Retour sur la conférence Gimelec/Construction21 : « Les clés pour réussir son BACS »

Retour sur la conférence Gimelec/Construction21 : « Les clés pour réussir son BACS »

 

Depuis le 7 avril dernier, un nombre important de bâtiments tertiaires sont soumis à une nouvelle obligation : l’installation de systèmes numériques dits « GTB ». Le but ? Mieux piloter leurs consommations électriques et énergétiques pour décarboner leurs activités. Lundi 22 mai, le Gimelec et Construction21 ont organisé une conférence dédiée au nouveau décret. Décryptage.

Les candidats étaient nombreux à se réunir autour des « Clés pour réussir son BACS », l’événement organisé par Gimelec et Construction21, sous le patronage des ministères de la Transition écologique et Solidaire, et de la Transition énergétique. Un mois après l’adoption du décret BACS révisé, cette journée d’échange entre les acteurs du pilotage énergétique et numérique du bâtiment a tenu ses promesses : ouvrir le dialogue, encourager et faciliter le passage à l’action. 

 « En tant qu’acteur de cette transition, l’objectif est de tout faire pour permettre à notre pays d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, a témoigné Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, en ouverture, rappelant que la diminution des consommations d’énergie, grâce à la sobriété et l’efficacité énergétique, était un pilier majeur de la feuille de route gouvernementale. Le secteur du bâtiment, qui représente 43 % des consommations énergétiques et 23 % des gaz à effet de serre de la France, joue donc un rôle majeur. « A cet égard, le déploiement des systèmes de contrôle et d’automatisation des bâtiments est une avancée majeure pour la gestion énergétique du parc tertiaire. Avec les BACS, c’est un dialogue crucial pour l’évolution de nos usages et de la consommation d’énergie de nos bâtiments qui se noue, entre toutes les parties prenantes. »


BACS : retour aux fondamentaux 

Outre un système de contrôle et d’automatisation du bâtiment, le BACS représente donc un levier déterminant dans ce grand défi de sobriété et de décarbonation. On en rappellera quelques fonctionnalités : suivre, enregistrer et analyser en continu, par zone fonctionnelle et à un pas de temps horaire les données de production et de consommation énergétique des systèmes techniques du bâtiment ;  situer l’efficacité énergétique du bâtiment par rapport à des valeurs de référence ; détecter les pertes d’efficacité des systèmes techniques ; informer l’exploitant du bâtiment pour analyse et amélioration et enfin, permettre un arrêt manuel et la gestion autonome des systèmes techniques reliés au BACS. 

 

Nouveau décret : quoi de neuf ? 

Si le premier décret (20 juillet 2020) portait sur l’obligation d’installation de GTB et de contrôle continu et automatisé des équipements de CVC - se limitant aux bâtiments d’environ 2 000 m2 (puissance nominale supérieure à 290 kW) - trois ans après, le nouveau décret (n° 2023-259 du 7 avril 2023) s’est élargi aux bâtiments tertiaires d’environ 1 000 m2, avec un seuil de 70 kW. La nouvelle disposition implique également une inspection périodique obligatoire, dans les 2 ans suivant l’installation/le remplacement du BACS, puis tous les 5 ans. 
Alors que seuls 6 % des bâtiments tertiaires sont actuellement équipés de GTB, l’enjeu est donc de taille ! 

 

Table ronde : opportunités ? Contraintes ? Les pros arbitrent ! 

Bien connaître ses consommations, c’est déjà le début d’une stratégie décarbonation ! « Le BACS permet d’automatiser des gestes d’économie d’énergie que l’on n’aurait pas pu réaliser autrement », souligne Amandine Vernier, cheffe de produit réglementation énergétique des bâtiments (DGALN/DHUP). Outre les coûts post-travaux qu’elle estime « relativement raisonnables par rapport à d’autres travaux de performance énergétique », la plume du décret rappelle qu’il est un moyen plus qu’une contrainte pour atteindre les objectifs recherchés mais aussi réglementaires (Eco Energie Tertiaire, plan de sobriété…), sans oublier l’inspection et l’interopérabilité qu’il impose, un « élément nouveau et important pour sa mise en œuvre réelle dans les bâtiments ». « Le BACS, ce sont des dispositions minimales : il faut le voir comme une opportunité d’aller plus loin, de faire plus d’économies et d’installer des systèmes encore plus performants. »

