Coup de frein pour la récupération des eaux de pluie

Rédigé par

Thierry RIESER

Gérant

2344 Dernière modification le 18/10/2023 - 09:50
Coup de frein pour la récupération des eaux de pluie

Le décret du 29 août 2023 relatif aux usages et aux conditions d’utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées crée l'incompréhension et risque de marquer un coup d'arrêt à la récupération des eaux pluviales.

Les années 2022 et 2023 sont déjà marquées par les sècheresses historiques sur l’ensemble du territoire de la France métropolitaine, avec pas moins de 16 départements en sècheresse extrême depuis six mois. Selon le site info-secheresses.fr, au 10 septembre 2023, 19 départements ont leurs nappes phréatiques à un niveau très bas, 16 à un niveau bas, et 27 à un niveau modérément bas.

Cette problématique risque de s’accentuer l’an prochain du fait du déclenchement du phénomène météorologique El Nino,  entraînant des inondations et une hausse de températures sur terre et dans les océans. Cette hausse risque d’ailleurs de se maintenir dans le temps du fait des « marches d’escalier » du réchauffement global généré par El Nino.

Il est donc important de se préparer aux chocs et travailler sur la réduction des consommations d’eau, la réduction des prélèvements dans les nappes en augmentant la réutilisation des eaux usées, mais aussi sur la récupération des eaux de pluie permettant de remplacer les usages ne nécessitant pas d’eau potable. Il est également à noter que si la récupération des eaux de pluie était massifiée, du fait du volume cumulé des cuves, cela permettrait de tamponner l’eau de pluie et de réduire ainsi les risques d’inondation.

Eau de pluie résiliente

Le décret du 29 août 2023 relatif aux usages et aux conditions d’utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées est ambivalent sur la réduction des prélèvements sur les nappes. En effet, il permet et encadre la possibilité de réutiliser les eaux usées, ce qui est très favorable à la réduction des prélèvements d’eau sur les nappes souterraines.

Malheureusement, ce décret est un coup de frein majeur pour le développement de la récupération des eaux de pluie.

On y apprend à l’article R211-126 que les eaux de pluie (et les eaux usées récupérées) ne peuvent pas être utilisées à l’intérieur :
• des habitations,
• des bâtiments sociaux, médico-sociaux, et médicaux,
• des crèches, écoles maternelles et élémentaires,
• mais aussi l’ensemble des ERP pendant les heures d’ouverture au public.

Il n’est donc plus possible d’utiliser les eaux de pluie que dans les locaux de travail et les ERP durant la période sans public. Et donc obligatoire d’utiliser de l’eau potable pour les sanitaires de tous les autres établissements.

D’autre part, l’article R211-127 indique qu’il n’est pas possible d’utiliser ces eaux (et notamment l’eau de pluie) pour les usages en rapport avec :
• l’alimentation et l’hygiène corporelle (ce qui est parfaitement compréhensible),
• pour le lavage du linge (ce qui nous semble discutable dans le cas de la récupération d’eau de pluie),
• les piscines / bains à remous / jeux d’eau (ce qui nous semble discutable dans le cas de la récupération d’eau de pluie, surtout pour les bassins extérieurs),
• les fontaines décoratives et l’arrosage des espaces verts des bâtiments (ce qui nous semble parfaitement incompréhensible).

Un texte qui prête à confusion

Ces deux articles marquent à coup sûr un arrêt à la récupération des eaux pluviales et pose question dans les PLU demandant l’installation de récupérateurs d’eau de pluie.
En ce qui concerne la brumisation, il serait souhaitable de définir ce dont il est question. Est-ce une brumisation directe entrainant l’apparition de gouttelettes dans l’ambiance des utilisateurs (ce qui est parfaitement compréhensible dans le cadre des problématiques liées à la légionnelle), ou cela prend aussi en compte les systèmes dit « adiabatique indirecte » humidifiant simplement l’air rejeté des systèmes de ventilation pour ensuite récupérer le froid générer dans l’air insufflé par les systèmes de ventilation des bâtiments ? 

La solution « froid adiabatique indirect » alimenté par les eaux de pluie récupérées pourrait permettre de rafraîchir les bâtiments sans utiliser l’eau potable des réseaux devenues précieuses du fait des sécheresses, mais aussi permettrait de réduire l’utilisation de climatiseurs réchauffant les villes et consommant une énergie toujours plus chère, polluante et rare.

Des consommations d’eau à réduire

En plus des solutions de récupération d’eau (de pluie ou usées), il nous semble également intéressant de souligner l’existence de solutions simples permettant de réduire drastiquement les consommations d’eau. Il serait donc peut-être judicieux de travailler sur une étiquette eau obligatoire inspirée de l’étiquette énergétique permettant de pousser les industriels à favoriser la production de robinetteries ou de systèmes hydro-économes performants.

 

Ceci est d’autant plus important que sur les douches, nous parlons à la fois de la consommation d’eau mais aussi de la consommation d’énergie.

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