Copropriétés, logements sociaux… Comment accompagner au mieux les particuliers face aux difficultés ?

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1080 Dernière modification le 05/09/2023 - 11:36
Copropriétés, logements sociaux… Comment accompagner au mieux les particuliers face aux difficultés ?

 

Entretien avec Alexis Motte, Chef de marché Copropriété et Gaëtan Quesnel, Chef de marché logement social, tous deux œuvrant chez GRDF. Nous abordons ensemble la question du nécessaire travail d’information auprès des ménages français sur les solutions énergétiques s’offrant à eux pour lutter contre les crises que le logement connaît aujourd’hui. 
 


Quelles sont selon vous les principales problématiques relatives aux logements aujourd’hui en France ? 

Alexis Motte : Nous connaissons aujourd’hui un ralentissement des transactions immobilières, ce qui provoque une tension sur le marché de la propriété. Cela s’explique notamment par la faible accession aux prêts immobiliers, couplée à la baisse du nombre de constructions : selon les projections actuelles, moins de la moitié des 450 000 logements neufs nécessités chaque année sera atteinte à la fin de l’année 2023. 

Du côté du marché locatif, les locations sont confrontées à deux difficultés principales : d’une part le nouveau DPE, qui prévoit l’interdiction de louer les biens le plus énergivores, et d’autre part la concurrence des plateformes type Airbnb qui vont parfois être préférées par les propriétaires bailleurs par simplicité et s’éviter les travaux de rénovation. Le nombre de logements disponibles sur le marché de la location risque de réduire durablement.

Gaëtan Quesnel : Concernant le logement social, il existe trois niveaux de crise qui s’imbriquent. Premièrement, l’accès au logement proprement dit. L’Union Sociale pour l’Habitat recensait fin 2022 presque 2,5 millions de ménages français en demande d’un logement social, en hausse de 7% par rapport à 2021. Deuxièmement, une crise énergétique caractérisée par une envolée des prix l’an dernier, – heureusement  stabilisés aujourd’hui pour le gaz – mais aussi un marché qui se complexifie : de nouveaux acteurs et de nouvelles solutions techniques y arrivent sans cesse, ce qui en rend la compréhension parfois plus difficile. Troisièmement, la crise climatique en toile de fond, qui nécessite des investissements très importants dans la rénovation des logements et un travail de sensibilisation des locataires, en lien avec le développement des données de consommation.  

Le gaz, qui représente l’énergie de chauffage d’environ 55 % des logements sociaux aujourd’hui en France, fait l’objet d’une attention particulière. Dans le même temps, des solutions émergent pour répondre aux défis climatiques tout en essayant de limiter les murs d’investissements pour les bailleurs.


Constatez-vous des différences de difficultés en fonction du type de logement ou du type de population ? 

AM : Sur la copropriété, nous avons trois types de cibles : le propriétaire bailleur, le propriétaire occupant et le locataire. Les intérêts de chacun peuvent parfois être divergents, ce qui rend difficiles les actions de rénovation. Le propriétaire bailleur va souvent s’intéresser en priorité à l’amélioration de l’étiquette de son logement alors que le propriétaire occupant va ajouter la dimension du confort dans sa réflexion. Quant aux locataires, ils ne sont pas décisionnaires et subissent généralement les choix des propriétaires. L’enjeu est donc de réussir à mettre chaque partie dans une même direction en trouvant leurs intérêts communs et engager les travaux de rénovation nécessaires. 
 

Pensez-vous que les Français sont assez informés des nouvelles solutions énergétiques existantes sur le marché ? 

AM : Chez GRDF, nous souhaitons mettre en valeur le mix énergétique associant le gaz et les énergies renouvelables. Il est essentiel sur le marché du logement de prendre en considération les contraintes techniques et économiques car nous avons affaire à des bâtiments construits à des époques différentes, des besoins spécifiques pour lesquels des solutions parfois sur mesure sont nécessaires

La chaudière à condensation THPE (Très Haute Performance Energétique) est par exemple une solution permettant de réduire de 30 % les consommations énergétiques des immeubles précédemment équipés de chaudière gaz ancienne génération. Dans d’autres immeubles, une possibilité est d’opter pour des solutions hybrides comme la pompe à chaleur hybride, couplant une chaudière gaz et une pompe à chaleur. 

Pour accompagner les Français sur ces solutions techniques, GRDF a des équipes disponibles joignables au 09 69 36 35 34 (appel gratuit du 8h à 17h du lundi au vendredi). Nous avons également un portail dédié aux copropriétés sur copro.grdf.fr. 

GQ : Sur la question énergétique, le débat public est assez polarisé et les systèmes de production énergétique sont souvent opposés les uns aux autres : nucléaire vs EnR, EnR vs gaz… Alors que nous avons plutôt intérêt à trouver des synergies entre toutes ces ressources pour assurer la résilience du système. C’est notamment cette polarisation qui empêche la bonne information du public. 

