Initiative mondiale pour la résilience climatique et la durabilité de la construction

Rédigé par

Hanane El Hayek

Responsable Domaine Finance durable et territoires

468 Dernière modification le 12/04/2024 - 10:00
Initiative mondiale pour la résilience climatique et la durabilité de la construction

Le Climate and Buildings Global Forum à Paris a réuni les parties prenantes de l'industrie pour aborder de défi du changement climatique en discutant des difficultés et des solutions potentielles du secteur du bâtiment.


Le changement climatique représente une menace existentielle pour l'humanité, et le secteur du bâtiment émerge comme un contributeur significatif aux émissions de gaz à effet de serre, et donc joue un rôle conséquent dans la réduction des émissions et la promotion de l'efficacité énergétique. A cette heure, 50% des bâtiments pour 2050 restent à construire, dont 80% dans le Sud Global et le secteur de la construction emploie aujourd’hui 7% de la main-d'œuvre Mondiale; le secteur peine à atteindre les objectifs climatiques. La déclaration de Nick Mabey, "Nous sommes sur un tapis roulant allant dans la mauvaise direction", souligne cette trajectoire préoccupante.

Principaux défis du secteur

Les interventions du Climate and Buildings Global Forum mettent en lumière des défis complexes qui requièrent une attention immédiate. Un obstacle majeur réside dans la compréhension limitée des enjeux climatiques, entravant le degré de préparation du marché mondial. Cette difficulté est exacerbée par des complexités financières résultant de structures de financement complexes, de fonds limités, et de la nécessité de connaissances spécifiques, de renforcement des capacités et d'amplification. L'appel à réinventer les chaînes d'approvisionnement et à considérer la chaîne de valeur souligne davantage l'un des défis complexes du secteur. En particulier, les disparités Nord-Sud posent d'importants obstacles. Le Nord global réclame des rénovations rapides, mettant l'accent sur les aspects environnementaux et sociaux, tandis que le Sud global lutte avec l'impératif de logements abordables, écologiques et résilients. Le secteur fait face à un besoin extrême de répondre aux marchés émergents, notamment dans le Sud global. De plus, il y a un appel pressant pour répondre à un programme civil complet, intégrant la résilience, la décarbonation, l'efficacité énergétique et les considérations sociales. Les décideurs jouent un rôle crucial, nécessitant des cadres fiscaux et réglementaires communs. Enfin, garantir la préparation du marché et favoriser le capital humain émergent comme des composants impératifs pour surmonter ces défis et orienter le secteur du bâtiment vers un avenir durable.

Interventions de l'IFC (International Finance Corporation)

Avec pour objectif d’atteindre 40% d'investissements climatiquement positifs d'ici 2050, les interventions de l'IFC visent à remédier à la pénurie de logements, à influencer les choix individuels et à se concentrer sur la résilience. L'IFC a également souligné la nécessité de créer un équilibre solide entre l'offre et la demande dans l'industrie des bâtiments verts et la nécessité de fournir une valeur différenciée pour rendre les investissements attrayants. Ommid Saberi, responsable mondial des bâtiments verts, a exprimé la nécessité d'un changement de mentalité, préconisant une approche équilibrée entre la quête de la perfection et l'inactivité. Mettant l'accent sur des changements incrémentiels, il a affirmé une préférence pour un portefeuille global, adoptant une approche 80/20 pour amplifier l'impact global. Initiatives de l'UNDRR (United Nation Office for Disaster Risk Reduction).

Des initiatives au niveau local sont impératives pour cultiver la résilience, en particulier dans le secteur de l'assurance, où certaines régions deviennent inassurables. Cela souligne l'urgence de mesures d'adaptation et de résilience. Renforcer la responsabilité légale et réglementaire est essentiel en pratique, et les investissements doivent respecter des prérequis. Identifier la vulnérabilité, prioriser l'action et se concentrer sur l'infrastructure résiliente sont des composants cruciaux. De plus, renforcer la collaboration internationale est nécessaire pour élever la résilience mondiale.

Rôle de l'IRENA dans la décarbonisation

L'IRENA (International Renewable Energy Agency) a souligné les opportunités de décarboner le secteur grâce aux énergies renouvelables. Les plans d'action pour la finance, la résilience et l'énergie, ainsi que les codes et normes harmonisés, ont été mis en avant comme des éléments clés. Le rôle des fournisseurs tiers dans le renforcement des capacités et la vérification pour la prestation a été souligné.

Intensification de l'action en Afrique

La focalisation sur l'investissement en Afrique via un processus ESG pour le logement abordable a été discutée. Avec un déficit de 53 millions de logements, d'une valeur estimée de 150 milliards de crédits carbone, et de trillions d'investissements dans les infrastructures, l'Afrique nécessite une attention particulière des banques de développement et un appel à des stratégies de financement mixtes pour relever efficacement les défis climatiques et sociaux.

