Construction bois de moyenne et grande hauteur : où en est-on ? 

Rédigé par

Congrès Woodrise

1443 Dernière modification le 11/04/2023 - 09:39
Construction bois de moyenne et grande hauteur : où en est-on ? 


Une dynamique mondiale

Le bois ne se cantonne plus à la maison individuelle et s’élargit à d’autres segments, dont la construction bois moyenne et grande hauteur. Ainsi, au cours des dernières années, le nombre de projets ambitieux, dans le cadre desquels le bois a su démontrer sa capacité à répondre aux exigences de cette typologie de bâtiments, n’a cessé de croitre à travers le monde.

Tour d’horizon de la construction bois de moyenne et grande hauteur à travers le monde...

En Europe, avec l’exemple de la France :

En Europe, le développement de la construction bois de moyenne et grande hauteur poursuit sa progression avec des projets emblématiques, associant les atouts environnementaux du bois, à ceux des bâtiments multi-étages, réponses à la densification urbaine. 

Parmi ces projets emblématiques, les deux tours bordelaises, sur le territoire géré par l’EPA Bordeaux Euratlantique : 

  • La Tour HYPERION, développée par Eiffage Immobilier Sud-Ouest, avec le concours de Woodeum, conçue par Jean-Paul Viguier & Associés.

Modèle de construction bas carbone, la Tour HYPERION, est située à proximité de la gare Saint-Jean. Livrée en 2021, elle culmine à 50 mètres de hauteur et comprend 17 étages. 

  • La Tour SILVA, développée par Kaufman & Broad, conçue par BELLECOUR architectes et Art&Build.

La Tour SILVA se distingue par sa grande sobriété architecturale, sa transparence, sa capacité d’évolution et sa technicité. Elle est haute de 50 mètres et comprend 18 étages.

L’exemple du Canada :

La construction bois a toujours été particulièrement présente au Canada, pays forestier par excellence. Au début du XXème siècle et jusqu’aux années 1950, on y construit même des bâtiments de bois massif jusqu’à 9 étages.

Puis, pour ce type d’ouvrages, les acteurs du secteur délaissent le matériau, au profit du béton armé et de l'acier. Mais depuis quelques années, avec la prise de conscience environnementale croissante, l’évolution des technologies numériques facilitant la simulation et ainsi, la conception des 
ouvrages, les progrès réalisés dans la transformation du matériau, l’utilisation du bois massif dans des structures hautes et de grande superficie, réapparait.

Le bois est à nouveau plébiscité pour les bâtiments de grande hauteur. De 2013 à 2017, une Initiative de Démonstration de Bâtiments en Bois de Grande Hauteur (IDBBGH) a d’ailleurs été menée pour « mettre en valeur l’application, la faisabilité et les avantages environnementaux des solutions structurelles novatrices à base de bois dans la  construction de bâtiments de plus de 10 étages ».

L’IDBBGH a contribué à faciliter l’acceptation et le développement de la construction bois de grande hauteur au Canada et aux Etats-Unis, comme l’illustre une infographie issue du document « Initiative de démonstration de bâtiments en bois de grande hauteur », disponible sur le site du Gouvernement du Canada.

L’IDBBGH a également contribué à faciliter la réalisation de deux bâtiments de démonstration : le Brock Commons Tallwood House (18 étages, 54 mètres, plus haut immeuble hybride en bois massif au monde, lors de son achèvement en septembre 2017) et les Ecocondos Origine (13 étages, 40,9 mètres, plus haut immeuble en copropriété tout en bois en Amérique du Nord, lors de son achèvement).

Enfin, le programme a permis de financer l’élaboration d’un guide technique pour la conception et la construction de bâtiments en bois de hauteur au Canada. Réalisé par FPInnovations en 2014 et mis à jour en 2022, ce guide vise notamment à surmonter les difficultés liées à la conception et à la construction de bâtiments en bois massif de grande hauteur. 

En Asie, avec l’exemple du Japon :

Au pays du Soleil Levant, la construction de grande hauteur s’est beaucoup développée, permettant de répondre aux enjeux démographiques et urbanistiques, tout en contribuant à une meilleure empreinte au sol. C’est tout particulièrement le cas à Tokyo. Là, parmi les immeubles de grande hauteur, souvent en structure acier, commence à apparaitre le bois, jusqu’à présent plutôt dédié aux ouvrages traditionnels, bâtiments de 
petite ou moyenne hauteur et un grand nombre de résidences individuelles. 

Fort d’une évolution récente en matière de réglementation sur la sécurité incendie, ce matériau commence aussi à se développer sur de la grande hauteur, permettant une convergence entre tradition architecturale japonaise et exigences de la ville moderne.

Plusieurs villes japonaises se sont par ailleurs engagées dans le développement des immeubles bois. C’est par exemple le cas de Kyoto, où a été organisée l’édition 2021 du Congrès WOODRISE, ou de Maniwa, engagée dans le développement des immeubles bois en CLT issus du bois local.

