L'architecture post-carbone | Rencontre avec Guillaume BEDEL, AREP

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NOVA BUILD

L'écoconstruction est notre avenir

1673 Dernière modification le 07/03/2022 - 10:11
L'architecture post-carbone | Rencontre avec Guillaume BEDEL, AREP

AREP est la 1ère agence d’architecture pluridisciplinaire de France avec environ 1000 collaborateurs. Notre volonté est de nous situer au plus proche des usages et des territoires pour satisfaire les commandes diverses. Notre ADN, ce sont les projets d’architecture liés aux flux et mobilités, que ce soit à la SNCF ou avec d’autres opérateurs.

Guillaume BEDEL, Responsable de l'agence AREP à Nantes

La stratégie adoptée en 2019, que nous appelons EM2CB, pour énergie, matière, carbone, climat et biodiversité, nous donne comme objectif de devenir la 1ère agence d'architecture post-carbone.

Guillaume BEDEL, AREP

Bonjour Guillaume BEDEL, comment allez-vous dans cette période de crise sanitaire, doublée d’incertitudes économiques, sans oublier la crise climatique qui s’accentue ?

Personnellement ça va plutôt bien, je suis à l’isolement jusqu’à demain avec une forme légère du COVID. Cette situation pousse à la réflexion. Je constate de fait que la conjugaison des enjeux climatiques et de la crise sanitaire accélère l’urgence à agir.

Personne n’a été épargnée par la crise sanitaire. Pour autant, nous avons eu la chance chez AREP de vivre relativement bien la crise sanitaire, avec une activité qui s’est maintenue dans cette période, notamment du fait d’être filiale de SNCF Gares et Connexions, nous avons eu un volume d’affaires stable.

Je retiens de cette période que nous avons réussi à en sortir renforcés. Des solidarités se sont mises en place, même si « le monde de demain » est encore en train de se construire. J’ai la conviction que ces solidarités qui se créent dans les crises environnementales et climatiques, sont plus que nécessaires pour la suite. On a besoin de renforcer les liens entre les organisations publiques et les entreprises privées et d’instaurer un climat de confiance pour qu’on sache mieux fonctionner ensemble, et susciter des partenariats entre ces différentes institutions. Il y a encore du chemin à parcourir !

Pouvez-vous vous présenter, vos 3 points forts personnels et professionnels ?

Je suis à la tête de l’agence AREP à Nantes (pour la région Ouest) depuis février 2020. Je suis ingénieur généraliste de formation avec un volet en aménagement du territoire et urbanisme.

J’ai eu la chance de bénéficier d’un bagage constitué aussi bien de sciences humaines et de sciences dites dures, avec également une approche culturelle et littéraire. Cela me donne une certaine ouverture d’esprit, j’entretiens ma curiosité par des échanges permanents grâce aux différents points de vue.

Ma 2e force, c’est la pluridisciplinarité des équipes qui me challengent, me posent question et aident à ma réflexion sur la manière de répondre au mieux aux besoins des usages dans nos projets.

Enfin, j’ai un contact humain plutôt facile, je ne conçois pas d’évoluer sur des projets sans relationnel.

Pouvez-vous nous raconter comment avez-vous intégré l’agence AREP à Nantes ?

Cela a été une opportunité.

J’avais fait 10 ans de maîtrise d’ouvrage dans des projets ferroviaires dits complexes pour SNCF réseau. J’étais chef d’orchestre avec un management transversal, mais avec des liens plutôt contractuels et normés avec les entreprises.

J’ai pris ensuite la direction l’agence AREP à Nantes en 2020. Il collait à mes attentes personnelles sur le développement durable et l'écoconception, avec une équipe à diriger. Cela me permet d'être au service du collectif tout en étant force de proposition.

La dimension managériale est intéressante car je peux mener des relations plus directes qu’auparavant avec les équipes et être au cœur des conceptions et réalisations en cours sur notre territoire.

Pouvez-vous présenter l’agence AREP à Nantes ?

AREP est la 1ère agence d’architecture pluridisciplinaire de France avec environ 1000 collaborateurs. Elle a été créée en 1997 et a connu un changement de gouvernance avec l’arrivée de Raphaël MENARD en 2018 en tant que président du directoire et Philippe BIHOUIX en 2020 en tant que directeur général.

Notre stratégie a évolué par la suite pour devenir l’agence post-carbone, avec notamment une volonté de nous situer au plus proche des usages et des territoires pour satisfaire les commandes diverses. Les implantations régionales ont donc naturellement grandi.

Je suis arrivé en 2020 pour donner les moyens aux équipes en région. Nous sommes passés de 10 à 15 personnes à Nantes.

Notre ADN, ce sont les projets d’architecture liés aux flux et mobilités, que ce soit à la SNCF ou avec d’autres opérateurs.

