Reconversion de la friche Seveso de La Barillais en Écoparc
- par Ludovic GUTIERREZ
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- 2023-03-16 00:00:00
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- France
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- 60 / FR
- Energies Vertes : Production Energétique, Hydrogène, Solaire photovoltaique, Biogaz, Biocarburant, Gaz, Autre
- Economie Circulaire & Déchets : Production, Valorisation, Méthanisation, Unité de Méthanisation
- Biodiversité & Ecosystèmes : / Restauration Ecosystémique, Reconstitution des sols, Rétention Carbone /
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10 000 000 €
Depuis 2009, IDEA, entreprise spécialisée dans la logistique et le transport en vrac, a initié un projet de grande envergure : racheter graduellement le site de 19 hectares de la friche de La Barillais à Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et la transformer en un site vertueux. C'est de cette démarche qu'est né l'écoparc de La Barillais, sur lequel le stockage et le séchage de céréales et d'oléagineux côtoient diverses activités expérimentales et environnementales.
Les enjeux adressés sont multiples :
- Respecter la loi ZAN et lutter contre l’artificialisation des sols. En tant qu'entreprise de logistique industrielle, IDEA a besoin de grandes étendues pour développer ses activités. Choisir de réhabiliter des zones déjà artificialisées et polluées s'insère dans cette stratégie.
- Promouvoir la production d'énergies décarbonées. L'écoparc est un lieu d'expérimentation de nouvelles technologies pour produire des énergies renouvelables. Ces démonstrateurs permettent de valider la viabilité technique et financière de ces innovations pour permettre le passage à l'échelle industrielle.
- Réduire l'impact de ses activités routières grâce au biogaz produit sur place.
- Créer un lieu pédagogique à destination du grand public et des acteurs du territoire, avec par exemple des visites d'école.
Dépolluer et renaturer un site dangereux
La friche de La Barillais était une installation classée pour l'environnement Seveso seuil haut. Elle accueillait un site de stockage d'engrais chimique présentant des risques d'accidents majeurs. Un haut niveau de prévention y était donc maintenu. L'ancien propriétaire a entrepris la dépollution des sols. Après arrêt des activités de stockage d'engrais, une étude comparative de pollution des sols entre l’état initial - rachat de la friche par IDEA - et l’état final - arrêt du stockage d’engrais - a été réalisée, démontrant qu’il n’y avait pas de pollution supplémentaire dans les nappes.
Les 19 hectares de l'écoparc ont également permis de réintroduire du végétal sur ce site industriel. En partenariat avec Neosylva, les terrains sans usage ont été mis à profit pour développer des espaces boisés ou renaturés et reconquérir certains espaces délaissés afin d’y voir renaitre une flore et une faune. Au total, 1 000 pins maritimes, bouleaux et chênes verts ont été plantés début 2022. Ces espaces permettent également de stocker du carbone atmosphérique produit par les activités du site.
Un hub d'expérimentation pour les énergies décarbonées
Centrale photovoltaïque
Depuis 2011, IDEA a mis à profit le toit d'un grand hangar qui date du passé industriel de la friche pour l'installation d'une centrale photovoltaïque. 5 000 m² de panneaux solaires sont installés pour une production allant jusqu'à 4,5 MWh par jour en été.
IDEA mettra en service un nouveau lot solaire, sur ce site et sur d'autres de la région, cette fois-ci en tant qu'investisseur.
Unité de méthanisation
Au cœur de la stratégie de transition énergétique d'IDEA se trouve la volonté de valoriser des déchets locaux pour produire de l'énergie. La transformation de ces déchets, à proximité de leurs gisements, permet de proposer une solution locale de traitement pour les industriels, collectivités et agriculteurs, et d'en faire une ressource énergétique produite en circuit court.
