Éclairage et sécurité : réalité ou impression ?

Éclairage et sécurité vont-ils forcément de pair ? Est-il nécessaire de le maintenir toute la nuit pour assurer la sécurité des personnes et des biens ? Ce sont des questions très actuelles que les villes et les communes se posent en 2018, et qui donnent l’occasion de repenser l’éclairage public selon les usages des habitants.

Pour se préserver des « dangers » de la nuit et conjurer sa peur ancestrale de l’obscurité, l’Homme a répondu par l’invention de l’éclairage artificiel, en s’offrant un milieu rassurant et une activité prolongée au-delà de la tombée de la nuit. Historiquement, depuis la corporation des « porte-flambeaux », organisée en 1662 à Paris pour offrir un service d’accompagnement des promeneurs de nuit, jusqu’à nos jours, l’éclairage urbain est intimement lié à la sécurisation et au maintien de l’ordre dans l’espace public nocturne.

Ainsi le dicton populaire du XVIIIe siècle « Après minuit, chaque lanterne vaut un veilleur de nuit » nous paraît toujours comme un adage relevant du bon sens, et continue de guider certaines pratiques opérationnelles quantitatives en matière d’éclairage. Il est alors utile de déconstruire les préjugés et d’affiner la réflexion sur le couple éclairage public et sécurité.

Alors, quelles sont les bonnes pratiques ?

Depuis les années 60, de nombreux articles et rapports ont été produits sur le couple éclairage et sécurité, principalement aux USA et en Grande-Bretagne, avec pour objectif principal de lutter contre la criminalitéLa rigueur scientifique et l’impartialité des travaux étant très souvent contestables (imprécisions sur les méthodes, les conditions expérimentales, les hypothèses émises), le bilan de ce travail est assez limité, et ne permet pas de préconiser de « bonnes pratiques » fiables auprès des gestionnaires, hors de leur contexte particulier.

L’intérêt de ces études multiples montrent cependant que si des liens entre les installations ou rénovations d’éclairage urbain et les variables criminologiques existent, les effets directs[1] et indirects[2] sur l’insécurité réelle et le sentiment d’insécurité (souvent négligé) ne sont pas systématiquement positifs, et dépendent du type de méfaits : deals, vols, agressions, cambriolages des locaux particuliers (70% ont lieu de jour), cambriolages des locaux professionnels (80% ont lieu de nuit).

Si de réelles améliorations ont été observées en termes de criminalité effective pour des zones bien ciblées de délinquance, avec un effet bénéfique sur le sentiment d’insécurité, d’autres zones éclairées favorisent la visibilité des victimes potentielles, de leur entourage ou de leurs biens.

La conclusion principale est donc un peu frustrante, et montre principalement qu’il faut abandonner la vision simpliste et mécaniste de l’augmentation de l’intensité lumineuse ou du nombre de points lumineux pour « améliorer » l’éclairage public. Ces études montrent aussi l’importance de poser le débat correctement en prenant en compte le type de méfaits, mais surtout les contextes socio-urbains rencontrés.

Si à grande échelle, il paraît nécessaire de mener une véritable évaluation rigoureuse sur le plan scientifique et d’expérimenter pour mettre à jour ces « bonnes pratiques », faire appel à des éclairagistes ou des concepteurs lumière en cas de rénovation du parc semble indispensable.

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