Le réemploi, fer de lance de l'économie circulaire

Rédigé par

Communication CSTB

899 Dernière modification le 06/07/2023 - 10:36


Grand consommateur de ressources, fortement émetteur de gaz à effet de serre et producteur de déchets, le secteur du bâtiment doit rentrer dans l'ère de l'économie circulaire et, notamment, s'appuyer sur l'un de ses piliers : le réemploi.

Le réemploi permet une utilisation des ressources largement découplée de la consommation d'énergie ou des émissions de carbone. En cela, il représente la vision la plus aboutie de l'économie circulaire Aujourd'hui considéré, à tort, comme une pratique nouvelle, il éveille les consciences et requestionne toute la manière de concevoir et de gérer les produits, ainsi que de construire les bâtiments.

Parenthèse historique

À la fin du XVIIIe siècle, des appels d'offres étaient lancés au moment des démolitions : les acteurs payaient pour récupérer les matériaux. Au cours des deux siècles suivants, cette pratique s'est progressivement perdue pour devenir marginale. Ainsi, le réemploi n'a pas été pris en compte dans la structuration moderne du jeu des acteurs de la construction et du partage des responsabilités associées qui ont été mis en place depuis l'après-guerre. Les normes produits, les DTU, l'assurance construction et, plus généralement, l'ensemble des textes régissant le fonctionnement actuel du secteur, ont été définis sans s'en préoccuper. Le système actuel, qui reposait jusque très récemment sur une facilité d'accès aux ressources énergétiques, minérales, métalliques et biosourcées, est donc une sorte de parenthèse historique qui prend aujourd'hui fin avec la réémergence du réemploi.

Une pratique encore marginale, mais structurante

Reconsidérer le réemploi nécessite donc de questionner l'ensemble des règles progressivement établies depuis plus de soixante-dix ans par le biais de plusieurs axes de recherche :

  • Quels sont les nouveaux modes de preuve pour justifier des performances et de l'aptitude à l'emploi ? Comment maîtriser les risques sanitaires ? Comment mieux anticiper les futurs usages dès la conception des produits et des équipements ? Le réemploi nous incite en effet à nous interroger sur la durabilité des performances des produits à l'aune d'un nouveau cycle : allongement des durées de vie, protocoles de mesure sur site et en laboratoire, prise en compte du climat futur… La démontabilité des composants des ouvrages draine également des sujets de réversibilité de bâtiments, de rénovation à moindre production de déchets et d'éco-conception en vue d'un possible réemploi ou recyclage ;
     
  • Comment tracer les flux et partager les rôles, responsabilités et opportunités au sein des nouvelles chaînes d'acteurs ? Comment assurer l'adéquation entre offre et demande et équilibrer les modèles économiques dans un contexte où le coût de la matière a historiquement baissé par rapport au coût du travail ? Les données collectées sur les flux, actuels et à venir, de composants réemployables, recyclables, valorisables sont utiles au tissu d'acteurs socio-économiques, aux filières de recyclage et aux pouvoirs publics. Organiser la filière pour mieux appréhender ces flux implique de faciliter leur captation, tout en réfléchissant à la dispersion initiale des ressources, à l'amélioration des taux de tri des chantiers (construction neuve, rénovation, démolition) ainsi qu'aux process de fabrication, de recyclage et reconditionnement ;
     
  • Quelles sont les nouvelles métriques pour caractériser les impacts du réemploi ? Aller vers une massification du réemploi impose d'aborder de concert l'ensemble de ces problématiques au spectre global. Les réponses à ces questions structurantes vont nécessairement apporter des éclairages pour les autres solutions circulaires du secteur. Formidable catalyseur, la massification du réemploi va entraîner celle de l'économie circulaire, ce qui impactera progressivement l'ensemble de la chaîne de valeur.

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