Comment accélérer la rénovation énergétique des copropriétés ?

Rédigé par

ALTEREA Ingénierie

Ingénieriste de l'énergie

1312 Dernière modification le 17/10/2016 - 17:18
Comment accélérer la rénovation énergétique des copropriétés ?

En France, trois quarts des logements en copropriété ont été édifiés après 1949 et montrent des besoins en travaux importants afin de limiter leur consommation d'énergie. Aujourd'hui la question de « Comment faire bouger les copropriétés ? » se pose. « Il existe des verrous psychologiques, juridiques, contractuels qui sont longs à lever" selon Claude Arnaud, président de l'institut de R&D Efficacity.

En effet, les situations personnelles sont diverses et variées du côté des occupants des copropriétés, mettant en difficulté de potentiels travaux de rénovation énergétique. Selon les profils, familles accédant pour la première fois à la propriété, retraités en recherche de maintien à domicile ou bailleurs plus distants, il est difficile d'élaborer des plans de rénovation énergétiques homogènes.

L'Agence Parisienne du Climat a notamment contribué à deux études aux approches sociologiques et économiques pour expliquer ce phénomène.

Lancer un projet de rénovation équivaut à une élection

  • Selon les segments de l'habitat, les motivations et freins diffèrent :
    • Pour l'habitat individuel c'est l'amélioration du confort des occupants qui prime
    • Pour le logement social, la maîtrise des charges

Ainsi se pose cette problématique de comment réunir autant d'attentes et besoins aussi hétéroclites dans un processus moins long et fastidieux qu'il ne l'est déjà ? Emilie Blosseville du cabinet d'études Senzo déclare que "il existe des combinaisons de facteurs très favorables, dont un conseil syndical qui doit servir de moteur, un accompagnement par des experts des Espaces Info Energie, une mobilisation sans faille à toutes les étapes et un véritable plan de communication". On représente alors un projet de rénovation comme une élection, avec des opposants et des adeptes. Il s'établit alors un réel travail de conviction, argumentation pour avoir un vote final.

Selon une étude de l'Agence Parisienne du Climat, un projet de rénovation figure également un moyen de fédérer les occupants d’une copropriété vers des objectifs communs et une opportunité d'ouvrir un débat dynamique et interactif à propos d'un îlot ou quartier. Emilie Blosseville énonce alors l'idée de "congé rénovation" qui peut amener à motiver les actifs et à communiquer les performances atteintes en fin de chantier.

Des pistes, malgré les problématiques économiques, sociales, environnementales à résoudre

Une autre étude co-présentée par Efficacity et l'APC s'est plus appuyée sur des données quantitatives et des aspects plus économiques. Ainsi, sur 630 audits énergétiques analysés et menés entre 2008 et 2013 à Paris, il est remarqué qu'il y a une "imperfection de l'information sur les gains énergétiques potentiels" et des opinions divergentes concernant le propriétaire et locataire. De fait, les auteurs de l'étude expliquent que "D'un côté, le locataire n'a pas d'incitation à réaliser des investissements en efficacité énergétique dans le logement puisqu'il n'a pas de garantie d'occuper ce dernier suffisamment longtemps pour pouvoir bénéficier de son investissement. Le propriétaire, de son côté, peut être enclin à ne pas investir car il ne profitera pas des économies d'énergie, la facture énergétique étant payée par le locataire".

D'autre part, en terme d'efficacité, cette étude notifie que le coût en moyenne d'une opération de rénovation pour attendre la performance BBC est de 16 300 € par logement et donc représente 256€/m². Ce coût toutefois varie en fonction de la situation initiale de l'immeuble concerné, et il faut savoir que le passage d'une étiquette énergétique "C" à "B" ne coûte que 117€/m² en moyenne tandis qu'un bond depuis la classe "G" coûte 411€/m². Un retour sur investissement considéré comme long, 28 ans en moyenne.

Des spécialistes expliquent alors qu'il ne faut pas omettre le surcoût énergétique et y intégrer des aides financières (-30%). Il nécessite de favoriser des "co-bénéfices" liés à la rénovation d'une copropriété, avec une valeur verte de patrimoine évaluée à +5%. En effet, ces experts pointent qu'  "Il faudrait remplacer ce temps de retour par un indicateur de rentabilité socio-économique" avec des travaux performants impactant sur la santé. Des "Zones de rénovation concertée" sont aussi proposées afin de générer des économies en rationalisant les chantiers et les commandes.

L'enjeu est cependant  important, avec pour seulement la Ville de Paris, 47 000 copropriétés à rénover avant 2050.

Article rédigé par ALTEREA

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