La filière du béton vent debout pour promouvoir la préfabrication

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

405 Dernière modification le 18/04/2024 - 11:30
La filière du béton vent debout pour promouvoir la préfabrication

La Fédération de l'Industrie Béton (FIB) a récemment lancé la campagne collective d’information « Préfabrication béton, le Bon calcul » pour valoriser et massifier ce mode constructif comme solution à l'atteinte de la Stratégie Nationale Bas-Carbone

Mardi 16 avril 2024, la filière du béton organisait un point presse dédié à la construction hors-site. Dans un contexte où les prévisions de volume pour ce matériau sont à la baisse — -20% prédits pour l'année 2024 — et où les acteurs du BTP sont soumis à une réglementation environnementale toujours plus stricte (à juste titre), le béton préfabriqué serait ainsi un levier de développement et de décarbonation à ne pas négliger. 

Mais à ce jour, ce mode constructif n'est pas encore massifié dans le secteur, inconnu de nombre d'acteurs et non employé par d'autres. Pour Christian Jacob, directeur marketing chez STRADAL, ce fait s'explique en partie par le poids des habitudes et des disparités régionales persistantes. Pour rappel, aujourd'hui, la préfabrication béton, ce sont 461 entreprises pour 696 sites de production sur le territoire français. Plus de 60% du CA est concentré sur le secteur du bâtiment, et le reste pour les travaux publics et le génie civil. La consommation estimée de ciment en France métropolitaine à destination de l’ensemble des produits préfabriqués en béton est de 2 680 milliers de tonnes, ce qui représente 14% de la consommation globale*.

Des chiffres remis en perspective par la FIB, qui affirme que pour ce mode constructif, la France a une large marge de progression et présente toujours un certain retard par rapport à nombre d'autres pays européens. 

*source BIBM.


De nouvelles armes de communication pour le béton

Communiquer pour massifier, voici tout l'objet de la campagne « Préfabrication béton, le Bon calcul » pour un chantier optimisé, dévoilée ce jour par la FIB. Menée avec l’appui technique et scientifique du CERIB, cette action de communication multi-canaux (digital et print) sera valorisée par des webinaires dédiés auprès des professionnels, mais aussi un road show en régions animés par ses représentants. 

Sur le contenu, la campagne prend appui sur cinq piliers, chacun représentant un atout du béton préfabriqué : la création de systèmes moins carbonés en adéquation avec la transition environnementale, une frugalité et une gestion optimisée des ressources, le souci de la performance et la garantie de la pérennité, l'ancrage local de l'industrie béton et la rapidité et sécurité d’exécution permises par la préfabrication. 

À noter également que la Fédération de l'Industrie du Béton a lancé en interne auprès de ses adhérents à la fin du mois de décembre la troisième édition des Trophées de la préfabrication béton. L'idée ?  Effectuer une démonstration de ce qui peut se faire de mieux en la matière, et fédérer toujours plus la profession autour de modèles communs. La remise des prix aura lieu le 6 juin prochain. 

Un mal-aimé qui défend ses points d'intérêts 

Ce qui nous intéresse bien sûr en premier lieu dans la campagne de la FIB ? Les arguments en faveur des aspects vertueux de cette ressource lorsqu'elle est déployée en hors site. Pour Lionel Monfront, directeur Produits Marchés au CERIB, ce matériau souvent décrié par le secteur s'inscrit pourtant bel et bien dans la stratégie nationale bas carbone du pays et à la RE2020. Cela notamment au travers de l'économie de matière permise par le béton, mais aussi via l'emploi de ciments à moindre quantité de clinker, les compléments en produits agro-sourcés (granulats végétaux, chanvre, lin…) et autres liants biosourcés qui permettent d'atténuer le bilan carbone de l'ensemble, ou encore les bonnes performances de cette ressource en matière d'inertie, offrant un confort d'été intéressant — l'une des dernières préoccupations clés en matière de réglementation dans le bâtiment. 

Ont été valorisées également en ce 16 avril les boucles courtes et le circuit local permis par le béton, dont l'utilisation requiert des matières premières abondamment présentes sur le sol français et ainsi à proximité souvent immédiate des livraisons sur chantier. 

De l'avantage de préfabriquer

Outre les caractéristiques et la composition même de la matière première, le mode constructif employé a toute son importance. Christophe Lagrange, directeur de l’offre chez ALKERN, donne l'exemple d’une éco-crèche dans la ville du Creusot. Sur ce chantier, au lieu de couler du béton sur le sol comme il est d'usage, le choix a été fait d'employer des poutrelles combinant reprise de fortes charges et grandes portées sans étais, ce qui a permis une économie de 26 camions toupie, soit 23 tonnes de CO2 ! Au total, la quantité de béton amenée sur chantier a été divisée par deux, pour une réduction d’environ 40% de l’impact carbone (ce qui répond aux objectifs de la RE2020). Le message ? Des solutions constructives plus vertueuses sont disponibles dès à présent et à grande échelle, sans même présenter de surcoût pour la filière. 

Autre exemples de pratiques intéressantes en termes d'impact environnemental ? Passer de voiles pleins à des voiles en blocs béton de différentes résistances selon les niveaux du bâtiment, ou encore troquer une dalle pleine contre une dalle alvéolée.

Plus largement, la préfabrication offre la possibilité d’anticiper et avoir une réflexion en amont des travaux, pouvant être mise au service des enjeux écologiques et énergétiques du chantier. Notons enfin que ce mode constructif permet aussi de répondre à l’enjeu (grandissant) du cycle de l’eau, via notamment des pavés de béton infiltrants et drainants en voirie.

L'enjeu désormais : communiquer largement ces différents atouts auprès des acteurs du secteur pour aller enfin vers une massification des pratiques. 

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