Prenons soin de l’architecture de nos centres hospitaliers spécialisés

Dans le monde de la psychiatrie, les mots sont lourds de sens : les asiles d’aliénés ont ainsi été renommés hôpitaux psychiatriques en 1838, puis sont devenus centres hospitaliers spécialisés dans les années 1970. Ces modifications de vocabulaire sont corrélées à l’évolution des pratiques du soin psychiatrique et de la place accordées à nos « fous » dans notre société. Et cela se traduit directement par une transformation des lieux qui les accueillent.

Commençons par clarifier ce qui se cache derrière l’appellation « centre hospitalier spécialisé » (ou CHS pour les accros aux acronymes) : c’est une institution hospitalière qui prend en charge les maladies et déficiences non somatiques, c’est-à-dire les problématiques ne relevant pas du corps mais du psychique et de la santé mentale.

 

Si je vous dis hôpital psychiatrique, quelle image de bâtiment vous vient à l’esprit ?

Dans le fantasme collectif, les lieux de soins psychiatriques évoquent l’imaginaire de la prison avec une ambiance lugubre, plus propice au déroulement d’un film d’horreur qu’à des lieux de vie et de soins. Ce cliché vient du fait que les malades étaient auparavant enfermés en prison, avec pour seul soin un traitement médicamenteux ou des interventions chirurgicales obscures. Cela fait heureusement un certain temps que les choses ne se passent plus tout à fait ainsi.

Quelques décennies derrière nous, on choisissait encore l’emplacement d’un hôpital psychiatrique en fonction des vents dominants : ben oui il ne faudrait quand même pas contaminer tout le monde, c’est contagieux les maladies ! Mais la doctrine de l’hôpital-village explosait complètement les murs de l’asile clos. L’hôpital était construit sur le modèle d’un village dans lequel les patients pouvaient retrouver tous les éléments de la vie quotidienne : activités, commerces, lieux de culte et pavillons d’hébergement étaient organisés autour de l’espace central de la place, dans un cadre bucolique. Le bémol de cette vision : l’hôpital se trouvait isolé en pleine campagne, au grand air certes, mais trop à l’écart pour que cela permette aux patients de se réinsérer progressivement dans notre société.

Il existe plusieurs exemples d’hôpitaux-villages construits en France, comme l’hôpital spécialisé de la Sarthe ou celui de Pont-Piétin dont la vie est racontée dans un ouvrage collectif.

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