Canalisations PE/PP : Elydan propose de recycler les déchets de ses clients grâce à sa solution Valorely

Rédigé par

ELYDAN

2704 Dernière modification le 07/11/2022 - 09:08
Canalisations PE/PP : Elydan propose de recycler les déchets de ses clients grâce à sa solution Valorely

 

Le recyclage de matériaux est un élément indissociable d’une activité industrielle vertueuse. Pour en savoir plus, nous nous sommes entretenus avec Marc Tassy, Directeur des achats du groupe de la société Elydan (concepteur et fabricant de canalisations en polyéthylène (PE) et polypropylène (PP)) et aujourd’hui créateur et directeur de la filiale Elyrev. Ensemble, nous évoquons comment la valorisation des déchets de ces produits a pris de l’ampleur dans les activités du groupe, et ce plus encore depuis la création de sa filiale Elyrev qui déploie sa solution Valorely.  


 
La valorisation des déchets est-elle une pratique suffisamment développée dans votre filière ? Pourquoi est-ce essentiel selon vous ?  


Marc Tassy : En 2020 environ 1 million de tonnes de polymères a été collectée par le secteur du bâtiment en France, dont 12% de polyéthylène. Or, seulement la moitié de ce polyéthylène collecté est au mieux revalorisé énergétiquement. Lorsqu’il n’est pas possible de revaloriser ces matériaux, l’exutoire ultime est l’enfouissement, ce qui, au vu de de la raréfaction de nos ressources, est problématique.   


D’autre part, nous souhaitons économiser ces ressources qui se raréfient : le polyéthylène et le polypropylène que nous utilisons sont issus du pétrole ou du gaz, potentiellement du charbon. L’actualité nous rappelle qu’il est préférable de réutiliser la ressource plutôt que de la dépenser. Pour ce faire, les déchets peuvent permettre d’obtenir une matière régénérée que l’on peut réintégrer dans des produits finis.  


Il y a aujourd’hui dans le secteur du bâtiment comme dans celui l'agriculture une réelle prise de conscience, mais nous accusons encore du retard en France par rapport à nos homologues européens sur la revalorisation de ce type de déchets. Pour prendre un exemple, en Italie, cette pratique existe depuis 40 ans, alors que nous commençons à nous y mettre depuis une dizaine d’années seulement ! Chez Elydan, c’est un sujet qui a toujours été au centre de nos priorités et que nous souhaitons développer aujourd’hui. 
 


Elydan encourage le recyclage de différents matériaux tels que le polyéthylène. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette démarche et nous expliquer les étapes de sa mise en place ?  

MT : Cela fait longtemps que nous recyclons le polyéthylène et polypropylène dans nos usines. En effet, actuellement 100% de nos chutes de production sont recyclées dans nos usines.  Mais nous avons voulu aller plus loin en augmentant la part des matières recyclées dans nos productions.  En recherchant des fournisseurs, nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient, pour la plupart, dans l’impossibilité de garantir une matière recyclée de qualité, traçable et stable dans le temps. 


Elydan propose de collecter les tubes et canalisations usagés, de les nettoyer, les régénérer et les réutiliser. Ainsi, de la collecte jusqu'à la réutilisation dans nos usines, la traçabilité de nos produits est complète. C’est avec la création d’Elyrev et sa solution Valorely que nous souhaitons mettre à profit notre expertise sur les polymères pour cette solution de régénération du polyéthylène et du polypropylène. L’objectif étant de maîtriser du début à la fin le processus. Cela fait environ 2 ans que nous réfléchissons à cette solution et en décembre 2021, la décision a été prise d'investir et de monter cette structure. Après 10 mois de projet rythmé, la production démarre ce mois-ci, en octobre 2022. Dans un premier temps, nous allons régénérer le polyéthylène et le polypropylène issus de nos sites, puis très rapidement, avant la fin de cette année 2022, nous aurons la capacité de régénérer les déchets collectés chez nos partenaires. 

 
Dès à présent, nous mettons en place auprès de nos clients, distributeurs professionnels, des points de collecte avec des big bag VALORELY pour qu’ils puissent proposer à leurs clients, entreprises de BTP et agriculteurs, de récupérer leurs déchets. En fonction de la quantité à collecter, nous venons les récupérer, nous les ramenons sur site et nous les traitons.  


Enfin, dans l’esprit d’un circuit le plus court possible, notez qu’Elyrev est situé à proximité de notre site industriel le plus consommateur de matières régénérées, celui d’Elydan Aubagne, sur lequel nous produisons des gaines de protection et des canalisations pour l’irrigation. 
 


