Allain Bougrain Dubourg: “Favoriser la nature en ville est une nécessité!”

Rédigé par

Sabine de Pellegars-Malhortie

Déléguée à la vie associative

2823 Dernière modification le 08/02/2017 - 11:38
Allain Bougrain Dubourg: “Favoriser la nature en ville est une nécessité!”

Grand défenseur de la nature et de la cause animale, Allain Bougrain Dubourg plaide pour une plus grande prise en compte de la biodiversité dans les opérations de construction et d’aménagement.

Pourquoi est-il essentiel de préserver la biodiversité ?

Le constat est dramatique : une espèce de batraciens sur trois, une espèce de mammifères sur quatre et une espèce d’oiseaux sur huit est en voie de disparition. Il est urgent d’agir ! Car il est encore possible d’inverser la tendance. Il y a 40 ans, les vautours fauves avaient disparu du ciel cévenol. Ils sont aujourd’hui des centaines.

Le problème est qu’il est plus difficile de se mobiliser pour la préservation de la biodiversité que pour la lutte contre le changement climatique, dont nous voyons les consé­quences et pour laquelle nous savons comment agir. Le combat pour la préservation de la biodiversité est bien plus difficile à porter. Nous sommes encore très peu à mesurer l’importance de la pollinisation...

Il est grand temps de se mobiliser, y compris dans nos villes. Quel peut être le rôle de HQE™ ?

Le territoire est de plus en plus urbanisé au détriment des espaces naturels et agricoles. Il faut donc densifier ces espaces urbains existants en y développant une certaine qualité de vie. Favoriser l’installation de la nature en ville n’est pas une solution pour protéger la biodiversité mais une nécessité pour rendre nos villes plus viables ! La nature en ville rend de nombreux services écosystèmiques : régulation de la température, absorption des eaux de surface, atténuation du bruit, capture des polluants de l’air et de l’eau, mise à disposition d’espaces de beauté et de calme...

HQE joue un rôle essentiel d’information, de sensibilisation et de challenge des acteurs de l’immobilier en les invitant à améliorer leurs pratiques.

Comment limiter l’impact d’une construction ?

Commençons par un bon diagnostic. Si les parcelles à faible potentiel écologique peuvent être imperméabilisées, celles qui présentent un haut potentiel doivent être converties en espaces verts gérés de façon écologique, en conservant la faune et la flore initiales, en prévoyant des aménagements qui favorisent le développement de la faune: haies, mares, murets de pierres sèches...

Les formes et les volumétries du bâtiment entrent ensuite en ligne de compte. Il est essentiel de prévoir des corridors écologiques qui assurent la liaison entre les différents éléments de nature du territoire : parcs et jardins, ouvrages hydrauliques végétalisés, cours d’eau, mares, bois classés, zones humides...

Quels aménagements peuvent favoriser la biodiversité ?

Toutes les surfaces en contact avec le vivant peuvent favoriser la biodiversité en apportant un support de vie. Je pense aux gîtes et nichoirs intégrés pour les oiseaux et les chiroptères, aux plantes grimpantes, aux toitures végétalisées...

Les concepteurs doivent aussi repérer et neutraliser les pièges potentiels. Éviter les parois de verre transparentes ou réfléchissantes, les bassins aux pentes abruptes et lisses, les poteaux creux ou les éclairages permanents et dirigés vers le ciel.

Le rôle des élus

Les élus qui agissent à l’échelle du territoire communal peuvent jouer un rôle capital. Allain Bougrain Dubourg leur recommande de se rapprocher des associations naturalistes locales, qui les aideront à construire leur Atlas de la Biodiversité Communale. L’objectif est de diagnostiquer les enjeux et les priorités pour ensuite favoriser le déploiement de la Trame verte et bleue (TVB) lors de la planification de programmes d’urbanisation, d’habitations, de bureaux ou d’infrastructures.

Extrait de l'ouvrage "Au coeur de nos vies", Editions PC, janvier 2017
Prix : 20 euros
Diffusion:  Eyrolles
 
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