Le BACS, c’est encore l’opportunité de « consommer au bon moment », note Yannick Jacquemard, directeur Nouvelles Flexibilités pour le système électrique (RTE), et de considérer que l’électricité n’est pas disponible de la même façon, à chaque instant. « Voilà pourquoi le BACS est utile : il permet de piloter, apprendre et bien dimensionner ses systèmes. Dès lors, il est nécessaire que les fournisseurs déclinent des offres en ce sens, et que tout l’écosystème prenne collectivement conscience qu’il faut consommer différemment. » Perçu comme un facilitateur dans « l’optimisation de la consommation, du confort, du carbone et du coût », observe Csongor Csukas, porte-parole de l’Alliance Immobilière pour la Convergence Numérique (AICN), son succès repose également sur une mobilisation totale de la filière, des échanges fluides, l’interopérabilité et les compétences nécessaires pour exploiter et inspecter, « les données qui découlent de ces compétences devant être en outre parfaitement maîtrisées. » 

Gage de réussite, la coopération entre exploitant et utilisateur en est même un des piliers, considère Christophe Rodriguez, directeur général de l'Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB) : « Elle est d’ailleurs souvent l’étincelle de départ qui va permettre une réappropriation du bâtiment et d’aller plus loin dans l’économie d’énergie. » Si la GTB en est le « muscle » voire le « cerveau », « il ne faut pas pour autant s’attendre à ce qu’elle solutionne tout par miracle, nuance-t-il. Derrière le système, il reste un tas d’éléments à activer ; et le recommissionnage rentre en compte. » 

Au cœur des enjeux, l’humain, et ainsi l’ensemble des parties prenantes de l’exploitation du bâtiment, devra nécessairement monter en compétence et en connaissance sur le sujet BACS. Un aspect déterminant pour les parcs privés, publics et notamment les collectivités, confirme Adam Soussana, chargé de mission Sobriété et Flexibilité énergétique – ACTEE (FNCCR). « En réponse, l’accompagnement, la formation des professionnels et le financement sont autant de leviers identifiés. Sur le volet financement, si les CEE et le coup de pouce proposé jusqu’au 31 décembre permettent en partie de financer les systèmes, celui-ci doit également couvrir les aspects satellites que sont les RH, les études… soit tout ce qui gravite autour de la GTB. » Côté formation, « il y a encore du boulot », conclut Christophe Rodriguez, pour qui le défi est collégial et l’apprentissage, sur le terrain. « Dans cette responsabilité collective, il faudra maîtriser la mise en œuvre de ces installations sur l’ensemble de la chaîne de valeur. »

 

BACS, les clés du succès 

Réduction de la facture énergétique, performance des bâtiments adaptés aux besoins, choix des meilleurs investissements, décarbonisation, mise en conformité aux nouvelles obligations réglementaires… Pour le Gimelec, groupement des entreprises de la filière électronumérique française, la réussite du BACS et l’atteinte de ses objectifs passera par la « confiance accordée par toutes les parties prenantes », mais également par 6 clés dévoilées en exclusivité : 

•    Anticiper et bien concevoir son projet en amont (cadrer la solution retenue et nommer une équipe de suivi compétente, une étape décisive pour l’ancrage dans la durée des projets BACS) avec Florent Deroche, Directeur de Cyrisea.


•    Planifier la digitalisation de son bâtiment (un système ouvert et connecté vers l’extérieur sera un gage d’évolutivité) avec Rachid Khadir, Directeur Régional d'activité chez Siemens.


•    Mettre en œuvre un plan de mesurage réfléchi selon les objectifs fixés (mesurer pour savoir, savoir pour agir mieux) avec Fabien Dubuis, Responsable pôle efficacité énergétique & intelligence de la donnée chez Legrand Energies Solutions.

 


•    Piloter l’ensemble des usages du bâtiment pour une performance durable (le BACS réglementaire donne l’impulsion pour une approche plus large : confort des occupants, facilitation de l’exploitation des bâtiments, intégration de nouveaux usages…) avec Nathalie Champeaux, Directrice marketing digital building pour Schneider Electric.


•    Réaliser un audit efficace pour minimiser l’impact carbone (la grande majorité des projets est réalisée dans des bâtiments existants, la bonne analyse et la prise en compte des installations initiales permet un ancrage vertueux du projet), avec Franck Mouchel, responsable du segment tertiaire chez ABB France.


•    Prévoir le commissionnement du projet (et son reconditionnement périodique) avec Cyril Pouet, Directeur général chez SPIE Facilities.


 

Une question sur le BACS ? Suivez le guide ! 

Pour aller plus loin, connaître les bonnes pratiques, comprendre plus en détail les objectifs attendus par le décret, rendez-vous sur le guide dédié au BACS.
 

Consulter    

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Ci-dessous les différents éléments présentés au cours de cette journée :

Dossier de presse  Support de présentation

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Rédigé par

La rédaction C21

Modérateur

Paul Capgras