Promenade dans l’écoquartier fluvial de L’Île-Saint-Denis

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1399 Dernière modification le 12/10/2023 - 12:40
Promenade dans l’écoquartier fluvial de L’Île-Saint-Denis

 

Découverte du « secteur des entrepôts » dans la commune insulaire de L’Île-Saint-Denis, proche de Paris, sur l'invitation de l'association Ekopolis. Une parcelle réhabilitée qui fait la part belle aux espaces verts et au confort de vivre.   

À L’Île-Saint-Denis, le secteur des entrepôts – long d’1,5 kilomètre – est petit de superficie mais grand par ses enjeux. Il permet en effet de relier le centre-ville avec les quartiers du sud et se présente ainsi comme un verrou urbain que l’ancien maire de la commune Michel Bourgain, engagé écologiquement, a souhaité transformer au début des années 2000. Et pour cause : la zone a abrité un siècle d’activité économique des grandes enseignes du Printemps et des Galeries Lafayette, laquelle l'a fortement abîmée sur bien des aspects. Sols pollués et potentiellement inondables, ondes électromagnétiques, nuisances sonores… En 2005, c’est l’agence d’architecture et d’urbanisme Philippon-Kalt qui a été sélectionnée pour opérer la réhabilitation des lieux. Est aussitôt proposée l’idée d’en faire un écoquartier, concept pourtant peu fréquent il y a une vingtaine d’années !

Le but : redonner de l’attractivité à un espace très minéralisé, davantage zone de passage que lieu de vie (il regroupait peu d’habitants jusqu’alors). L’un des paris, pour ce faire, a été de réinjecter de la biodiversité sur cette langue de terre bordée de part et d’autre par les eaux, ce en limitant la place qu’y occupe la voiture. Des « centrales de mobilité » – silos de parkings pour tous stationnements – ont donc été implantées tous les 300 mètres dans le secteur des entrepôts, sur des espaces difficilement valorisables en bâtiments. La fréquence des transports en commun a quant à elle été augmentée pour encourager leur recours par les usagers. Le principe est simple : donner l’accessibilité à tous, mais en laissant les véhicules à moteurs en dehors de la zone, sur les quais. Ainsi, les mobilités douces sont encouragées pour un écoquartier apaisé. 

Après réhabilitation, environ 45 % de la zone est occupée par des espaces verts de pleine terre, pour la plupart publics. Tous les arbres d’origine en pied de berges ont été conservés, et d’autres, tels que des saules aujourd’hui très fournis, ont été plantés. Toits végétalisés accueillant des potagers communs, un jardin privatif de minimum 1,80 m2 par logement… Dans l’écoquartier de L’Île-Saint-Denis, le vert est partout ! 

L’envie a aussi été de susciter des usages avec la Seine, omniprésente dans l’écoquartier fluvial – elle est d’ailleurs visible, de près ou de loin, sous tous les angles, sur l’ensemble du site. L’innovation pour lier les lieux avec le fleuve a été de remodeler les sols et les berges en ajoutant des « pénétrations vertes » [Brigitte Philippon, architecte urbaniste] : vallons, pentes végétalisées pour aller au plus près de l’eau, grèves, pontons flottants et autres plateformes. 

Quant aux bâtiments occupant les lieux, le choix de Philippon-Kalt a été de les appuyer sur la typologie de l’île : le long du petit bras du fleuve, une majorité de maisons basses. Sur le grand bras, des structures collectives plus imposantes. D’autres arbitrages sont à relever en matière de sobriété énergétique notamment, tels que celui de cages d’escaliers éclairées et ventilées naturellement – une ventilation qui se fait naturelle également dans les rues de l’écoquartier grâce aux vallons de verdure apportés – ou encore le fait de ne pas utiliser de climatisation pour lui préférer un système adiabatique.  

Enfin, la programmation des lieux est mixte et pensée pour l’inclusion et le mélange des populations, par le biais notamment d’habitats participatifs fédérant le voisinage. L’écoquartier fluvial se divise en plusieurs polarités, chacune ayant son identité propre : au nord, une vocation scolaire et multigénérationnelle, au sud, des commerces, et au centre, le sport et les loisirs. De sorte de chacun puisse trouver sa place dans ce quartier renouvelé. 

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