La méthanisation est alors apparue comme un premier levier à activer. La proximité de la friche de La Barillais de la voie express, du port et de conduites de gaz en fait un site privilégié. L'initiative a été lancée dès 2018, et en 2022 ce sont deux immenses cuves en béton sur 1,3 hectares qui ont vu le jour. La Centrale Biogaz de l'Estuaire (CBEST) utilise les déchets de 12 exploitations agricoles et de plusieurs industries agro-alimentaires : fumiers, lisiers, boues agro-industrielles, graisses et poussières de céréales. Chaque année, 25 000 tonnes de déchets sont ainsi traitées.
La centrale produit 2,3 millions de m3 de biométhane par an, soit la consommation annuelle de 1 900 foyers. Le biogaz produit, qui est conforme à la qualité d’un gaz naturel, est directement injecté dans le réseau exploité par GRDF pour alimenter directement les consommateurs de Montoir-de-Bretagne, Trignac, Donges, Saint-Joachim et Saint-Malo-de-Guersac.
Le process de méthanisation permet également la production d'un digestat, un amendement organique qui peut être épandu sur les cultures voisines. Cet amendement se substitue ainsi aux produits chimiques des exploitations agricoles qui fournissent leurs déchets. La boucle est bouclée : les industriels se voient offerts une filière pour traiter leurs déchets et produisant une plus-value, et ils récupèrent une matière à utiliser sur leurs cultures !
Enfin, il est prévu ces prochaines années de récupérer et liquéfier le CO2 issu du processus de méthanisation pour le proposer aux maraîchers et aux industriels.
Production d'hydrogène
En 2021, IDEA a instauré un partenariat avec l'entreprise nantaise Iremia, engagée depuis plusieurs années dans le domaine d'activités de stockage et traitement du bois. De cette alliance est née Hymoov : une startup qui met à profit les expertises complémentaires de ses deux fondateurs pour diversifier les voies de valorisation de ces déchets de bois et de production d'énergies renouvelables. Grâce à un procédé de pyrogazéification, l'entreprise vise à convertir les déchets de biomasse sèche en deux vecteurs énergétiques vertueux, le biométhane et le biohydrogène, d'ici 2025.
Gazéification hydrothermale
Toujours dans l'optique de valoriser des déchets locaux, la friche accueillera à l'horizon 2024 GHAMa, une unité de gazéification hydrothermale qui traitera les boues de stations d'épuration. La gazéification hydrothermale est un type de pyrogazéification, dont la filière est moins développée. La structure à La Barillais visera notamment à soutenir, accompagner et structurer cette technologie en utilisant les boues d'épuration de la CARENE (l'Agglomération Saint-Nazaire) pour créer du gaz renouvelable.
Décarbonation de la flotte de véhicules
Afin de réduire son empreinte carbone, IDEA a mis en service ses six premiers tracteurs au biogaz en mai 2022 et en recevra six autres en 2023. Ce sont les premiers résultats d'un investissement de 10 millions d'euros qui s'inscrit dans l'objectif de l'entreprise de décarboner 40% de sa flotte à l'horizon 2025.
Etat d'avancement
En-cours
Fiabilité des Données
Auto-déclaration
Type de Financement
Partenariat Public/Privé
Entreprise/Infrastructure
https://www.groupe-idea.com/frhttps://hymoov.com/
https://www.neosylva.fr/
Developpement Durable
Gouvernance
IDEA
Entreprise Privée
L'écoparc appartient à IDEA, qui s'associe avec divers acteurs pour développer les différentes activités.
Pour la CBEST, Engie Bioz est porteur de l’étude technique du process, opérateur de l’unité de méthanisation et investisseur ; IDEA est facilitateur territorial, opérateur entrée/sortie de sites avec mutualisation sur l’ensemble du parc et investisseur ; et la CARENE est investisseuse.
Hymoov est portée à part égales par IDEA et Iremia.
GHAMa est portée par un consortium composé de GRT Gaz, Leroux et Lotz, la Carène, Nevezus, un industriel spécialiste des déchets et IDEA.
L'unité de méthanisation, au coût de 10 millions d'euros, est financée par un partenariat public-privé entre Engie Bioz (70%), Idea (25%) et la CARENE (5%). Des subventions du FEDER (Fonds européen de développement régional) à hauteur de 500 000 € ont été obtenues.