La stratégie adoptée en 2019, que nous appelons dans notre jargon interne EM2CB (pour énergie, matière, carbone, climat et biodiversité), nous donne comme objectif de devenir la 1ère agence d'architecture post-carbone.

Nous avons une démarche volontariste d’écoconception et d’éco réalisation, en lien avec toutes les équipes qui travaillent avec nous.

Quel est votre rôle, votre contribution au sein de l’agence AREP à Nantes ?

Ma contribution est d’animer et encadrer cette agence en région qui couvre la Bretagne, les Pays de la Loire, et la Région Centre Val de Loire. Mon rôle est de nourrir le collectif, et se nourrir de lui, d’alimenter le carnet de commande tout en ayant un regard sur la relation entre ces commandes et la stratégie EM2CB notamment.

Au sein de notre équipe qui est pluridisciplinaire, je veille à ce que le sens que chacun donne à son métier et à ses projets corresponde au sens général porté par le groupe.

Nous travaillons pour les futurs usagers, et pour ceux qui exploiteront, maintiendront les équipements que nous allons concevoir. J'ai une certitude, c'est que nous ne sommes que de passage sur nos projets, et nous devons toujours penser à ceux qui, eux, y sont durablement.

Quelles sont les cibles ou les marchés de votre agence en région ? Quelle est sa place sur son marché ?

Dans la déclinaison de la stratégie dont je parlais tout à l'heure (être au plus proche des usages, des usagers sur les territoires), nous avons la possibilité de déployer un projet de A à Z, de la mise en forme de l’idée jusqu’à son exploitation.

Nous répondons à des concours et des appels d’offre dans le champ des mobilités et en conformité avec notre stratégie EM2CB. 80% des projets de notre agence locale se font avec SNCF Gares et Connexions et 20% d'entre eux se font avec d’autres maîtrises d’ouvrage, privées ou publiques (dans le domaine urbain ou de la mobilité). Une de nos caractéristiques est de chercher en permanence à marier des partenariats avec d’autres agences de maîtrise d’œuvre, ce qui fait que nous sommes souvent avec des équipes élargies.

Cela veut dire que par exemple vous ne travaillez pas pour des projets de mobilité carbonée ?

Nous devons travailler sur l’intermodalité car les rabattements d’aujourd’hui se font encore beaucoup en voiture. Mais peut-être y viendra-t-on demain en véhicule électrique.

Aujourd’hui notre posture, c’est qu’on ne va pas sur un projet qui concourrait à l’artificialisation des sols.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

La notion de pluridisciplinarité est un vrai plus.

Chez AREP, nous pouvons nous appuyer sur plus de 800 personnes en France qui sont sur tous les métiers de la maîtrise d’œuvre et l’assistance à maîtrise d’ouvrage, ainsi que du conseil et de la programmation. Nous avons à notre disposition un couteau suisse qui peut répondre à des demandes de tout type de maître d'ouvrage. C’est une force collective qui fait grandir les équipes.

Notre plus c'est aussi notre historique, avec l’architecture des gares, qui peut être transposée vers de nombreux autres objets de mobilité.

A noter aussi qu'il y a 400 architectes dans le groupe, c’est une force, car quand AREP signe un ouvrage, c’est un collectif qui signe. La star, c’est le groupe.

Pour autant, vous avez deux dirigeants emblématiques que certains pourraient qualifier de stars ?

Je ne pense pas que ce mot leur convienne. Mais ils sont en effet tous deux très écoutés et lus au-delà d’AREP car ils ont une vision forte ancrée dans la transition écologique. AREP et par ailleurs emmenée par un comité de direction, et ce collectif est notre moteur. Pour quelqu’un dans ma position, avec la vision qu’ils portent, ce n’est que du bonheur. Ils insufflent une ambition au plus haut niveau du groupe, et, quand on a un projet audacieux, on a l’assurance d’être suivi.

Quelles sont les 2-3 réalisations dont vous êtes le plus fier ces 5 dernières années ?

La grande fierté de l’agence AREP à Nantes date de l’été dernier, avec la mise en service de la gare d’Auray (56). Tout le monde à l’agence y a travaillé. C’est d'un haut niveau de qualité en écoconception et éco réalisation. Notre plus grande satisfaction, ce sont les retours des usagers qui semblent pleinement satisfaits.

Parlons aussi d'autres projets, plus proches de nous, en Pays de la Loire. Nous déployons une toiture photovoltaïque sur la gare d’Angers qui sera désormais en autoconsommation grâce à cette installation.

Les travaux sont en cours sur le COE (Centre Opérationnel Escale) de la gare de Nantes (44). Le COE pour une gare, c’est le cœur du réacteur de l’exploitation au quotidien. C'est là qu'on retrouve concentrés tous les usages du gestionnaire. Si le COE ne fonctionne pas, la gare tombe. Nous sommes en train de rénover ce bâtiment pour donner un environnement de travail aux agents qui soit en relation avec les exigences opérationnelles qui sont les leurs.

