Attention à l'effet rebond!

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Bien connu des professionnels de l’énergie, l’effet rebond s’invite dans le débat à l’occasion d’une note du Conseil d’analyse stratégique, diffusée mardi 5 février. Ce phénomène décrit la propension qu’ont les consommateurs à « profiter » d’une meilleure efficacité énergétique de leurs équipements pour relever leur niveau de confort, et donc annuler les économies d’énergie obtenues. Il peut se produire à la suite de travaux d’isolation : un logement mieux isolé, moins consommateur, incite l’occupant à augmenter la température d’un ou 

deux degrés, sans culpabiliser. « L’effet rebond est difficilement mesurable, mais il peut annuler de 5 à 50 % des gains », avance Vincent Chriqui, directeur général du CAS. Toutefois, certains effets rebonds partent d’une bonne intention. Ainsi, l’usager a tendance à laisser sa lampe à basse consommation allumée dans une pièce vide, car il a entendu dire que l’allumer et l’éteindre fréquemment réduisait sa durée de vie, et qu’à l’allumage, l’appareil surconsommait légèrement.

Dans sa note, élaborée avec l’aide du Crédoc, le CAS se limite au logement : chauffage, éclairage, consommations spécifiques. Il relève que l’efficacité énergétique réalisée grâce aux progrès techniques sur le gros électroménager s’est grandement améliorée, notamment grâce à l’étiquette énergie, récemment refondue dans une nouvelle échelle (A++, A+, A, etc.). Mais en parallèle, le parc a grossi, et d’autres consommations spécifiques sont apparues, avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication : ordinateurs, chargeurs de téléphone, box Internet, etc. L’AIE s’en est émue dans une étude de janvier : les NTIC mangent 5 % des consommations électriques dans le monde, 10 % en Europe. Leur prélèvement d’énergie sur le réseau risque de doubler à l’horizon 2022, prévient l’agence, en se basant sur le chiffre de 100 milliards d’appareils connectés. Côté chauffage, une étude britannique de 2007 montre qu’à la suite de travaux de rénovation énergétique, « on enregistre un décalage moyen d’environ 30 % entre les économies prévues et les économies réalisées ».

Pour enrayer l’effet rebond dans le logement, le CAS plaide pour généraliser diverses incitations comportementales. À commencer par les concours de citoyens, en premier lieu dans les régions où le réseau électrique est fragile (Bretagne, Paca). Ces initiatives de quartier peuvent être encadrées par un coach, qui conseille les habitants, à la manière des concours de tri des déchets, comme l’a fait le programme « Ma ville est au courant » en Paca. Deuxième type d’incitations possibles : l’information sur la facture. Aux habitants de logements anciens ayant entrepris des travaux de rénovation thermique, le CAS propose par exemple l’ajout, sur la facture d’électricité, de fioul ou de gaz, d’informations sur les économies à attendre. Dans le neuf, ces informations porteraient sur la consommation moyenne d’un ménage économe de taille identique. Mais pour le CAS, il faut trois conditions pour que l’opération soit un succès : choisir un public large, l’accompagner sur le long terme (plus d’un an), et impliquer les collectivités locales.

Source : Guillaume Maincent - Enerpresse


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