Monitoring de la biodiversité : mesurer notre impact, sauver nos espèces

Rédigé par

Jérémy Tormos

1468 Dernière modification le 13/10/2023 - 11:34
Monitoring de la biodiversité : mesurer notre impact, sauver nos espèces

Dans un monde où une espèce disparait toutes les vingt minutes, il est devenu urgent d’être acteurs de la préservation de la biodiversité. Avec la pression des citoyens, ce sujet prend de l’importance pour les villes qui cherchent à connaître leur impact sur le vivant, à mettre en place des actions concrètes pour l’améliorer et suivre son évolution dans le temps. Dans cette démarche vitale, l’IoT est un allié incontournable. 


Scientifiques comme politiques et citoyens s'accordent, dans leur grande majorité, sur l'urgence environnementale et son caractère prioritaire. Et les prochaines années seront déterminantes pour la planète. Mais avons-nous réellement les moyens de ralentir, voire – restons optimistes – de stopper ce déclin ? Pour y parvenir, il est impératif de comprendre, et pour cela de mieux mesurer l'impact de chacune des actions humaines.

Les mesures de surveillance de la biodiversité se font principalement via des inventaires sur le terrain, réalisés par l'homme. Bien qu'efficaces, ces techniques de mesures se révèlent chronophages, sporadiques et coûteuses pour les collectivités et les entreprises qui les prennent en charge. Se déroulant en moyenne sur deux à trois ans, ces mesures permettent d'obtenir une vision sur une période donnée, mais elles ne fournissent pas suffisamment d'éléments pour permettre une visibilité sur le long terme.


Numérique : l’écologie sur écoute 

De fait, notre vision est tronquée et fragmentée, nous empêchant de réagir rapidement et d'adapter les stratégies de protection à mettre en place. À l'heure où la majorité des secteurs de notre économie sont en pleine transformation numérique et où de plus en plus d'entreprises prennent des mesures pour réduire leur empreinte écologique, il est nécessaire d'appliquer la technologie à cette problématique sociétale et environnementale et d'utiliser tout ce qu'elle a à offrir pour se prémunir de futures menaces.

Car si la technologie est souvent remise en cause en tant qu'élément participant à la dégradation environnementale, elle n'en reste pas moins un moyen de fournir aux écologues et autres scientifiques, un outil de mesure continue et d'établir des prédictions aussi bien dans l'espace que dans le temps. La mise en œuvre des capteurs fixes et non intrusifs (approche passive par l'étude acoustique sans perturbation de la faune) apparaît alors comme un outil permettant de mieux comprendre et protéger la biodiversité.

En effet, dans la nature, il existe des espèces dites bio-indicatrices, des organismes (espèces animales, végétales, fongiques ou bactériennes) dont la présence ou l'état renseigne sur certaines caractéristiques écologiques (physico-chimiques, pédologiques, microclimatiques, biologiques ou fonctionnelles) d'un écosystème ou sur l'incidence de modifications du milieu.

Ces espèces sont ainsi de parfaits indicateurs de l'état de santé général d'un écosystème. Avoir la capacité de les écouter, grâce à des capteurs et des analyses de son, permet de parfaire la compréhension de notre environnement. De tels procédés, rendus possibles par les avancées en matière d'objets connectés (IoT), ont l'avantage non négligeable de ne pas interférer directement avec les espèces et donc de ne pas perturber leur quotidien.

Leko : mesurer et suivre son impact sur la biodiversité

Développé avec le Muséum national d'Histoire naturelle, Leko est un système d’écoute de la biodiversité qui obtient, en continu, des informations clés sur la santé du milieu naturel. Cette solution, connectée et automatisée, destinée aux collectivités et aux entreprises engagées pour l'environnement, est complétée par l'expertise d'un écologue qui fournit des conseils pour améliorer la biodiversité.

Les cas d’usages fréquents sont : 

  • Suivi de l’impact des activités humaines sur la biodiversité (mesurer l’impact avant, pendant et après des travaux/démarches positives)
  • Adoption d’une stratégie lumière cohérente avec la vie nocturne
  • Sensibilisation du grand public, des écoliers, des salariés et autres parties prenantes

Leko est le seul capteur communicant, autonome en énergie, permettant l’identification d’une centaine d’espèces. Le cycle d’écoute journalier se déroule du coucher au lever du soleil pour l’identification des chauves-souris et de 24h/24 pour les oiseaux et sauterelles. Le capteur gère lui-même son niveau de batterie afin d’effectuer des enregistrements. La transformation de ceux-ci en une description multivariée des évènements sonores est effectuée dans le capteur, puis les données sont envoyées sur le serveur de Birdz où des algorithmes, conçus par le MNHN, permettent l'identification des espèces. L’ensemble du processus est totalement automatisé et les données naturalistes produites sont reconnues de qualité scientifique par le MNHN.

Les bénéfices pour une collectivité ou une entreprise sont multiples : 

  • Compléter les inventaires écologiques en apportant une masse de données et plus de certitude sur la présence de certaines espèces 
  • Mesurer l'impact de l'activité humaine (ex : impact travaux)
  • Contribuer à l'enrichissement de la base de données Inventaire national du patrimoine naturel (INPN)
  • Adopter une stratégie d’éclairage plus respectueuse avec le vivant 
  • Sensibiliser le grand public

Le projet Leko a débuté fin 2021 et est déployé depuis juin 2022 dans plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, l'Espagne et les États-Unis. Plus de 40 capteurs Leko sont actuellement en utilisation par des municipalités ou des entreprises avec des données mises à disposition du grand public et des écoles notamment. Après une première année d'utilisation, les différents Leko ont permis d’établir des diagnostics site par site et de mettre en place des plans d’action afin d’améliorer la biodiversité localement. De plus, le dispositif Leko a été intégré à un programme d’animation scolaire. 


Un article signé Manon Jeanty, écologue chez Birdz


Article suivant : Indice de connectivité écologique : le potentiel d’interactions à la loupe


Revenir à la page d'accueil du dossier

 

 

Partager :