Archisobre : repousser les limites du bas carbone
Mis en œuvre par Bouygues Construction avec l’agence Franck Boutté Consultants, le concept building Archisobre vise à généraliser la construction très bas carbone dans le secteur tertiaire, en se focalisant sur cinq sujets majeurs.
Comment allier sobriété et immobilier tertiaire ? Telle est la réflexion menée par Bouygues Construction (voir interview Construction21) avec l’agence Franck Boutté Consultants, Grand Prix de l’Urbanisme 2022. Cette collaboration a abouti au concept Archisobre, qui divise par trois l’empreinte carbone moyenne des bureaux actuellement en construction. Avec 292 kg éq. C02/m², ses performances sont inférieures à 40 % à la RE2020 objectif 2031.
Pour y parvenir, plusieurs principes ont été définis, à commencer par l’élaboration d’un bâtiment alliant économie de matière et qualité d’usage (utilisation du bois, optimisation du taux de vitrage, ventilation traversante). Il est également question de mettre la matière au bon endroit (en consommer le moins possible en valorisant les finitions brutes, en privilégiant les matériaux de réemploi, biosourcés à base de matières recyclées) ; de préserver le confort thermique et énergétique sans climatisation (rafraîchir avec des systèmes de brasseurs d’air, promouvoir la low tech) ; d’être en cohérence avec son environnement en concevant un bâtiment agréable à vivre (lieux de convivialité extérieurs, terrasse, balcon…) ou encore de favoriser les mobilités douces (locaux vélos avec vestiaires et douches). Et enfin, imaginer la réversibilité et l’évolutivité des projets.
Le secteur du bâtiment représentant 23 % des émissions de CO2 en France au cours de l’année 2022 - (Ministère de la Transition écologique)
Un triptyque de sites et de projets
En 2023, trois projets de bureaux ont été interprétés par trois cabinets d’architectes sur trois sites différents afin de répondre au concept Archisobre. Des exercices de style comme autant d’inspirations pour l’architecture durable de demain.
Dans le Nord, avec Duplantier Architectes, la part belle est faite à la terre crue. Les façades est et ouest sont composées de murs en pisé qui ont pour objectif de générer une inertie forte. De grandes terrasses orientées au sud permettent des espaces extérieurs de qualité tout en apportant la juste quantité de radiants maîtrisés par des brise-soleil. Enfin, à l’intérieur du bâtiment, des voûtes nubiennes composent le centre des plateaux afin de donner des espaces chaleureux tout en régulant l’hygrométrie.
En Île-de-France avec NeM, le projet mise sur le réemploi des matériaux et l’approvisionnement local. À partir d’un projet francilien en déconstruction, des éléments ont été identifiés et ont structuré l’ensemble du projet. Ainsi, de nombreux matériaux réemployés trouveraient une seconde vie. À l’exemple de la façade, qui est composée à 75 % de châssis de réemploi qui font office de bardages et brise-soleil, ou encore des murs en béton recyclé qui jouent le rôle de régulateurs thermiques en se déchargeant de leur chaleur ou de leur fraîcheur.
Dans le Sud-Est avec Coldefy, le projet est conçu tel un riad contemporain, véritable patio fertile végétalisé bioclimatique. Grâce à la fraicheur disponible au cœur du projet et la mise en place de tours à vent en toiture, l’air frais du patio est capté par les bureaux afin de les rafraîchir. Des coursives élégantes et végétalisées sur les façades est/ouest/sud permettent de créer des espaces de bien-être tout en jouant le rôle de brise-soleil. La suite des opérations consiste désormais à impulser l'échange avec les collectivités et les investisseurs sur le très bas carbone sur la partie promotion. Et côté construction, à garantir un poids carbone maximum pour les opérations en conception-réalisation.
À suivre…