Les gaz renouvelables, candidats solides dans le mix et la rénovation énergétiques 

Rédigé par

La rédaction C21

629 Dernière modification le 09/10/2023 - 10:56
 Les gaz renouvelables, candidats solides dans le mix et la rénovation énergétiques 


Interrogés lors de Renodays sur le rôle du mix énergétique dans la rénovation du patrimoine social et le développement des énergies renouvelables, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et Coénove, qui fédère un écosystème d’acteurs majeurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, sont revenus sur le contexte et les bénéfices des énergies renouvelables, et notamment du gaz vert. Décryptage. 


50 %. C’est la part colossale du parc immobilier d’Île-de-France qui pourrait être interdite à la location dans les années à venir, si rien n’est fait en termes de conformité énergétique. La loi Climat et Résilience de 2021, qui a replacé le diagnostic de performance énergétique (DPE) au cœur de la stratégie de rénovation en y ajoutant notamment un indicateur par bail, n’offre plus guère de répit aux passoires. Côté bailleurs et propriétaires, la pression s’accélère : si les biens dont la consommation dépasse 450 kWh/m²/an ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier 2023, les étiquettes G, F puis E auront elles aussi, sans actions significatives, du plomb dans l’aile aux échéances définies.

Sobriété en ligne de mire, l’inertie n’est pas permise. Portés par des objectifs d’amélioration du confort des habitants, de limitation des charges et de contribution à la neutralité carbone d’ici 2050, les acteurs du logement social – qui pèsent lourd sur l’échiquier immobilier (5,3 millions de logements locatifs sociaux en France selon le RPLS) – ont aujourd’hui tout à gagner du développement de la production d’énergies renouvelables locales pour upgrader leur étiquette. 

Le mix énergétique comme allié de la décarbonation et de rénovation du patrimoine social : à l’instar de la RIVP, 2e bailleur social parisien avec plus de 60 000 logements sociaux à Paris (près de 1 000 bâtiments), les initiatives s’accélèrent. « Et la planification est déjà bien engagée, témoigne Simon Molesin, directeur du patrimoine au sein de la régie. Le premier poste carbone étant la consommation d’énergie des logements devant les matériaux de construction, œuvrer à de meilleures performances des bâtiments constitue donc un enjeu à la fois économique, environnemental et social. Mais nous n’avons pas de doctrine en la matière et considérons que tous les vecteurs énergétiques peuvent avoir leur place selon le contexte, chaque situation faisant l’objet d’études pour déterminer la solution la plus adaptée en termes économiques et environnementaux. » 


Vers une sobriété choisie et « non subie »
Chez RIVP, dont les investissements s’élèvent à 100 millions d’euros par an (près de 1 000 logements) pour la rénovation du parc, celle-ci doit composer avec des contraintes architecturales parfois complexes mais aussi l’acculturation progressive des usagers aux écogestes. Des leviers qui s’avèrent payants : « Une opération de réhabilitation permet en moyenne 30 % d’économie d’énergie, ce qui représente environ vingt euros d’économie mensuelle par locataire », détaille Simon Molesin, pour qui la trajectoire doit d’abord être guidée « par des systèmes fiables, pérennes et faciles à entretenir », y compris pour réduire les coûts d’exploitation. Cogénération, chaudière gaz, pompe à chaleur, chauffage urbain… l’un des projets de la RIVP illustre actuellement la démarche, « un combo intéressant pour gagner des étiquettes énergétiques, toujours dans le respect du patrimoine », conclut Simon Molesin. 

Côté bailleur social, l’objectif est donc de lancer la dynamique de rénovation énergétique pour garantir des étiquettes A, B ou C sous réserve des contraintes du bâtiment. « Parmi ces vecteurs, les solutions gaz s’inscrivent de plus en plus dans le paysage pour accompagner la rénovation énergétique décarbonée, observe Jean-Charles Colas-Roy, président de Coénove. « Stockables, ces solutions se verdissent progressivement, donnant tout leur sens aux démarches de décarbonation du parc social et des copropriétés. » La tâche est immense, et le temps presse, alerte le responsable : « Aujourd’hui, seules 60 000 rénovations globales et performantes sont opérées par an, alors même que l’objectif tracé par la Stratégie nationale bas carbone en vise 400 000 par an d’ici à 2030, 700 000 au-delà ». Chez Coénove, la position est claire : « Cette difficulté ne doit pas nous pousser à trouver un palliatif en changeant le mode de chauffage avant d’avoir réussi à faire baisser les consommations par la rénovation. » 


"Le meilleur des deux mondes"
Sur le gaz, rien que dans le bâtiment, l’objectif serait en outre de passer d’une consommation actuelle de 240 TWh à 100 TWh en 2050, chiffre Jean-Charles Colas-Roy, qui en appelle toutefois à une sobriété choisie et non subie : « Car certes, on se félicite tous d’avoir baissé nos consommations de 12 % l’année dernière, mais cela s’inscrit dans un contexte où le prix des énergies, électricité et gaz confondus, a fortement augmenté. » Parmi les leviers de rénovation planchés collectivement, les chaudières mobilisent les attentions, ajoute Coénove, qui estime à 6 millions le nombre d’anciennes chaudières à upgrader afin d’engranger des économies d’énergie immédiates. « Appuyé sur le verdissement progressif du gaz et les objectifs de 100 % de gaz vert en 2050, ce secteur a tôt fait de contribuer à la très haute performance énergétique attendue dans ce domaine, ajouté à l’hybridation des systèmes », souligne Jean-Charles Colas-Roy.  Le « meilleur des deux mondes » qui pourrait s’incarner, ajoute-t-il, « par une pompe à chaleur électrique justement dimensionnée, dans un bâtiment rénové, associée avec une chaudière à gaz verts, qui vient rendre des services au réseau notamment lors de la pointe hivernale. C’est ça aussi, l’avenir des systèmes énergétiques ».

Nul doute que les portes du bâtiment s’ouvrent pour le gaz vert, nourrissant les ambitions et les innovations en matière de production et de systèmes énergétiques. En 2050, toutes les filières seront productrices : pyrogazéification pour 90 TWh, gazéification hydrothermale (50 TWh), méthanation (50 TWh) et méthanisation (130 TWh), soit au total un gisement renouvelable évalué à 320 TWh. « On parle ici d’économie circulaire, de ressources nouvelles pour les agriculteurs, d’énergie produite localement… autant d’atouts pour la filière énergétique française », note Coénove, qui milite en parallèle pour la baisse de la TVA sur le biométhane, actuellement fixée à 20 % : « Réduire le taux à 5,5 %, à l’instar des réseaux de chaleur, permettait aux clients d’accéder à une offre de gaz vert beaucoup plus compétitive. » 

Partager :