Stratégies d'assurance

Les discussions sur l'assurance lors du Climate and Buildings Global Forum à Paris ont souligné la nécessité de stratégies proactives en raison de l'augmentation significative des pertes, passant de 126 milliards de dollars entre 1990 et 1999, à 290 milliards de dollars de 2010 à 2020. L'importance des modèles de prévention et des partenariats publics-privés a été mise en avant, mettant l'accent sur l'impact des choix comportementaux et la nécessité d'une relation prix-risque. Le rôle de l'assurance va au-delà de la protection de la résilience, le tarif des risques servant de signal crucial pour des efforts de gestion des risques évolutifs. En adoptant des stratégies préventives et en favorisant la collaboration, le secteur de l'assurance peut jouer un rôle crucial dans la gestion et l'atténuation des risques liés au climat à l'échelle mondiale.

Solutions clés

Les intervenants ont discuté d’un ensemble de solutions pour relever les défis du secteur du bâtiment dans le contexte du changement climatique. Un thème clé qui a émergé était la nécessité d'incitations, de flux financiers, de fonds privés et de financements mixtes pour soutenir des pratiques de construction durables. Cela inclut l'élimination progressive du financement des bâtiments non écologiques et l'accent mis sur des logements verts, résilients, auto-construits et abordables. Le renforcement des capacités et la mise à l’échelle des compétences par le biais d’un transfert mondial de connaissances et d'expériences, sont également capitaux pour aider à faire évoluer le marché, en particulier dans les pays sans règlementations sur les bâtiments. La collaboration, l'accélération et les outils d'agrégation ont été mis en avant, ainsi que la normalisation des politiques et le partage des erreurs pour en tirer des enseignements. Il est important de prendre en compte la chaîne de valeur et comment tout le monde peut en bénéficier, tout en répondant à un programme civil qui inclut la résilience, la décarbonation, l'efficacité énergétique et un programme social.

Pour réussir la transition mais surtout l’accélérer au niveau global, la création d'environnements favorables à la décarbonation, la montée en compétence des décideurs politiques et des populations sur les enjeux climatiques, et le partage des connaissances et d’expérience sont incontournables.

Concernant les approches à adopter, les solutions résident dans la promotion de partenariats internationaux publics-privés, la transparence, le partage des données pour co-construire un cadre commun avec une approche holistique basée sur des approches sur mesure existantes, testées, et qui fonctionnent bien, ont également été discutés en tant que solutions. Sur l’axe financer, il faudra intensifier l'action et s'attaquer aux trillions d'investissements nécessaires dans les infrastructures par les banques de développement. L’encouragement des investissements à zéro émission nette pour se concentrer sur des impacts réels, le changement de mentalité entre la perfection et ne rien faire sont aussi cruciaux pour créer un secteur du bâtiment durable.

Les interventions ont également souligné l'importance de se concentrer sur la résilience ; en initiant des réflexions sur la résilience au niveau du sol, la responsabilité légale et réglementaire, l’identification de la vulnérabilité aux risques climatiques, la priorisation de l'action et la concentration sur l'infrastructure résiliente.

Toujours sur la résilience, mais cette fois sociale, la planification, la sensibilisation, la création d'emplois, et le renforcement du capital humain sont des composantes qui contribuent à bâtir la résilience de la chaîne de valeur. Mieux planifier la résilience est avant tout un changement de mentalité important qui doit avoir lieu, accompagné d’une collaboration internationale qui s’appuie sur le partage d’expériences.

En résumé, le secteur a besoin d'une approche holistique, intégrée et complète pour relever les défis : un mélange d'incitations, de collaboration, de renforcement des capacités, et de politiques.

Combler les disparités climatiques, transformer le secteur du bâtiment pour la durabilité mondiale

La Déclaration de Chaillot, signée par des représentants de 70 pays, souligne la nécessité d'une transition rapide du secteur du bâtiment, en tenant compte des spécificités de chaque État, pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. La déclaration met également en avant la nécessité de coopération internationale, de coordination et de suivi pour assurer la mise en œuvre de ces engagements. Bien que les défis auxquels le secteur de la construction est confronté dans la lutte contre le changement climatique soient immenses, les solutions discutées lors du Climate and Buildings Global Forum à Paris fournissent une feuille de route pour l'action. La collaboration, l'innovation et la durabilité sont essentielles pour une transformation mondiale des pratiques de construction. En saisissant cette dynamique politique, nous pouvons avancer avec une vision commune, une détermination et la certitude que nous avons le pouvoir de faire la différence. Ensemble, nous pouvons construire un avenir durable pour tous.

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