Nous avons également conduit une belle réalisation d’un coworking à la Baule (44), c'est une demande forte portée par les usagers, comme pour les abris vélos autour de gares de plus petite taille. Nous avons une belle expertise sur ces questions désormais.

Nous portons un projet en réflexion sur le réseau du réemploi avec les acteurs du territoire. Cela pourrait se traduire par le déploiement d'une plateforme logistique. Il y a des acteurs moteurs sur le réemploi en Pays de la Loire dont NOVABUILD, on sent une belle dynamique sur le territoire sur ces questions.

Enfin, j'aimerais évoquer notre contribution au mémorial de la Shoah à l'ancienne gare de Pithiviers (45). Nous nous sommes plongés dans notre histoire pour entretenir la mémoire. Il a fallu consulter les archives dont la SNCF dispose pour retrouver le sens du lieu et rendre concrets, matériels, sensibles, ces mois tragiques de 1942.

Quelle place accordez-vous à l’innovation et à la R&D ?

Nos dirigeant poussent dans ce sens, évidement.

Dans l’enjeu EMC2B, à la suite d’une réorganisation côté SNCF, nous travaillons maintenant en lien direct avec les ingénieurs SNCF nouvellement intégrés chez SNCF Gares & Connexions pour assurer la gestion directe des quais, passerelles et souterrains.

Notre ADN étant de marier des compétences, nous avons associé les architectes aux ingénieurs. Et, « c’est juste du bonheur. On sait qu’on a énormément de gains carbone à aller chercher sur les quais, comme pour les passerelles et les souterrains. Nous imaginons des passerelles plus légères et moins consommatrice de matériaux, par exemple.

L’agence AREP à Nantes intègre-t-elle une démarche d’atténuation, d’adaptation, de transformation, face aux dérèglements climatiques ?

Bien sûr, c’est même notre ADN !

La stratégie EM2CB est notre réponse à ces enjeux. Notre parti pris a été de commencer par permettre aux équipes de se former pour s’approprier ces enjeux Energie, Matière, Climat, Carbone et Biodiversité et apprendre à mieux les maitriser dans leur travail quotidien, puis nous avons déployé la stratégie sur des cas pratiques et nous l'avons maintenant systématisée.

Pour autant, il ne faut pas oublier que nous sommes maître d'œuvre et pas maître d'ouvrage. Nous ne pouvons pas avancer sur ces sujets en prenant de front l’exploitant ou celui qui assurera la maintenance.

Nous avons dès 2020 démarré quelques projets sur le réemploi ou la réduction d’énergie et nous avons organisé comme à Auray (56) une montée en compétence avec la maîtrise d'ouvrage pour comprendre les objets que nous livrons, et les utiliser au mieux. C'est d'autant plus facile que la question de l'usage est au cœur de notre méthode, comme je vous l'ai dit tout à l'heure.

Il faut bien constater que tous les maîtres d'ouvrages n'ont pas toujours les mêmes ambitions que la SNCF. Mais il y a une approche que nous partageons avec tous nos maîtres d'ouvrages, c’est la notion des coûts complets. Il n'y a pas que l'investissement dont il faut tenir compte, mais également les coûts de fonctionnement, voire de régénération. Nous nous sommes dotés chez AREP d’outils pour mesurer le coût complet. J’ai en tête un échange récent sur une gare avec un choix ouvert entre deux types de chaudières, et c’est la plus coûteuse en investissement qui a été choisie, car elle sera plus économe en exploitation.

Pourriez-vous nous faire part d’engagements que vous avez pris personnellement, ou en tant que dirigeant, en faveur des questions climatiques ?

Je dirais que j’essaye de m’améliorer au quotidien, depuis des années.

Je me déplace à vélo en ville, et en train le reste du temps, très rarement en voiture, que ce soit à titre personnel ou professionnel. Nous avons mis en place avec l’équipe du compostage au bureau, et la mise à disposition d’un vélo électrique notamment.

A titre personnel, nous n’avons qu’une voiture, qui est en fin de vie et que nous poussons jusqu’au bout. Je mange raisonnablement, dans une logique décarbonée.

Nous venons d’emménager dans une maison qui n’est pas raccordée au gaz. De façon plus anecdotique, je mets en place un réseau de récupération de coquilles d’huîtres avec mes voisins.

Enfin, au-delà des enjeux climatiques qui sont intimement liés pour moi aux relations humaines, le monde associatif est essentiel pour moi. Je préside deux associations, l'une de parents d’élèves et l'autre d’Art vivant.