En quoi cette démarche est-elle avant tout tournée vers le client ?  


MT : Il ne faut pas oublier que l’utilisateur final paie pour éliminer son déchet. Nous, ce que nous leur disons, c’est « si vous faites cet effort de tri, en fonction des quantités, nous pouvons vous le reprendre gratuitement ». Cela a un coût de retraitement, mais nous sommes capables d'arriver à une nouvelle matière à un coût proche d'une matière vierge. C’est d’ailleurs le gros avantage du polyéthylène et du polypropylène, qui sont deux produits que l'on peut régénérer.  


D’autre part, il est important de distinguer nos clients directs du réseau de négoce auquel nous nous adressons aujourd'hui. Ces derniers ne sont pas les utilisateurs du produit, mais ils ont à cœur de pouvoir proposer à leurs clients une solution logistique pour récupérer des rebuts de chantier ou des produits issus d'un renouvellement de réseau.  


Par exemple, pour les agriculteurs qui ont une problématique d’élimination des tourets de polyéthylène qu’ils n’utilisent plus. Nous avons développé un système de camion avec une remorque équipée d’un broyeur pour aller directement chez les agriculteurs. Ainsi, lorsqu’ils ont besoin de renouveler leur réseau (enrouleurs PE, couronnes d’irrigations, etc.), nous venons sur place et nous nous chargeons de broyer puis d’évacuer leur PE.


Quelles sont les spécificités du recyclage du polyéthylène et du polypropylène, que vous utilisez ?  


MT : Il y a deux façons de recycler : soit mécaniquement, en broyant puis régénérant, soit chimiquement, mais cela nécessite des investissements très lourds que seuls de très gros acteurs  de la pétrochimie peuvent se permettre. Dans la seconde solution, on récupère de façon chimique les hydrocarbures que sont l'éthylène (du PE) et/ou le propylène (du PP) qu'il y a dans le produit pour en refaire un produit vierge. 


La solution Valorely propose un recyclage mécanique beaucoup moins gourmand en énergie que le recyclage chimique, après un tri d’identification du type de polymère, le produit est broyé, nettoyé et extrudé pour se présenter sous forme de granulés de matière. Après une série de tests rigoureux par lot, la matière est prête à l’emploi pour la fabrication de nouveaux tubes et gaines dans les usines du groupe.
 

Quel impact cela représente-t-il en termes d’émissions de CO2, empreinte carbone ?

 
MT : Il est encore tôt pour que nous puissions avoir des données issues de notre propre expérience, mais il est possible de trouver d’autres sources. Pour avoir une idée, nous estimons que le recyclage d'une tonne de plastique équivaut plus ou moins à une économie de 830 litres de pétrole. Selon le syndicat des régénérateurs de matières plastiques, 736 657 tonnes de plastiques sont recyclées mécaniquement, en 2021, cela représente  un potentiel d'économie de CO2 de plus d’un million de tonnes.  
 


Comment le recyclage s’inscrit-il dans la politique RSE globale d’Elydan ?  


MT : L’économie circulaire et la protection de l'environnement sont au centre de notre politique RSE depuis de nombreuses années. Le recyclage, pour nous, est l’un des outils pour atteindre nos objectifs d'augmentation du taux d'incorporation que nous nous sommes fixés dans nos produits. C’est donc naturellement que nous avons obtenu le label MORE, qui est l’un des moyens de communiquer nos actions à nos clients.  
Plus globalement, nous travaillons sur tous nos produits dès leur conception pour essayer de tenir compte de cette volonté d'intégrer plus de matières premières recyclées et donc de contribuer à ce cercle vertueux.  
 

Quels axes de développement voyez-vous en priorité pour Elydan, sur cette question du recyclage précisément ? 


MT : Nous avons effectué un investissement de 3 millions d’euros pour la création d’Elyrev et la solution Valorely qui est en train de se mettre en place, avec un objectif de traitement de 2 500 tonnes de produits par an.  


Nous sommes également positionnés sur une extension de nos locaux actuels, correspondant aux volumes que nous avons prévus pour la suite, et ainsi passer à une surface de 3 700 m² de locaux sur 13 600 m² de terrain, qui nous permettront de traiter jusqu'à 10 000 tonnes de produits dans un horizon de 5 ans.  


L’objectif à terme est également d'élargir notre zone de collecte autour de chacun de nos sites, présents un peu partout en France. Cela nous permettra, en dupliquant notre processus, de couvrir presque tout le territoire.  
 
 

Propos recueillis par Amandine Martinet pour Construction21

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