Comment donner une vision chiffrée du réemploi ?

  • par SYLVIE AUGE
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  • le 2022-11-16 11:00:00
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  • France
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Si le réemploi est plébiscité aujourd’hui dans la déconstruction (identification, dépose, trouver des repreneurs) et dans l’incorporation d’éléments de réemploi dans la construction, il est difficile de mesurer précisément ce taux. Et pourtant les outils existent…BATIRIM en fait la démonstration.

Fixer les objectifs, comment en définir le bon niveau.

Lorsque NEXITY a confié à BATIRIM la mission d’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour leur chantier de déconstruction de Saint Ouen, nous avons réalisé ce que nous pensons être la pièce maîtresse du processus, le diagnostic PEMD. Le relevé terrain des ressources, numérisé sur plan 2D, qui a permis d’effectuer un calcul automatique des tonnages par matériaux et de recenser une série d’éléments éligibles au réemploi.



Faisant suite à cet inventaire, un catalogue réemploi a été soumis à la MOA avec des informations techniques qui sont une aide à la décision telles que les modalités et les coûts de dépose, les intérêts sur le marché, les éventuels repreneurs (filière ou entreprise), les impacts délais, stockage, etc…issues d’études. 

Cette première approche que constitue le diagnostic PEMD et une phase d’études complémentaires, ont permis à la MOA d’avoir une vision globale des éléments éligibles au réemploi et de définir en toute connaissance de cause la stratégie réemploi qu’il voulait voir opérer sur leur chantier. C’est cette dernière que BATIRIM a décliné dans les clauses du CCTP (objectifs de tri et de remploi) selon des éléments tangibles de réflexion : des données réelles issues de REX, de test de faisabilité et d’analyse de données (budgétaire, sociales, environnementales, assurantielles, etc…). Il est évident que la qualité du diagnostic PEMD doit être la plus fiable possible en termes de relevé d’informations d’où l’appui du digital.
 

Outils et méthodes

Sur son chantier de déconstruction allant accueillir la future piscine Olympique à Saint Denis, la Métropole du Grand Paris avait imposé au déconstructeur CARDEM des objectifs de réemploi, valorisation et recyclage. CARDEM a donc fait appel à BATIRIM afin de l’aider à apporter la preuve, à consolider et suivre des indicateurs.



La MGP demandait un taux de réemploi du mobilier à hauteur de 30%. Une première étape pour BATIRIM a été de transformer ce taux en unités selon les produits mobiliers (armoire, caisson, bureaux, etc..) afin d’avoir un chiffre exact de départ et d’être en mesure de calculer les taux d’avancement.

Pour suivre l’objectif des 30% de réemploi de mobilier de bureau imposé, BATIRIM a choisi de s’appuyer sur un outil numérique qui quantifie, qualifie et localise les éléments. Ainsi chaque mobilier était qualifié selon son état :  bon, moyen ou mauvais. Les mobiliers en bon état étaient destinés au réemploi à la vente, ceux en moyen état au réemploi en dons, et ceux en mauvais état à être pris en charge par les éco organismes. 

Au total 4674 unités de mobiliers de bureaux ont été identifiés, avec un réemploi de 4025 unités soit un taux de 86%.

Aujourd’hui l’outil met à disposition un bon de cession dématérialisé identifiant le produit, la typologie de repreneur (particulier, associations, ESS, etc…), le lieu de destination du produit, le tout avec photo et signature dématérialisée sur une tablette.



Le fait de pouvoir dématérialiser l’ensemble des informations du bon de cession permet ainsi de mettre en avant certaines données comme l’illustre notre schéma « nombre de repreneurs par typologie ».
Cette information est particulièrement importante dans le cas de cession organisée pour le compte d’établissements publics pour lesquels la typologie des repreneurs est encadré par l’article L3212-2 du CGPPP.

Bien sûr, la mesure de l’impact écologique du réemploi est aussi une donnée à exploiter. L’outil RIM® qui centralise les bons de cession permet d’analyser les informations collectées sur les volumes par exemple de mobilier sur le chantier de Saint Denis. Nous avons comparé les émissions qu’auraient générés le recyclage et la collecte par des éco-organismes, et celle générées par le transport du mobilier réemployés. Nous obtenons un bilan de 6,52 tonnes de C02 économisées, soit une réduction de 40,16% des émissions. Soit l’économie de plus de 6 allers-retours Paris/New York.

L’ensemble des bon de cessions alimentent automatiquement un registre réemploi. Cette dématérialisation documentaire permet de créer un outil de traçabilité des éléments de réemploi et de transformer ces informations en indicateurs factuels.

Comment valoriser les indicateurs ?

Faire parler les chiffres. Transformer les objectifs en indicateurs sociaux et environnementaux

Toujours sur le  chantier de Saint Denis, les 160 tonnes de mobilier distribués en don ont permis de créer de la valeur à hauteur de 362 655€ estimé sur le marché de seconde main. Ce réemploi monétisé a permis d’augmenter le pouvoir d’achat des repreneurs puisqu’ils n’ont pas eu à l’acheter !

Le réemploi dans la construction

La définition d’objectif de réemploi dans la construction cherche encore son modèle . Faut-il partir d’un CA réemploi à imposer aux promoteurs ? ou faut-il imposer un tonnage ? ou encore un nombre d’éléments ? et pourquoi pas un taux…

BATIRIM travaille avec l’architecte Iana Stoyanova, spécialisée dans le réemploi, sur la définition des processus d’incorporation en face conception puis construction de ces éléments de réemploi. Iana, au travers d’une thèse sur le réemploi, pose les scenarii d’approvisionnement, les freins assurantiels, les démarches de contrôle et les possibilités de réemploi concrètes avec les architectes et les MOE paysages et aménagement des projets.

Elle travaille avec une vision systémique de ce processus, qui intègre également la réhabilitation, afin de pouvoir analyser par typologie de projet les réalisations possibles en termes d’incorporation de réemploi.
Demain, en consolidant toutes les expériences, de vrais objectifs et méthodologies de réemploi dans la construction vont se concrétiser et pourront être monitorés, notamment  grâce à l’outil RIM®.

Un article signé Sylvie Augé, Directrice Commerciale chez batiRIM.


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