Les bâtiments bois de moyenne et grande hauteur se développent ainsi à l’échelle mondiale, plus ou moins rapidement, répondant à différents enjeux, s’inscrivant dans différents cadres réglementaires, etc. 

Mais quelles que soient ces disparités propres à chaque pays, les réponses techniques et sociétales apportées par la construction bois de moyenne et grande hauteur, les leviers qu’elle permet d’activer, sont souvent semblables.

Les réponses de la construction bois de moyenne et grande hauteur

Les atouts des immeubles bois de moyenne et grande hauteur, qu’ils soient liés au matériau bois et / ou aux dimensions des ouvrages, permettent d’apporter des réponses pertinentes aux enjeux sociétaux et environnementaux de la filière construction :

Contribuer à la lutte contre le changement climatique dans le cadre d’une dynamique bas carbone :

Séquestration de carbone, par la biomasse, dans les écosystèmes forestiers ; stockage de carbone dans le bois, en forêt et dans les produits bois, tout au long de leur cycle de vie ; substitution matières et énergies fossiles... : le matériau bois est un levier d’action particulièrement efficace pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, tel que fixé, en France par exemple, par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC).

La filière forêt-bois française est dans ce contexte mobilisée pour accompagner l’essor responsable de l’usage de ce matériau. Une stratégie de gestion forestière nationale a été mise en place pour assurer la pérennité et la vitalité des forêts, afin de conserver leur fonction de puits de carbone. Un travail sur l’adaptation des forêts au changement climatique a également été entrepris, à travers des stratégies de boisements et reboisements de peuplements dégradés ad hoc, adaptation des essences, etc.

A cet égard, le caractère pionnier et novateur de la RE 2020, en particulier sur le volet carbone, sera notamment mis en exergue lors du Congrès. Les participants étrangers, toujours vivement intéressés par les partages d’expériences mutuels, attendent particulièrement ces retours sur la RE 2020.

Cet enjeu du bois dans la trajectoire bas carbone est en effet également important aux échelles européenne et mondiale. A cet égard, WOODRISE s’inscrit pleinement dans les politiques publiques internationales, comme récemment exprimé lors du récent One Forest Summit, avec l’articulation entre construction bois et valorisation forestière européenne avec le New Bauhaus et la présence comme intervenante de Ruth REICHSTEIN, de la Commission Européenne et nationale.

Répondre aux enjeux urbanistiques et démographiques, tout en limitant 
l’artificialisation des sols :

En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. Cet étalement urbain génère de nombreuses nuisances, en termes d’environnement et de biodiversité, mais aussi de dépenses liées aux réseaux, de pertes de surfaces agricoles, etc.

Pour y remédier, un Objectif Zéro artificialisation nette a été fixé. Au cœur du Plan biodiversité, cet axe, visant à limiter la consommation de nouveaux espaces, implique de repenser l’acte de construire et d’urbaniser, en favorisant notamment des opérations et ouvrages plus compacts en termes d’emprise au sol. 

La ville doit ainsi se repenser en hauteur, pour privilégier la densification à l’étalement urbain, tout en associant performances énergétiques, impact environnemental maitrisé, confort de vie optimal et qualité esthétique. De ce point de vue, la construction de moyenne et grande hauteur est une réponse 
pertinente.

Satisfaire aux modèles et exigences de l’économie circulaire : 

Accessible localement en France et dans beaucoup d’autres pays du monde, le bois est compatible avec une logique de circuits courts et donc de création d’emplois dans les territoires. 

Son utilisation dans la construction permet de créer de la valeur à tous les stades du cycle de vie.

Faciliter les constructions :

La consistance souple et légère du bois permet de construire des ouvrages sur tous les types de terrains, facilite son transport et sa mise en œuvre. Au-delà, ce matériau permet de réduire les nuisances sur chantier, en termes de bruit, de poussières, etc. 

Répondre aux attentes des usagers :

Régulation de l’humidité de l’air, hygrométrie, confort thermique et acoustique, diminution du stress et sensation d’apaisement, dimension esthétique particulièrement appréciée et plébiscitée, etc. : au-delà de ses performances techniques, le bois présente également de nombreux atouts en termes de confort.

Plusieurs projets de recherche se sont intéressés à ces aspects liés au bien-être dans les immeubles bois, dans une dynamique d’objectivisation. Pour exemples : 

  • Le projet européen « Silent Timber Build », dédié à l’isolation acoustique et vibratoire des constructions en bois ; 
  • Le Smart Wellness Experience Pavilion, projet de recherche sur le lien entre logement sain et mode de vie sain, avec comme thème de recherche central la relation entre le bois et le bien-être des personnes vivant dans les maisons (projet soutenu et réalisé par l’Université Keio, la Ville de Yokohama et Nice Corporation) ;
  • City Zen Wood, étude sur les liens entre bois, confort et santé, menée par FCBA en novembre 2020, financé par France Bois Forêt et le CODIFAB
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