La France à court de jus sur l'éolien

Rédigé par

Anne-Sophie Tardy - Construction21

Responsable de l'éditorial

689 Dernière modification le 17/10/2023 - 11:12
La France à court de jus sur l'éolien

Dans un rapport publié ce mardi 17 octobre, la Cour des comptes estime que l'Hexagone va manquer ses objectifs de production d'électricité d'origine éolienne, faute d'alignement entre les ambitions gouvernementales et les politiques mises en œuvre.

La France doit accélérer le déploiement des éoliennes au risque de finir dernier de la classe européenne. C'est ce que déplore la Cour des comptes dans un rapport publié ce mardi 17 octobre. Les sages de la rue Cambon ont étudié les résultats des politiques engagées depuis 2017 pour accélérer le développement de l'énergie éolienne.

« Bien que reportés plusieurs fois », les objectifs de la France ne seront pas atteints en 2023, prévoit la Cour, faisant du pays le seul du continent à ne pas respecter ses ambitions de la directive de 2018. Fin 2022, le territoire comptait 20,9 GW installés, soit 80 % de l'objectif fixé dans la dernière programmation pluriannuelle de l'énergie. Résultat, la France est obligée d'acheter des compensations auprès de pays plus avancés, s'exposant à des sanctions financières de Bruxelles.

L'éolien essoufflé par le processus administratif

Selon la Cour des comptes, ce retard serait d'abord la conséquence d'un cadre réglementaire complexe ne favorisant pas le développement de la filière. « Les servitudes réglementaires, qui visent à interdire ou limiter les interférences avec les radars et les zones de survol des avions civils et militaires, limitent le foncier disponible et la hauteur des éoliennes. Seulement 20 % du territoire est ainsi disponible pour l'éolien », lit-on dans le rapport. Sans compter le temps moyen d'obtention d'une autorisation de construire un parc éolien : sept ans pour le terrestre, dix ans pour le maritime, presque le double de certains de nos voisins. De quoi échauder certains projets.

Pour pallier ce processus administratif dissuasif, la Cour des comptes recommande une « coordination interministérielle structurée ». D'ici à 2050, « la création de 50 parcs a la nature d'un grand projet industriel, mais l'organisation actuelle de quelques services de l'Etat en 'mode projet' est en décalage avec ces ambitions », précisent les magistrats, pour qui un « pilotage unifié » serait plus favorable.

Partager :