La SAS MéthaTreil - une unité de méthanisation avec valorisation du CO2
Dernière modification le 03/07/2023 - 15:05
- Année de livraison : 2021
- Adresse : 22 Le Treil 44270 MACHECOUL-SAINT-MêME, France
- Energies Vertes : Production Energétique, Biogaz, Gaz, Captation carbone
- Economie Circulaire & Déchets : Economie Circulaire, Valorisation, Méthanisation, Unité de Méthanisation
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6 000 000 €
- Gestionnaire / Concessionnaire
Erwan Bocquier
La SAS MéthaTreil est une unité de méthanisation située dans les Pays de la Loire, région moteur du développement de la filière biométhane. Ce projet a été initié en 2017, pour une première injection de biométhane en 2019. Sa particularité : c'est la première installation en France qui intègre un processus de récupération du dioxyde de carbone (CO2) issu de la méthanisation. Ce CO2 est ensuite utilisé pour soutenir la photosynthèse en culture maraîchère sous serres.
Une unité de méthanisation AgriKomp
L'unité de méthanisation installée par la spécialiste de la méthanisation AgriKomp est composée de deux digesteurs et d'un post digesteur. Elle est implantée sur l’exploitation de 540 hectares d’Erwan Bocquier, un exploitant laitier qui, depuis plusieurs années déjà, est engagé dans la réduction de l’impact écologique de son activité. Par exemple, une installation de panneaux solaires photovoltaïques assure l'autosuffisance de son exploitation.
Les déchets des porteurs du projet - Erwan Bocquier, deux autres exploitants agricoles et deux maraichers - sont récupérés. 35 tonnes d'intrants sont traitées chaque jour. Annuellement cela représente 5 650 tonnes de fumier et lisier bovins, 3 650 tonnes d’ensilage de cultures dérobées, 1 500 tonnes d’ensilage de maïs, 1 100 tonnes de pommes de terres non commercialisables et 1 100 tonnes de déchets de légumes. Ce site a également la particularité de valoriser les biodéchets du Marché d'intérêt national de Nantes. 568 tonnes de déchets alimentaires non comestibles sont valorisées chaque année par méthanisation.
Ces déchets organiques sont stockés dans le digesteur - une cuve cylindrique et hermétique - dans laquelle ils sont soumis à l’action de bactéries en l’absence d’oxygène. Diverses réactions biologiques à la chaîne permettent de créer du méthane et du gaz carbonique. Une matière résiduelle, le digestat, est également produite.
La centrale produit plus de deux millions de m3 de biogaz et 12 000 tonnes de digestat par an. Ce dernier est entièrement épandu sur les cultures des trois agriculteurs porteurs de projet grâce à l'entreprise Efflu’Tec. Le biométhane est directement injecté dans le réseau exploité par GRDF situé à six kilomètres. Cette production représente, en moyenne, 11 millions de kWh/an soit près de 10 % de la consommation de la commune de Machecoul-Saint-Même ou la consommation annuelle de 1 830 maisons neuves.
Valoriser le CO2 issu du processus
Le CO2 biogénique (neutre pour le climat) est issu de l'épuration du biogaz brut. Il est la plupart du temps éventé alors qu'il a une valeur en tant que gaz industriel. Sur MéthaTreil, le CO2 est capturé et revalorisé pour un autre usage, portant ainsi au niveau supérieur la boucle d'économie circulaire créée par la méthanisation. On parle alors d'un bilan carbone négatif car on empêche ce carbone de repartir dans l’atmosphère. C'est la première fois qu'une telle technologie a été développée et installée sur une unité de méthanisation en France.
L'unité de méthanisation produit entre 1 500 et 1 800 tonnes de CO2 dans l’année. Ce CO2 est capté, dissocié du méthane, puis comprimé, asséché et refroidis, avant d'être liquéfié. Sous cette forme, il peut être revendu à un maraîcher et utilisé comme apport nutritionnel pour favoriser la croissance des plantes en serre, notamment des tomates. Dans le cas de MéthaTreil, ce sont les deux maraîchers partenaires qui réutilisent ce bioCO2 pour alimenter 15 hectares de serres. Le CO2 est stocké dans une citerne verticale, avant d’être transporté, une à deux fois par semaine, par camion-citerne, vers deux cuves relais positionnées sur le site des maraîchers, à 15 kilomètres de la SAS. Par ailleurs, ces serres sont chauffées en partie par deux chaudières à bois, toujours dans une optique de réduction de l'impact carbone des activités agricoles. La production annuelle de CO2 n’assure qu’une partie des besoins des serristes, mais les revenus générés par la vente représentent 15% de ceux de l'exploitation.
