Comment mesurer la qualité de vie dans les villes intelligentes?

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youris.com EEIG

3550 Dernière modification le 18/04/2016 - 14:00
Comment mesurer la qualité de vie dans les villes intelligentes?

De l'Internet des objets à l'internet des objets "significatifs". Aujourd'hui, plusieurs indicateurs visent à quantifier l'intelligence de nos villes. La prochaine étape sera de créer un thermomètre de la perception du bien-être par les citoyens. 

Du niveau de pollution au nombre d’accidents de la circulation en passant par un espace public plus sûr ou encore un chauffage plus efficient dans un bâtiment : dans quelle mesure l’intelligence d’une ville peut-être quantifiée? Est-il possible de mesurer la qualité de vie pour une aire urbaine au travers de paramètres numériques ?

Tout est question d’une collecte de données fiables et qui donnent un sens aux chiffres recueillis. Sans faire parler les nombres, des indicateurs tels que le taux de pénétration des smartphones, la production d'énergie renouvelable et l'accès à Internet des ménages vont tout simplement rester des chiffres stériles.

En Europe, différentes organisations essayent d’identifier les meilleurs indices pour une intelligence urbaine.

« L’une des principales conclusions est que des statistiques pertinentes et mises à jour sont généralement manquantes », explique Philippe Compère qui collabore avec Remourban, un projet qui a pour but d'élaborer un modèle de régénération urbaine reproductible pour les villes de taille moyenne.

Il ajoute, « Certaines villes manquent d’information, et là où les ressources existent, elles ne sont pas au niveau de la ville. Par conséquent, il y a un besoin urgent de données ouvertes (Open Data). Cela devrait être rassemblé pour toutes les villes européennes, et disponible et analysable par tous. »

Il est apparu que l’on retrouve étonnamment plus de lacunes dans le secteur de l'énergie que dans la mobilité ou la technologie de l'information, malgré le fait que l'alimentation en énergie reste une priorité stratégique dans tous les pays.

 Les villes intelligentes devraient représenter des services améliorés pour les citoyens, une administration plus responsable et un impact moindre sur l’environnement. Dans ce contexte, est-il également possible de mesurer le bien-être de la population ?

Il y a eu une tentative pour recueillir ce genre de données plusieurs fois par an à travers les 34 pays de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Depuis 2014, des comparaisons ont été faites avec neuf critères, des données ouvertes disponibles pour les chercheurs et les citoyens. Ils comprennent l'accès aux services, l'engagement civique, l'environnement, le revenu individuel, l'emploi et l'éducation.

Il est difficile de réaliser des comparaisons internationales significatives pour produire un indice de satisfaction du niveau de vie. "Ceci est un signe de la richesse et la diversité des différents endroits », relate Paolo Veneri, économiste à l'OCDE, qui explique que leur objectif est « d'établir des priorités » dans le but d'améliorer efficacement le niveau de vie des gens.

Miimu Airaksinen est professeure de recherche au Centre de recherche technique de Finlande et elle a pris part au projet CITYkeys, qui développe des indicateurs de performance et des procédures de collecte de données pour surveiller et comparer les solutions de ville intelligente à travers les villes européennes.

Elle souligne, « aujourd'hui, nous parlons beaucoup de l'internet des objets, mais nous devrions concentrer davantage sur l'Internet des objets significatifs". En ce sens, "les valeurs des indicateurs doivent être flexibles », explique-t-elle, "car il est très important de comprendre la vision globale plutôt que de se concentrer sur l'optimisation des indicateurs."

Le professeur Roberto Masiero, de l'Université IUAV de Venise, commente, en illustrant avec un exemple pratique :  «Ce n'est pas la longueur des pistes cyclables qui compte, mais plutôt ce qu'elles signifient pour les gens. Cela peut se référer à des questions de sécurité pour les enfants, aux aspects culturels et à la façon dont les gens utilisent les espaces publics mis à leur disposition. Le point n’est pas de savoir dans quelle mesure nous sommes intelligents, mais comment ?

La grande question ouverte qui demeure, c’est de savoir comment corréler les résultats numériques des indices avec la perception réelle de la qualité de vie. Comment une transition est possible entre des mesures objectives d’intelligence et une perception intangible de bien-être ?

« L’intelligence n’est pas la technologie », dit Masiero, « L’intelligence doit être à la fois citoyenne et de l’administration publique qui doit construire un vrai dialogue avec le peuple. Une ville intelligente est au-dessus du tout compris, ce qui signifie qu’elle doit donner la capacité et la possibilité à tous d'être un citoyen actif ".

Airaksinen ajoute un autre point : « La qualité de vie perçue dépend des relations familiales et du contexte. Ce qui n'est pas inclus dans la plupart des schémas, qui ne prennent en compte que les éléments quantifiables ".

Enfin, que devrions-nous attendre de ce travail stimulant sur les indicateurs ? Si les chercheurs réussissent à les améliorer et en offrant de nouveaux outils pour les décideurs politiques, alors la qualité de vie dans nos villes sera probablement nettement améliorée. 

Par Gianluca Dotti

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