Quelle vision portez-vous sur l’avenir du bâtiment, de la ville, des aménagements ? Quelles tendances voyez-vous émerger ?

Une vision, ce serait prétentieux.

Je pense d’abord aux usages et aux usagers. Nous avons un rôle individuel et collectif à jouer. Il faut qu’on soit dans le juste besoin. Dans les grandes villes, la place de la voiture devrait être repoussée derrière tous les autres modes de transports. Cela nous permettrait de désimperméabiliser les sols, de recréer du lien social et des espaces de vie, de lutter contre les îlots de chaleur, bref, il y a de nombreux avantages. C’est un beau terrain de jeu pour la ville de demain que de reconquérir l'espace actuellement dévolu à la voiture, sans viser une trop forte densification, sans faire des tours de 35 étages, toutes resserrées, en cherchant à créer des espaces de vie de qualité. Pour les territoires périurbains et ruraux, l’approche est différente mais doit nous permettre de tendre vers les déplacements collectifs et des moyens adaptés.

Il va nous falloir faire avec le parc dont on dispose. Quand on voit l’inoccupation ou la mal-occupation de nombreux bâtiments, on voit bien qu'il nous faut rationaliser les espaces, mieux les partager, densifier leurs usages, C'est un peu ce que nous faisons chez AREP. Nous faisons pour l'essentiel de la rénovation. On fait avec ce qu’on a. Même les extensions, je pense qu’on en n'a pas toujours besoin. C’est le lien social et humain qu’il faut mettre en priorité absolue. En apportant des réponses au juste besoin.

Une question maintenant sur votre territoire. Quel est votre port d’attache ? Est-ce que vous pouvez décrire votre relation à ce territoire ? Ce qu’il vous apporte ? Ce que vous lui apportez ?

J’ai déménagé plus de 20 fois dans ma vie !

Je suis à Nantes depuis 2008, et je n’ai pas envie de partir, ou de quitter le territoire. Notre ville a pris un virage important, notamment sur les mobilités. À l’époque, circuler à vélo était un beau défi. Aujourd'hui, si on prend l'exemple d’AREP dont les bureaux sont situés à la gare de Nantes, je constate que l’équipe vient en train, en tram, à vélo ou à pied.

Auprès de qui ou de quoi allez-vous puisez votre énergie quand vous en avez besoin ?

J’ai 3 sources d’énergie, ma femme et mes enfants, ma famille élargie qui est très soudée et solidaire, et mon réseau d’amis très variés. J’ai la chance d’avoir une pluridisciplinarité amicale.

Je suis tromboniste et je fais partie d’un groupe de musique, je chante également. La musique, toujours en groupe, accompagne ma vie.

J'aime aussi me poser dans un café et échanger avec la personne qui est là. Cela me ressource. Cela peut se faire dans une gare qui devrait être plus que jamais un lieu de vie et de rencontres.

Et le pas-de-côté que vous n’avez pas encore fait, que vous aimeriez faire ?

Le pas-de-côté, ce serait de parvenir à ce que plus personne ne se déplace en voiture sur l’aire nantaise. On aurait des tramways, des navettes autonomes, des vélos, des trottinettes, des voies piétonnes agréables, mais pas de voiture. C'est possible, mais il faudrait trancher et y aller progressivement. Si on s’y met à plusieurs, on aura plein d’idées et de solutions.

Il y a un autre pas-de-côté que j'ai eu l'occasion de faire, c'est celui de réouvrir des lignes ferroviaires comme celle de Nantes-Chateaubriant. Quelle émotion ! Quelle belle impression d’être utile !

Vous êtes membre de Novabuild, quels bénéfices en retirez-vous ?

Le bénéfice qu’on en retient, c’est toute l'organisation qui facilite le partage d’expériences, avec les visites de chantier, les webinars, etc. J’ai en tête la journée dédiée au réemploi, c’était top. L’équipe de l’agence AREP à Nantes grandit grâce à vous.

Je viens de renouveler l’adhésion pas plus tard qu’hier et j’ai conscience qu’il nous faut être encore plus présents.

Novabuild est avant tout un lieu d´échanges. On rencontre nos clients ou nos concurrents, mais ces jours-là, on l’oublie pour laisser place à l'intelligence collective et partager les bonnes idées. Pour faire notre pas-de-côté, il faudra bien être plusieurs, et il ne pourra pas y avoir de concurrence pour que cela fonctionne.

Pouvez-vous raconter une belle rencontre que vous avez faite avec Novabuild ?

Lors de la journée réemploi, nous avons eu un échange avec Cycle up et Bati Récup. Ces rencontres se finalisent par des projets concrets. Nous avons désormais monté un partenariat avec Cycle up et nous y réfléchissons avec Bati Récup.

Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à nos questions.

Propos recueillis par Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, le 4 février 2022

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