Transition écologique : les maires ruraux en première ligne

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CLER La rédaction

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475 Dernière modification le 29/09/2023 - 09:49
Transition écologique : les maires ruraux en première ligne

La loi d’accélération des énergies renouvelables réaffirme le rôle central des maires ruraux dans leur déploiement. Fanny Lacroix, vice-présidente de l'Association des maires ruraux de France et Alexis Monteil-Gutel, codirecteur du CLER-Réseau pour la transition énergétique reviennent sur cette dynamique enclenchée et les enjeux liés à la transition énergétique territoriale.


Quel est le rôle des maires ruraux dans la transition écologique ?
Fanny Lacroix : Je suis impressionnée par la capacité d’innovation des communes rurales. Leur petite taille fait leur agilité. Leur manque de moyens les oblige à privilégier la simplicité et la créativité. Elles disposent de l’espace et du temps propices à l’imagination et ont la capacité d’impulser des changements profonds sur la durée d’un mandat. Au sein de l’Association des maires ruraux de France, nous avons créé une commission transition écologique pour faire émerger une vision politique à partir de l’action de territoires pionniers. Pour construire ce récit d’avenir, nous avons organisé le Grand atelier des maires ruraux pour la transition écologique. Dans ce cadre, nous avons embarqué une centaine de maires et adjoints de communes de 3 500 habitants, tous volontaires, dans une démarche d’intelligence collective. Lors de 4 week-ends, entre février et juillet 2022, ils ont rencontré des experts, et découverts des « pépites rurales » autour de trois thèmes principaux : sobriété et transition énergétique, biens communs et aménités rurales, ressources et leviers des communes rurales.

Quelle est l’action du CLER-Réseau pour la transition énergétique auprès de l’AMRF ?

Alexis Monteil-Gutel : Nous avons noué un partenariat afin de resserrer les liens entre nos réseaux, à travers l’interconnaissance de nos membres, un partage de ressources, au niveau local comme national, et une participation croisée aux évènements que nous organisons. Le constat partagé est le suivant :  la transition énergétique – et notamment les énergies renouvelables -, représentent une opportunité pour le monde rural, à condition de l’accompagner et d’en révéler les bénéfices pour les territoires. Pour le Grand atelier des maires ruraux, notre approche consiste à partager les expériences et pépites des territoires ruraux pionniers regroupés au sein du réseau TEPOS que nous animons. Enfin, nous avons aussi contribué à éclairer les échanges lors des rencontres avec les élus.

Qu’est-ce que la loi d’accélération va concrètement changer pour les élus ruraux ?

F.L : D’abord elle réaffirme leur place et l’importance de leur rôle. Le développement de parcs éoliens ou solaires doit composer avec les territoires ruraux, ce qui est l’occasion de questionner le pacte national et républicain autour de l’aménagement du territoire. Le déploiement des énergies renouvelables dans les territoires ruraux doit aller de pair avec le retour des services publics. Nous avons là une formidable opportunité pour revitaliser nos villages, y remettre des écoles et des boulangeries, mais aussi ouvrir aux habitants un espace de citoyenneté active, où construire une œuvre civique et écologique collective. D’une certaine manière, en lui confiant la planification énergétique, la loi fait le pari de la commune. Mais comme elle ne la dote pas de moyens supplémentaires, le risque est grand. À nous de relever ce défi et de nous mettre en capacité d’agir. Nous devons repositionner la commune dans sa vocation de cellule de base de la démocratie. Si nous ne voulons pas subir le changement, il nous faut en être les acteurs..

A.M.G : Non seulement la loi d’accélération des énergies renouvelables ne donne pas de moyens aux communes auxquelles elle demande un lourd travail de planification, mais elle n’offre pas non plus d’incitation aux territoires les plus mobilisés, ni de sanctions pour les plus récalcitrants. Elle est largement insuffisante pour respecter notre trajectoire à l’horizon 2030, tant pour les énergies renouvelables électriques que pour la chaleur renouvelable. Il faudrait changer de braquet pour être à la hauteur des besoins des maires ruraux, en matière d’ingénierie ou de soutien à l’investissement. Nous sommes convaincus que des projets bien menés nourrissent la coopération et la vie démocratique locale, et sont sources d’emploi, d’attractivité, de richesse. L’enjeu, à toutes les échelles, est le partage équitable des efforts et des bénéfices. 


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