Le bâtiment : 20 ans de retard ou d'avance ?

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J’avais initialement choisi de travailler dans un secteur passéiste, ancré sur ses positions, miné par quelques acteurs se partageant le marché, très peu innovant et peu porteur de valeur ajoutée en France. Bref, un secteur peu prometteur. J’en ai rapidement rejoint un autre. Innovant, en phase avec les enjeux sociétaux actuels, fort de nombreuses TPE et PME actives sur l’ensemble du territoire, en redéfinition permanente : je parle du bâtiment. Voici deux exemples à titre d’illustration.

Du BEPOS au COMPOST

Soumis aux plus fortes contraintes d’économies d’énergie par l’Union Européenne, le secteur du bâtiment doit aujourd’hui atteindre l’autonomie énergétique en 2020, pour les constructions neuves. C’est le seul secteur à viser une telle autonomie à si court terme. Au mieux certains s’échinent à consommer moins pour plaire à une clientèle de « bobos » (l’automobile), au pire d’autres ne font que produire du matériel toujours plus consommateur (les télécommunications). Mais le BEPOS n’est qu’une étape.

Depuis 3 ans investis sur les sujets de bâtiments bio-sourcés (i.e. intégrant de la biomasse végétale ou animale), je vois progressivement s’ouvrir la possibilité de construire des bâtiments 100% bio-sourcés, peu ou pas consommateurs d’énergie, et entièrement « compostables ». Votre maison est obsolète : réutilisez-là dans les fermes avoisinantes ! Evidemment il reste quelques problématiques à régler avant d’atteindre cet idéal : circuits électriques, vitres, canalisations, etc. Mais les plastiques bio-sourcés permettent d’entrevoir des réponses. Pour le reste – gros œuvre, isolation, charpente, toiture, etc. – c’est déjà possible.

Du « Built in my backyard » au « Made in my backyard »

Les problématiques d’étalement urbain ont vu leurs premières réponses apparaître avec la révision des Plans Locaux d’Urbanisme, la surélévation ou encore le « Built in my backyard », qui consiste à utiliser le jardin d’une parcelle déjà construite pour implanter une nouvelle construction. Certes les essais restent encore limités, cependant la tendance est bien de reconcevoir les relations sociales pour rapprocher physiquement et non virtuellement les habitants d’un quartier.

Mais les impacts sociaux liés au bâtiment ne s’arrêtent pas à la manière d’y vivre. Leur conception, leur fabrication, leur commercialisation et le service après-vente afférant concernent environ 4 millions de professionnels en France, et des quantités de matériaux proprement démesurées. Or le secteur se prépare déjà à l’utilisation de ressources produites, transformées et mises en œuvre localement. Prendre les matières premières dans son jardin ou dans le champ d’à côté ? C’est en partie déjà possible.

Bien évidemment, tout n’est pas au point et il reste beaucoup de chemin, mais le fait qu’il existe des prototypes n’est-il pas déjà la preuve d’une avance considérable ? Exception faite de l’agriculture, d’autres secteurs, comme l’automobile ou les télécommunications, sont-ils en train de se poser la question de produire leurs services localement, et de manière durable ? Le secteur du bâtiment a-t-il vraiment 20 ans de retard ou bien plutôt 20 ans d’avance ?

Article écrit par Florian Rollin, C&B Constructions & Bioressources

Retrouvez les filières locales de la construction durable lors de leurs Assises Nationales le 23 mars

Twitter: #BatirLocalDurable

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