L’agglomération Grand Paris Sud prend vie

2322 Dernière modification le 21/10/2016 - 07:47
L’agglomération Grand Paris Sud prend vie

Elément moteur du projet du Grand Paris, l’agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart repose sur trois projets ambitieux. Son vice-président, chargé de l’aménagement, de l’habitat et des Grands Projets, Stéphane Raffalli, Maire de Ris-Orangis, nous livre les perspectives de cette nouvelle agglomération de 345 000 habitants.

Qu’est-ce que le Grand Paris Sud ?

Stéphane Raffalli : Cette nouvelle agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart est composée de 24 communes sur la rive gauche et sur la rive droite de la Seine. Avec 345 000 habitants, elle se compose de villes urbanisées, de villes péri-urbaines et de villes qui s’approchent de la campagne. On retrouve l’ensemble des visages de l’Île-de-France sur ce territoire. L’enjeu pour nous est d’inventer une synergie entre les différentes polarités de ce nouveau territoire administratif et politique qui vient d’être créé en début d’année et de « faire métropole ».

Quelles sont les prochaines étapes ?

S.R. : Nous souhaitons créer une attractivité nouvelle à travers trois grands projets emblématiques : l’université Evry Val d’Essonne, qui n’a qu’une vingtaine d’années et compte 18 000 étudiants avec un pôle université-recherche appliquée. Nous voulons conforter les partenariats avec d’autres universités comme Paris-Saclay mais aussi développer un projet de ville-campus à ses abords. Le deuxième projet concerne le Carré-Sénart qui s’est développé dans les années 1990-2000 autour du Pôle commercial, avec un certain nombre de développements qui se font en matière de culture, d’innovation technologique, de numérique. Nous nous devons de conforter ce qu’ont engagé nos prédécesseurs.

Le troisième projet, et non des moindres, concerne le Grand Stade de la Fédération Française de Rugby (FFR). Ses dirigeants ont choisi Ris-Orangis pour implanter le jardin du Quinze de France. Un stade de 80 000 places, 18 hectares avec sa pelouse amovible et son toit rétractable dans lequel se tiendront des matchs, mais aussi des salons, des foires, des concerts, 365 jours sur 365.

Autour de cet équipement utile au développement de la FFR et du sport amateur, nous avons la chance de posséder beaucoup de fonciers disponibles et nous sommes en train d’imaginer la ville de demain. Cet été, comme l’ont fait les équipes de Réinventer Paris, nous avons lancé l’appel à manifestation d’intérêt pour les 48 premiers hectares de développement. En termes d’emploi, cela va donner une perspective pour les enfants de Grigny, de Fleury-Mérogis, de Courcouronnes, d’Evry, de Corbeil-Essonnes et de Ris-Orangis…

Grand stade de Grand Paris Sud

Grand stade de Grand Paris Sud

Quel est votre schéma en matière d’urbanisme pour ne pas reproduire les erreurs des années 70-80 ?

S.R. : Fort de l’enseignement des cinquante années passées, nous savons les erreurs à ne pas commettre. Si je schématise, dans les années 70, les populations locales et les élus ont été dépossédés des grands choix stratégiques en matière de développement au profit des administrations centrales. Cela a été favorable d’un certain point de vue : grâce à la puissance de l’État, nous avons pu construire les RER, les autoroutes, la Francilienne, maîtriser le foncier… Mais la ville ne s’est pas construite au bon rythme et dans le respect des populations locales et de leurs besoins véritables d’usage sur le territoire. Nous sommes en train de réparer ces erreurs.

Vous avez des villes nouvelles comme Sénart et Evry, et puis vous avez des villes décentralisées des années 80 qui ont développé un type d’urbanisme et d’aménagement très différent. Nous essayons de prendre ce qu’il y a de mieux dans les deux systèmes. Nous avons signé le 24 juin, en présence de six Ministres dont le Premier Ministre, un accord avec l’État qui prévoit des opérations d’intérêt national sur 7 des 24 communes de l’agglomération. L’État est présent à nos côtés, mais de manière très horizontale, en soutien des logiques locales. Evidemment, il nous rappelle le besoin de logements en Île-de-France, le besoin de développement économique et d’emplois pour soutenir la croissance de la région capitale… Nous y participons mais de manière collaborative. Nous sommes en train de bâtir un mode d’opération d’intérêt national qui fixe des ambitions très importantes, mais qui, dans le même temps, répond aux besoins des populations locales et conforte les choix des élus locaux.

