La fin du thermique menacée ?

3396 Dernière modification le 10/04/2024 - 10:00
La fin du thermique menacée ?

Pendant que certains pays de l'Union européenne travaillent à la décongestion automobile, les constructeurs poussent pour un report de la fin du thermique. En matière d'électrification, le France est en retard.

Strasbourg dispose de 600 km de pistes cyclables, 6000 vélos en libre-service et 19 000 arceaux de stationnement. Elle est la ville française la plus adaptée au vélo et apparaît régulièrement au classement des villes les plus cyclables d’Europe. Mais pourquoi ?

Pourquoi Strasbourg est la championne des villes cyclables en France ?

Focus sur sa politique cyclophile :

  •  Un bon réseau : avec ses 600km d’itinéraires cyclables, la ville séduit autant les touristes que les habitants au quotidien. Le réseau, large et sécurisé, couvre l’ensemble de la ville, de l'hypercentre à la périphérie. Et Strasbourg voit encore plus grand. La métropole travaille sur le projet “ring” cyclable. Attendu pour 2026, ce dispositif prévoit d’étendre les liaisons rapides entre les communes.
  • Des infrastructures adaptées : afin de lutter contre les vols de vélo, la ville met à disposition des usagers des VéloParcs, pour stationner les vélos en toute sécurité. Par ailleurs, certains parkings pour voiture mettent à disposition des places gratuites et surveillées pour les vélos.
  • Une politique de partage assumée : Avec Vélhop, l’Eurométropole propose une location de vélo à la carte. Destinée à tous les publics, l’offre de Vélhop est complète (tandems, vélos cargos, électriques, ou pour les personnes en mobilité réduite…) et modulable : que ce soit pour une heure ou pour un an, les usagers peuvent opter pour la solution qui leur convient le mieux. La ville mise sur des bornes automatiques et des boutiques, dont certaines mobiles. Une façon de couvrir les quartiers de première et deuxième couronne.
  •  Des événements réguliers : Pour encourager les habitants à l’utilisation du vélo, Strasbourg organise régulièrement des événements comme des journées sans voiture ou des journées de sensibilisation.


L’Europe et ses navettes fluviales

Londres, Rotterdam, Anvers… Plusieurs villes du nord de l’Europe ont passé le cap de la navette fluviale et le succès est au rendez-vous.

  • A Londres par exemple, qui travaille son dispositif depuis 1999, on compte 4 millions de passagers par an. Pour encourager l'intermodalité, les lignes fluviales desservent des stations de métro et des gares. Un dispositif qui permet aux usagers de passer du fleuve aux rails sans difficultés. 
  • Même constat à Anvers, qui expérimente les navettes depuis 2017, et compte près de 2 millions d’usagers depuis.

 
Stockholm et l'interdiction des voitures thermiques

A compter du 31 décembre 2024, Stockholm sera la première grande métropole à bannir les voitures thermiques de son hypercentre. L’objectif : réduire la pollution de l’air et les nuisances sonores. La zone d’interdiction, concentrée sur des secteurs clefs, devrait s’élargir à l’horizon 2025.

 Pendant ce temps-là, la grogne des constructeurs automobiles sur la fin du thermique gagne les instances européennes.

 Les États membres, qui avaient voté la fin de la production de voitures neuves thermiques d’ici 2035, doivent composer avec l’industrie automobile, qui réclame un délai. Dans les colonnes d’Auto Plus, Luca de Meo, CEO du groupe Renault, espère « que l'interdiction s'appliquera un peu plus tard, parce nous ne serons pas capables de la faire sans endommager toute l'industrie et toute la chaîne de valeur de l'automobile européenne. »

La mesure, qui s’inscrit dans le Plan Climat soutenu par les 27 pays de l’Union Européenne, vise à augmenter la part de véhicules électriques sur les routes.

Les entreprises ne jouent pas le jeu de l’électrification

Mêmes freins du côté des entreprises. 60% de celles équipées d’un parc de plus de 100 véhicules n’ont pas électrifié suffisamment leur flotte, révèle l’ONG Transport & Environment.

Parmi les mauvais élèves, Carrefour, SCNF ou Air Liquide comptent, début 2024, 1% de voitures électriques (hybrides rechargeables et électriques) sur les 10% imposés par la loi d’Orientation des Mobilités. Le pourcentage passe à 20% en 2024.

« Il n'y a aucune sanction et aucun contrôle actuellement », regrette Léo Larivière, porte-parole de Transport et environnement. Pour accélérer la prise de conscience et le verdissement des parcs automobile, l’ONG appelle à une évolution de la réglementation et encourage les parlementaires à imposer plus de contraintes et de sanctions.

En matière d’électrification des flottes automobiles, la France est en retard : avec 15,9% de voitures électriques, elle arrive loin derrière la Norvège et ses 83,4%. L’Islande (42,1%) et la Suède (38,7%) complètent le trio de tête.

Partager :