Solution(s) Durables
- Gestion des déchets
- EnR

La méthanisation
La méthanisation permet de créer du gaz renouvelable à partir de déchets organiques et de coproduits.
Dans des cuves appelées digesteurs fermentent des matières récupérées auprès d’agriculteurs, d’industriels de l’agro-alimentaire, de centres équestres, etc. La matière est ensuite chauffée à 38°C, sans oxygène, pendant cinquante jours. Les bactéries dégradent cette matière organique et produisent du biogaz.
Les rations sont analysées par un service biologie afin de les ajuster chaque jour et d’incorporer une matière qui permette d’obtenir un bon pouvoir énergétique.
Le biogaz produit, constitué d’environ 60% de méthane et de 40% de dioxyde de carbone, ainsi que de 1% d’oxygène, d’azote et d’eau, est alors épuré dans des colonnes où un support minéral capte le méthane. Il est alors séparé du CO2.
Le biométhane, qui est conforme à la qualité d’un gaz naturel, est ensuite injecté dans le réseau de distribution de GRDF.
Source texte et schéma : GRDF
- Gestion des déchets
- EnR

La pyrogazéification
La pyrogazéification permet de valoriser des biomasses et déchets résiduels variés (sous-produits agricoles secs, boues séchées, résidus de la filière bois non valorisés par ailleurs, refus de tri préparés - CSR, etc.) pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité ou un gaz de synthèse injectable dans les réseaux de gaz existants.
Elle s'appuie sur des procédés de pyrolyse et de gazéification, qui convertissent cette matière sèche à haute température (500 à 1500°C) et en absence d'oxygène. Les coproduits sont des solides carbonés, des huiles et un mélange gazeux (syngas) composé de CO, CO2, H2 et CH4. Plus la température du process est élevée et plus la matière est convertie en syngas, avec le moins d'effluents solides ou liquides possibles. Ce syngas peut ensuite être séparé en gaz raffinés plus facilement transportables et valorisables sur place ou à distance (méthane de synthèse, hydrogène et CO2 industriel). A contrario, la combustion et l’incinération utilisent immédiatement le pouvoir énergétique des produits ou déchets sous forme de chaleur, par oxydation en présence d’oxygène.
Après cette transformation sous une forme plus facilement valorisable, ces nouveaux composés peuvent ainsi être utilisés directement en aval ou sur un autre site, soit sous forme énergétique, par exemple dans une chaudière ou un moteur à combustion interne en substitution d’une énergie fossile ou après injection dans le réseau de gaz, soit sous forme chimique pour la préparation de biocarburants ou de molécules à haute valeur ajoutée.
Source texte : ATEE
Schéma : Hymoov
- Gestion des déchets
- EnR

La gazéification hydrothermale
Ce procédé thermochimique à haute pression (210 à 300 bar) et haute température (360 à 700°C) convertit la biomasse humide en gaz de synthèse : un mélange composé principalement de CH4 (méthane), H2 (hydrogène) et CO2 (carbone).
La Gazéification Hydrothermale permet de produire un gaz de synthèse riche en méthane, en hydrogène et en gaz carbonique. Sa composition varie en fonction des caractéristiques de la biomasse traitée, du procédé (avec ou sans catalyse intégrée) et du fonctionnement opérationnel (débit, temps de séjour, présence ou non d’un séparateur de sels).
En Europe, plusieurs acteurs développent ou exploitent des pilotes ou démonstrateurs de Gazéification Hydrothermale.
Source texte et schéma : GRTgaz
Crédits photo
IDEA
Raisons de la candidature au(x) concours
L'écoparc de La Barillais offre des solutions concrètes aux questions de traitement des déchets organiques et de production énergétique. Les diverses expérimentations soutiennent la structuration de filières qui ne sont pas encore viables. Les bienfaits sont multiples : création de circuits de valorisation des ressources en économie circulaire, création d'emplois locaux, développement d'entreprises et startups régionales qui profitent de la structure d'IDEA, production d'une énergie verte française, etc.
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