bâtisseurs, qui a fait le choix de regarder un problème en face, un constat que nous faisons tous : il est de plus en plus difficile d’apprendre aux jeunes, de les ouvrir à l’autre. Pourtant, cette ouverture est primordiale pour cultiver des liens humains et s’insérer dans un monde toujours plus cloisonné, numérisé, où l’individuel l’emporte sur le collectif.

Notre projet est donc de faire entrer l’art et la culture dans notre CFA, et nous le concrétisons avec, depuis plus d’un an, l’ouverture de notre résidence d’artiste. Le principe ? un artiste (peintre, écrivain…) vient séjourner au CFA pour s’inspirer (notre cadre est verdoyant et ressourçant !) et faire des rencontres, et de ces échanges naissent des réflexions et une ouverture inédite sur la culture, de l’intérieur. Une vraie culture de l’humanité et une véritable opportunité, quand on sait qu’une rencontre peut changer une vie !

Quelle a été votre expérience du concours ? Que vous a-t-elle apporté et quels conseils donneriez-vous aux futurs candidats ?  

EH : Quand j’ai entendu parler du concours, j’ai tout de suite accepté de mener le projet. Cela me semblait tout naturel de choisir une équipe entièrement constituée d’apprentis, ils sont les mieux placés pour en parler.

Avec quatre jeunes de CAP, nous avons pris connaissance du cadre du concours et ils ont été présents à toutes les étapes du processus, nous avons tout pensé et réalisé ensemble étape après étape. Nous avons gagné le prix « CFA de Demain », mais nous aurions pu gagner celui de la plus jeune équipe, je crois que nous étions les petits poucets du concours, à côté de cadres, de jeunes actifs de start-ups, de membres de direction, de formateurs. Cela nous a rendu fiers.

Cette expérience nous a montré que si l’on ose se lancer dans un projet, on peut se dépasser, une vraie leçon de vie. Alors, mon conseil : soyez vous-même et soyez créatifs !

Un autre candidat ou lauréat qui vous a marqué en particulier ?  

EH : Pierre Thorel nous a particulièrement marqué, un jeune qui nous inspire et nous fait réfléchir ! Il est issu d’une toute nouvelle génération de « bâtisseurs » connectée, accessible et si communicante. Un jeune passionné qui nous transmet son énergie. 

Quels sont vos projets à court et long terme ?  

EH : Nous avons encore beaucoup à faire, notamment avec la lecture, le cinéma. Les jeunes ont besoin de liens humains pour trouver leur voie, et tout simplement être heureux. Alors que ce lien sociétal est de plus en plus souffrant. Beaucoup de jeunes n’ont plus d’interaction, restent dans leur coin, absorbés par leurs écrans. Notre problématique : le vivre-ensemble.

Comment faire pour retrouver le plaisir d’être vraiment avec l’autre, d’apprendre DE l’autre et AVEC l’autre? Que voulons-nous pour demain ?

Notre réponse, c’est l’humain. Prenez un journaliste, son parcours chaotique qui le mène vers l’écriture : il nous apprend la liberté de la presse, l’importance du mot. Prenez un musicien autodidacte, son parcours le mène sur scène, son énergie nous transporte à coup de notes. Prenez un comédien, un illustrateur, des conteurs… ces artistes sont tous venus au CFA, et d’autres viendront encore à Méjannes. Le résultat ? Des jeunes qui ne voient pas passer la journée et se surprennent en étant capables d’écrire, de jouer, de slamer, qui prennent confiance en eux et en l’autre, qui fonctionnent en équipe, qui manient les mots, les phrases. Jour après jour, on apprend à penser, à raisonner et l’artiste devient un ami, qu’on accueille, qu’on attend. Le planning de notre résidence d’artiste se remplit, et petit à petit on grandit, on se nourrit.

La culture et l’art participent à ériger tout un monde intérieur. C’est un mouvement perpétuel vers soi et vers les autres. Le bain culturel mène à l’émancipation et à l’esprit critique. La culture n’est pas une magie, elle ne résout pas tout, mais elle est un espace d’échanges et d’identification aux autres. « Ôtez la culture, il reste la bête »… La culture est tout, tout ce qui nous rend humains, pensants, elle crée des aspérités pour éduquer et apprendre. La défendre, c’est un VRAI travail de bâtisseur ! 

Pour conclure, le bâtiment a besoin de main d’œuvre, oui, mais il a aussi besoin d’hommes et de femmes capables de raisonner pour construire l’avenir. Aujourd’hui nous sommes fiers d’avoir trouvé une reconnaissance par ce trophée « CFA de Demain » qui reconnaît notre démarche innovante, mais ce n’est qu’un début !