Inventer une architecture qui incarne la transition écologique avec le Mouvement Unisson(s)

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

2942 France - Dernière modification le 15/12/2022 - 11:21
Inventer une architecture qui incarne la transition écologique avec le Mouvement Unisson(s)

L’initiative Unisson(s) pour aller vers une architecture bas carbone et du vivant a vu le jour en 2022. Le but ? Informer, sensibiliser et mobiliser les acteurs du secteur de l’architecture pour aller vers des pratiques plus vertueuses et respectueuses de l’environnement. Pour mieux comprendre comment le mouvement souhaite faire évoluer les professionnels, nous avons échangé avec Nicolas Delalande et Sébastien Tabourin de l’agence d’architecture ADT-Atelier Delalande Tabourin et Pierre Darmet, Directeur Marketing et Développement commercial des Jardins de Gally, tous trois mobilisés au sein du mouvement Unisson(s). 

« Lorsque l’on sait que 40% des émissions de gaz à effet de serre proviennent du bâtiment, en tant qu’architecte, on se dit que l’on doit arrêter de construire comme nous le faisions jusqu’à présent ».

Sébastien Tabourin résume ainsi plutôt bien la raison d’être du mouvement Unisson(s), qu’il a rejoint il y a un peu plus d’un mois avec son associé architecte Nicolas Delalande. 


Pierre Darmet, présent depuis le début du projet, ajoute que ce secteur a également un impact sur le vivant : l’urbanisation entraine la fragmentation des milieux, une des cinq pressions majeures en cause dans l’effondrement de la biodiversité. « Il ne faut pas oublier le sol et l’eau, support et ressource de vie ». Il nous explique que  le mouvement Unisson(s) a été initié en 2022 par Laetitia George, professionnelle de l’immobilier et administratrice de l’IFPEB, qui a souhaité fédérer le milieu des architectes, mais aussi l’ensemble des composantes de la maîtrise d’œuvre (paysagistes concepteurs, titre reconnu par la loi des « architectes paysagistes », urbanistes…) L'ambition ? Donner la parole à tous ces acteurs, les faire échanger pour trouver des solutions de décarbonation de leur activité, lutter contre le réchauffement climatique, renforcer le lien entre les habitants et le vivant et par la même façon, « inventer une esthétique pour la transition écologique »

 


Pour Pierre Darmet, il y a « un élément déclencheur » sur lequel tous les membres d’Unisson(s) se sont retrouvés : « nous nous accordons sur la nécessité d’agréger des concepts existants, nous n’inventons pas nécessairement quelque chose de nouveau d’un point de vue architectural et paysager. L’enjeu est de dépasser les données environnementales et leur accumulation façon catalogue pour en faire une synthèse sensible, inventer des compromis qui ne soient pas ‘eau tiède’ mais vibrants, pour être vivables. En d’autres termes, ce n’est parce que c’est écologique que ça ne peut pas être fantastique ! »  Et Sébastien Tabourin de renchérir : le but, c’est de « donner à d’autres l’envie de nous rejoindre pour réinventer la ville », notamment les jeunes, mais aussi « sensibiliser les décisionnaires politiques » à ces différentes problématiques. Et pour cause, selon lui, « la conscience écologique est présente chez presque tout le monde, mais il y avait encore peu d’engagements de la part des architectes ». 


Pourtant, cette profession a un rôle majeur à jouer pour la décarbonation des bâtiments en France. Comme l’affirme Nicolas Delalande, « les architectes apportent une vision globale, homogène et cohérente à un projet » car ils ont le recul nécessaire pour. L’objectif de ce métier est aussi, selon lui, de se remettre en question à chaque projet pour aller vers des pratiques plus vertueuses.  


Autre constat : si « la place du beau et de l’émotion est très importante » en architecture, elle est selon eux, encore trop souvent oubliée dans les projets vertueux et écoresponsables. C’est aussi là tout l’objet du mouvement Unisson(s). L’initiative va permettre notamment de mettre en avant des projets architecturaux esthétiques tout en employant des méthodes respectueuses de l’environnement, pour pouvoir s’inspirer les uns les autres. 

 


Et les exemples ne manquent pas ! Chez ADT notamment, Sébastien Tabourin nous explique qu’il s’agit pour chaque nouvelle réalisation de simplement « construire avec les ressources disponibles sur le territoire sur lequel nous nous trouvons ». Autre projet intéressant, la réhabilitation et l’extension d’une maison grâce au réemploi des déchets d’une briqueterie Francilienne. L’agence mène également, avec la Cité de l’architecture et du patrimoine et la région de Bretagne, un projet de «pavillon manifeste du réemploi». Une construction qui sera réalisée (en mars 2023) avec la matière oubliée de la carrière Rault-Granit, près de Rennes. Car c’est en moyenne 80% de perte de matière première granit qui y est délaissée,  principalement pour cause de défauts esthétiques ou physiques. Chose à laquelle ADT souhaite remédier à travers son travail. Plusieurs explorations architecturales et matérielles de la perte qui ont values à l’agence d’être récompensée par le ministère de la Culture du prix AJAP 2020.

 

La diversité de ces exemples illustre les propos de Pierre Darmet, pour qui « les manifestes d’un jour ne le seront plus forcément demain » car « il y a de nombreuses sensibilités différentes qui s’expriment », et c’est aussi là la beauté du monde de l’architecture. 


C’est certain, le mouvement Unisson(s) promet de belles perspectives. Jusqu’à quel point ? Laissons le mot de la fin à Pierre Darmet : « ce n’est pas parce que c’est ambitieux que c’est prétentieux ». 

 

Consulter le manifeste Unisson(s)

 

PARTENAIRES 

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Présidé par Christophe Rodriguez
Directeur général adjoint de l’IFPEB (Hub des prescripteurs bas carbone et CUBE)

Pierre DARMET
Directeur Marketing et Développement, Les Jardins de Gally, co-fondateur du CIBI & Animateur Radio

Guillaume MANGEOT
Architecte, directeur de l'Agence PCA

Thierry PAQUOT
Philosophe urbaniste, auteur d’ouvrages sur les utopies, la géohistoire de la pensée écologique

Anne ROUZEE
Architecte, associée d'ATELIERS 2/3/4

 

Article rédigé par Amandine Martinet pour Construction21

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Modérateur

Grégoire Brethomé - Construction21

Responsable éditorial