La PAC hybride permet d’assurer un confort thermique optimal tout au long de l’année en diminuant la tension sur le réseau électrique lors des pointes hivernales. Pourtant, elle reste une solution à ce jour encore peu connue. Il y a donc beaucoup de travail à mener sur le terrain pour sensibiliser sur ces alternatives. 
 

Quid des gaz verts ? Se développent-t-il assez rapidement sur le territoire français ? 

GQ : Le gaz vert a un rôle clé à jouer dans la décarbonation du logement social. Nous accompagnons de nombreux bailleurs sociaux dans la définition de leur mix énergétique à l’horizon 2050. On constate à travers ces études que les ambitions bas carbone peuvent être atteintes pour les logements sociaux chauffés au gaz en activant successivement trois leviers : rénovation du bâti – rénovation du système énergétique (chaudière THPE, hybridation) – verdissement du gaz. 

AM : Nous ressentons un réel enthousiasme lorsque nous présentons le biométhane auprès des particuliers. Et pour cause, il s’agit d’une filière française valorisant l’économie circulaire. Or, ce ressenti positif qui se dégage de nos différentes rencontres, sur les salons par exemple, ne semble pas correspondre à la place qu’occupe aujourd’hui le biométhane dans les exercices de politiques énergétiques dans le pays. Selon les prévisions existantes, le biométhane couvrira 20 % des besoins en gaz d’ici 2030, et 100 % d’ici 2050. Il s’agit d’un formidable levier pour verdir les consommations d’énergies fossiles et renforcer l’indépendance énergétique, qui mériterait d’être davantage mis en avant. 

GQ : Aujourd’hui, presque tous les départements français ont leur unité de production de gaz renouvelable, représentant parfois déjà presque 10 % des consommations. La dynamique est donc assez forte sur le plan national, mais cette solution souffre effectivement d’une méconnaissance du grand public. 

Deux aspects devraient faciliter une appropriation des gaz verts par les particuliers : d’une part, la question du tri des biodéchets qui deviendra bientôt obligatoire pour tous les ménages – or, l’un des moyens de valoriser les biodéchets est la méthanisation. D’autre part, la récente loi d’accélération des énergies renouvelables qui crée un mécanisme d’autoconsommation collective pour le gaz. Ainsi, les bailleurs sociaux pourront se saisir d’un rôle de personne morale organisant l’acquisition de gaz vert par les locataires, directement auprès de producteurs locaux. 


Quels sont les différents supports proposés par GRDF pour mieux accompagner ses clients sur ces sujets ? 

GQ : Nous communiquons auprès du grand public par le biais de plaquettes et autres guides, mis à disposition gratuitement et en ligne pour tous. Par exemple, en 2022, nous avons réalisé un guide sur les écogestes pour maîtriser ses consommations énergétiques. 

Le Guide des bons réflexes - GRDF 

Par ailleurs, nous publions des livres blancs à l’attention de nos clients directs que sont les bailleurs sociaux. Notre dernier en date, paru le 7 juillet dernier, concerne la rénovation de la chaudière individuelle gaz en immeuble collectif. 

Livre blanc : Rénover la chaudière individuelle en logement social.

L’idée est de fournir une boîte à outils adaptée à la situation de chacun. Enfin, nous encourageons les expérimentations et l’innovation au sein de la filière, au travers d’appels à projets.

AM : Pour les copropriétés, il existe une newsletter mensuelle adressée à plus de 20 000 personnes, à laquelle il est possible de s’inscrire directement depuis le site internet de GRDF, copro.grdf.fr. Nous animons également des webinaires dédiés à des sujets divers liés à la maîtrise de l’énergie ou encore la rénovation en copropriété. Nous avons récemment lancé un appel à projet sur l’évacuation des produits de combustion. Enfin, nous accompagnons la filière des syndics de copropriétés via de grandes fédérations telles que l’UNIS, la FNAIM, l’UNPI afin qu’il y ait la meilleure transmission d’informations possible auprès des copropriétaires. Nous avons beaucoup d’outils à notre disposition, que nous comptons désormais consolider et déployer. 


Quels sont les retours clients constatés à ce jour ? 

GQ : Nous ressentons une réceptivité forte de la part de nos interlocuteurs. Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de bailleurs sociaux lancent des études et expérimentations autour de solutions hybrides associant le gaz et l’électricité, ce qui prouve que notre travail de sensibilisation porte ses fruits. Les premières conclusions sur ces solutions sont positives et montrent notamment une réduction des coûts d’investissement systèmes de -10 % (petit collectif) à -60 % (gros collectif) en comparaison d’une pompe à chaleur 100 % électrique. Nous allons continuer à travailler et innover avec les bailleurs avec pour ambition forte la décarbonation du parc de logements à l’horizon 2050.

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