Journée contre la précarité énergétique : 12 millions de ménages français concernés

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1048 Dernière modification le 23/11/2023 - 11:08
Journée contre la précarité énergétique : 12 millions de ménages français concernés

 

La troisième Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique a lieu ce jeudi 23 novembre 2023. Le point sur un fléau qui prend de l'ampleur en France, et sur les solutions à appliquer pour l'éradiquer.

24 organisations sont mobilisées dans cette journée de lutte contre la précarité énergétique (pilotée par la Fondation Abbé Pierre), un rendez-vous instauré pour la troisième année consécutive dans le but de mettre ce fléau sur le devant de la scène. 

Au programme ? Des séminaires, des émissions de radio dédiées, des événements culturels, des interventions sur des salons... Les interventions varient — on en compte au total 170 cette année —, mais poursuivent toutes un seul objectif : sensibiliser pour aider les ménages les plus en difficulté sur la question de l'efficacité énergétique de leur logement. 

Cette journée est l'occasion de faire le lien entre la question sociale du mal logement et la question environnementale de la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre.


Jean-François Julliard, Directeur général de Greenpeace France

 

Ce que l'on retient cette année ? Tous les indicateurs de la précarité énergétique sont malheureusement à la hausse. Aussi, selon les derniers chiffres du Médiateur national de l'énergie, en 2023, 31% des Français ont eu du mal à payer leurs factures d'énergie (contre 18% en 2020). D'autre part, 26% déclarent avoir eu froid chez eux au cours de l'année (contre 14% en 2020). Au total, on estime que 12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique en France aujourd'hui.

En cause, la hausse constante des prix de l'énergie, couplée en 2023 à la disparition de certains aides telles que le chèque énergie exceptionnel ou le bouclier tarifaire. La Fondation Abbé Pierre, lors de son point presse du 7 novembre dernier, appelle donc à un triplement du montant du chèque énergie et à un élargissement de ses bénéficiaires. L'organisation a également rappelé son combat de longue haleine contre les coupures d'énergie, désormais remplacées chez EDF par des réductions de puissance. Reste encore à inscrire cette « nuance » qui a toute son importance dans la loi.

Par ailleurs, si la question des passoires thermiques est au centre de la problématique, une autre se pose désormais, directement liée aux bouleversements climatiques planétaires : celle des bouilloires thermiques. Car oui, si les foyers les plus fragiles grelottent chez eux l'hiver, ils suffoquent également l'été. Cette forme émergent de mal-logement mérite donc d'être prise en compte dans les politiques publiques de rénovation du parc immobilier. La Fondation appelle entre autres à instaurer des coup de pouce financiers spécifiques pour des travaux de confort d'été (protections solaires, ventilateurs...)

Plus largement, comme l'indique Jean-François Julliard, Directeur général de Greenpeace France, que nous avons rencontré dans les locaux de la Fondation Abbé Pierre, « la proposition clé, c'est d'accélérer sur la rénovation performante des logements ». Des rénovations globales nécessaires, mais coûteuses, pour des propriétaires qui n'en ont pas toujours les moyens. Il est donc nécessaire de réduire le reste à charge de ce type d'opération. 

Quelques éléments encourageants ont tout de même été soulignés par la Fondation Abbé Pierre lors de son point presse du 7 novembre. En 2024, le système des aides à la rénovation énergétique sera simplifié. Ces dernières seront fusionnées pour atteindre des montants bien plus importants sur des opérations de rénovation globales : jusqu'à 63 000 € avec le dispositif MaPrimeRénov’ Performance. On note également l'existence de dispositifs porteurs d'accompagnement des collectivités tels que le programme Slime, porté par le Cler, et présenté ce jour par Laure Curvale, Élue du conseil départemental de Gironde. 

Il y a de l'espoir, donc, mais encore énormément de chemin pour sortir les ménages français de la précarité et lutter contre la double problématiques de « la fin du monde et la fin du mois » [Léana Msika, Responsable des affaires publiques chez Dorémi].

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