Au-delà de ses effets positifs directs de ce gaz, cette innovation offre de nouvelles perspectives pour les filières biométhane et hydrogène. Pour la première, c'est un levier d'optimisation. Le bioCO2 présente de nombreux avantages : une production locale, stable tout au long de l’année et un flux de CO2 quasi pur. De plus, son utilisation à proximité des sites de méthanisation le rend compétitif et contribue à une économie locale et circulaire. En ce qui concerne la filière hydrogène, qui fait face aux doutes quand aux capacités d'acheminement de cette énergie, le CO2 pourrait être combiné avec l'hydrogène pour créer du méthane de synthèse qui peut être transporté plus facilement que l'hydrogène par les canalisations existantes du réseau gaz.
Etat d'avancement
Livré
Fiabilité des Données
Auto-déclaration
Type de Financement
Partenariat Public/Privé
Entreprise/Infrastructure
https://agrikomp.com/fr/https://www.facebook.com/efflutech/
https://www.verdemobil-biogaz.fr/
Developpement Durable
Gouvernance
- Erwan Bocquier de l'exploitation du Gaec Treil, éleveur et président de la SAS ;
- Aymeric Egonneau du Gaec du Treil, directeur général de la SAS ;
- Dominique Pilet de l'exploitation de l’Earl Pilet ;
- Jean-François Vinet de la Sas Pom’Retz (maraîcher) ;
- Charles Vinet de la SAS Retz-Charles (maraîcher).
SAS MéthaTreil
Groupement d'entreprises
Erwan Bocquier
Privé
La SAS MéthaTreil est née de l'alliance de trois agriculteurs et de deux maraîchers de la commune :
L'unité de méthanisation a été implantée sur l’exploitation de 540 hectares d’Erwan Bocquier, pour être au plus proche des déchets et des cultures sur lesquelles sont épandus le digestat et le bioCO2.
La production de biométhane a demandé un investissement de 5 millions d'euros, soutenu par GRDF, l'Ademe et la Région Pays-de-la-Loire. Pour la captation de CO2, 1 million d'euros a été investi, qui devrait être rentabilisé sous 9 à 10 ans.
La méthanisation est un modèle économiquement viable pour les cinq porteurs de projet car elle permet de générer des revenus grâce à leurs déchets, qui autrement constitueraient une charge. La valorisation du CO2 crée un revenu supplémentaire qui, à terme, représentera 15% de ceux de l'exploitation. Des économies indirectes sont également faites en remplacant les engrais chimiques par le digestat issu du processus de méthanisation pour fertiliser les cultures.
Solution(s) Durables
- Gestion des déchets
- EnR
Captage du CO2 issu de la méthanisation
La startup CryoCollect créée en 2017 vise à développer des solutions innovantes dans le domaine de l’énergie (Épuration, liquéfaction, etc.) pour réduire les impacts environnementaux et à réaliser de l’ingénierie des procédés sur des projets innovants.
Dans le domaine du biogaz, CryoCollect a déjà mis en œuvre deux procédés en conditions industrielles, dont un processus d’épuration et de liquéfaction du gaz pauvre issue de la purification du biométhane pour la SAS MéthaTreil, pour produire du CO2 liquide de qualité alimentaire (norme EIGA). Pour l’industrialisation de la solution, CryoCollect s’est appuyé sur la société Verdemobil Biogaz, qui aujourd’hui construit les équipements et les commercialise sur le marché français.
Pour produire un CO2 de qualité alimentaire, il faut l’extraire du gaz pauvre sortant des épurateurs de biométhane, sachant que les niveaux de tolérance des impuretés sont extrêmement faibles. Pour cela, le procédé Carboliq combine une succession d’opérations qui vont séparer un à un les composants indésirables du CO2.
Dans une première phase, le gaz pauvre est comprimé à 20 bar. De là, il est déshydraté par des filtres à absorption. L’extraction des composés organiques volatiles procède en deux étapes : une condensation à basse température puis un lavage.
Dans une deuxième phase, le gaz est liquéfié par un abaissement important de la température, de manière à provoquer un entraînement vers le bas du dioxyde de carbone, l’élément le plus lourd. En haut du procédé, dans un ciel gazeux, on récupère le méthane résiduel et l’azote qui vont rejoindre la chaîne d’épuration du biométhane. Ainsi la perte en CH4 est nulle, sachant qu’il peut rester de 0,7 à 3 % de méthane dans le gaz pauvre. En bas du procédé, la qualité du CO2 est mesurée en permanence et lorsque les valeurs sont correctes, il ne reste plus qu’à l’extraire, en voie liquide donc, et à le stocker en citerne.
Source texte : Bioénergie International
Schéma : Parcours de valorisation du CO2 chez Méthatreil, crédit CryoCollect
Crédits photo
AgriKomp
Raisons de la candidature au(x) concours
La SAS MéthaTreil est la première installation en France qui intègre un processus de récupération du dioxyde de carbone (CO2) issu de la méthanisation. Ce CO2 est ensuite utilisé comme « fertilisant » en culture maraîchère. Cette innovation offre de nouvelles perspectives pour les filières biométhane et hydrogène.