Quelle forme va prendre ces nouvelles villes ?

S.R. : Nous traitons de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, c’est un projet à la fois très ambitieux et à la fois très respectueux de l’existant. Nous aimerions reproduire à l’échelle du grand territoire l’expérience que nous avons pu mener sur les éco-quartiers dans un périmètre restreint d’une dizaine d’hectares : passer de l’éco-quartier à l’éco-polis. Cela concerne de nombreux sujets : le rapport à la nature, la question de la transition énergétique très présente dans nos réflexions, la question du patrimoine de nos villes à révéler, celle du bâti naturel et aussi de l’humain, je pense à l’activité artisanale et artistique… mais aussi savoir se projeter sur des technologies que nous pourrions intégrer dans nos quartiers : télétravail, robotique, digital etc.

Au niveau des transports, vous envisagez une future gare TGV et un tram-train, ce sont des priorités ?

S.R. : L’une des caractéristiques de cette agglomération est qu’il n’y a pas de centralité évidente. Beaucoup de métropoles en Province sont construites autour d’une ville qui rayonne positivement sur l’ensemble d’un territoire. En ce qui concerne le Grand Paris Sud, même l’hyper centre d’Evry, qui est une ville préfecture, n’a pas le rayonnement suffisant pour avoir ce statut. En fait, il existe toute une série de polarités avec chacune une spécialité et ses atouts. Nous réussirons une agglomération, une ville à l’échelle des 24 communes, quand nous marierons les différentes polarités qui existent et, bien sûr, la question des transports est essentielle. Nous avons notre liaison à Paris, avec le RER, et là le contrat d’intérêt national est une promesse de l’Etat sur l’investissement de ce mode de transport lourd qui dysfonctionne aujourd’hui, avec beaucoup de retards.Puis il y a toutes les lignes dites secondaires mais qui ont beaucoup d’importance pour la vie quotidienne comme le Tram-Train Massy-Evry qui relie les deux poumons économiques du département, tous les Tzen qui relient les différentes polarités, et les Tzen 2 et 4 en cours d’étude, qui permettront de relier deux grandes entités du territoire comme Sénart et Evry.

Aménagement durable du Grand stade Grand Paris Sud

Aménagement durable du Grand stade Grand Paris Sud

Avez-vous fait appel à la concertation publique citoyenne pour créer cette ville de demain ?

S.R. : L’agglomération s’est créée par décision de l’État avec une mise en œuvre du Préfet de région de manière très verticale… Ca s’est fait un peu dans la douleur car 22 conseils municipaux sur 24 étaient contre. Les citoyens ont été peu impliqués dans la phase de création, il s’agit dorénavant de les réintégrer. Car aujourd’hui, le Grand Paris Sud n’existe pas. Il n’existera que si les services publics sont bien réalisés, je pense notamment à la question des déchets, de l’eau, de l’assainissement et s’il met en œuvre un développement ambitieux et durable.

Que pourrait être la ville idéale ?

S.R. : La ville n’est réussie qu’à condition que nous ne créions pas des territoires spécialisés socialement : ni très pauvres, ni très riches. Il faut retrouver une certaine mixité. Aujourd’hui, c’est un territoire morcelé. Il nous faut trouver une synergie entre les différentes communes pour résoudre les tensions. Intégrer Grigny avec Soisy-sur-Seine, Etiolles, Torcy… C’est un vrai défi. Il faut montrer, en respectant les identités de tous et en faisant preuve d’innovation, que quelles que soient leur histoire et leur sociologie, toutes les communes ont leur place dans le territoire de la deuxième banlieue parisienne qui devra « faire métropole » en devenant elle-même une polarité de la région capitale et en contribuant à son dynamisme.

www.grandparissud.fr

 

Article publié sur Mondial du bâtiment
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