Passerelle Re:Crete
Construction Neuve
- Type de bâtiment : Autre bâtiment
- Année de construction : 2022
- Année de livraison : 2022
- Adresse : Rte Cantonale / Rte de la Morge 1964 CONTHEY, Suisse
- Zone climatique : [Cfb] Océanique hiver tempéré, été chaud, pas de saison sèche
- Surface nette : 12 m2
- Coût de construction ou de rénovation : 67 000 €
- Coût/m² : 5583.33 €/m2
-
Consommation d’énergie primaire
kWhep/m2.an
(Méthode de calcul : )
Ce projet a remporté une mention "Défi technique" pour la catégorie Hors cadre des Trophées Bâtiments Circulaires 2022.
La passerelle Re:Crete, conçue et construite par le Structural Xploration Lab (SXL) de l’EPFL, est une passerelle piétonne faite de blocs de béton sciés dans les murs d’un bâtiment en rénovation et réassemblés en un arc précontraint. Initialement réalisée comme prototype de recherche, cette passerelle démontre pour la première fois la faisabilité du réemploi d’éléments en béton non-préfabriqués dans de nouvelles structures porteuses. Le béton est le matériau de construction le plus utilisé dans le monde et est la source majoritaire des impacts environnementaux de l’industrie de la construction. Son réemploi par sciage d’éléments offre une nouvelle extension de vie au béton obsolète, évitant ainsi son concassage prématuré, tout en promettant un grand potentiel de réduction de gaz à effet de serre, de déchets de démolition et d’extraction de matière premières.
En collaboration avec l’État du Valais, un site a été trouvé pour installer le prototype et le rendre accessible au public. La structure a donc été équipée de garde-corps, également faits de matériaux issus du réemploi, et mise en place pour une durée de 2 ans sur la rivière Morge en Valais (Suisse). Elle sert à la mobilité piétonne pendant la durée des travaux sur le pont de la route cantonale adjacente.
Les blocs de béton sont extraits du mur à l’aide d’une scie circulaire à lame diamantée, puis carottés pour permettre le passage des câbles de précontrainte. Les blocs sont ensuite mis en place sur un cintre en bois en faisant passer les gaines et câbles de précontrainte à travers les carottages. Avant la mise en tension des câbles et le démontage du cintre, les joints sont remplis avec du mortier afin d’assurer un contact entre chaque bloc. Afin de rendre la passerelle permanente et adaptée à un usage extérieur, les aciers d’armature apparents ont été couverts d’une peinture anti-corrosion, une imprégnation hydrophobe a été appliquée sur les faces de béton et les joints ont été couverts de bandes d’étanchéité. Toutefois, la texture caractéristique du béton scié, patchworks d’agrégats et d’espaceurs de ferraillage, est conservée visible sur les faces latérales de l’arc. La matérialité du pont exprime à la fois la source du matériau, avec son histoire propre précédant celle du pont, et la technique utilisée pour le mettre en œuvre. Enfin, les montants et la main courante du garde-corps ont été fabriqués par recomposition d’éléments métalliques réutilisés d’un ancien chapiteau et les treillis sont issus d’anciennes étagères industrielles.
Outre le fait de procurer un nouveau matériau de conception aux architectes et ingénieur-e-s, le réemploi d’éléments en béton est une solution efficace pour réduire la demande de ciment, les émissions de CO2 et les déchets de béton. Une analyse de cycle de vie détaillée montre que la passerelle Re:Crete possède un impact environnemental plus faible que des solutions similaires en béton armé (-63%) ou en acier (-75%) et environ semblable à celui d’une solution en bois neuf (+9%).
Et si c'était à refaire ?
Cette expérience pionnière de réemploi d’éléments de béton extrait d’une structure coulée sur place a validé une nouvelle manière de concevoir des structures. Les technologies utilisées (e.g. le sciage du béton et la précontrainte) se sont avérées être appropriée au réemploi de blocs de béton pour concevoir une nouvelle structure. Néanmoins, nous avons identifié différents points permettant d’accroître davantage les bienfaits environnementaux de l’approche: - Minimisation des distances de transport des matériaux de réemploi - Vérification des propriétés des matériaux de réemploi avant leur déconstruction ou leur acquisition - Minimisation des étapes de préparation des éléments de béton à réemployer - Prise en compte des aspects de durabilité du béton de réemploi par des détails constructifs adéquats
Plus de détails sur ce projet
https://www.epfl.ch/labs/sxl/index-html/research/reuse-of-concrete/Crédits photo
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), Structural Xploration Lab (SXL)
Maître d'ouvrage
Maître d'œuvre
Intervenants
Entreprise
Diamcoupe SA
Guillaume Mittnacht (chef de région, Suisse Romande)
https://diamantbohr.com/fr/L’entreprise Diamcoupe a fourni et préparé les blocs de béton. Elle a procédé au sciage des blocs dans les murs du bâtiment source et au forage des carottes pour le passage de câbles de précontrainte.
Entreprise
Freyssinet SA
Adrian Motte (directeur d'agence, Suisse)
https://www.freyssinet.com/L’entreprise Freyssinet a fourni les gaines et les câbles de précontrainte. Elle a procédé à la mise en tension des câbles et à l’injection des gaines.
Autres
Bridgology SA
Alexis Kalogeropoulos (fondateur et directeur)
https://bridgology.com/fr/L’entreprise Bridgology a réalisé des mesures non destructive sur la structure afin de déterminer l’enrobage des barres d’armature préexistantes et vérifier l’état du béton.
Entreprise
Sika Suisse SA
Cédric Chetelat (ingénieur conseil, Suisse Romande)
https://che.sika.com/fr/home.htmlL’entreprise Sika a fourni les produits appliqués sur la passerelle afin de la protéger de l’eau (peinture anti-corrosion, imprégnation hydrophobe, bandes d’étanchéité).
Entreprise
Emil Egger Romandie SA
Frédéric Marilley (chef de projet)
https://www.ete.ch/fr/L’entreprise Emil Egger a procédé au transport de la passerelle depuis son site de fabrication à Fribourg (Suisse) jusqu’à son site d’installation, à Conthey (Suisse). Elle a également procédé au levage pour l’installation de la passerelle sur la rivière.
Systèmes
- Aucun système de chauffage
- Aucun système d'eau chaude sanitaire
- Aucun système de climatisation
- -----
- Aucun système de production d'énergies renouvelables
Résilience
- Gel
- les barres d’armatures coupées, visibles sur les faces coupées des blocs de béton, ont été protégées par de la peinture anti-corrosion ;
- les faces de béton apparent ont été imprégnées d’un hydrophobe ;
- les gaines des câbles de précontraintes ont été injectées de mortier ;
- les joints ont été étanchés à l’aide de bandes en plastique collées.
Environnement urbain
Solution
Sciage

Diamcoupe SA
Guillaume Mittnacht (chef de région, Suisse Romande)
Gros œuvre / Structure, maçonnerie, façade
L’entreprise Diamcoupe a fourni et préparé les blocs de béton. Elle a procédé au sciage soigné des blocs dans les murs du bâtiment source directement à la taille souhaitée. La petite taille des blocs lui a permis de les évacuer simplement du chantier de déconstruction. Ensuite Diamcoupe a procédé aux forages des carottes pour permettre le passage de câbles de précontrainte pour la nouvelle structure. Le réemploi de ces blocs sur un nouveau projet a permis à l'entreprise de sauver les coûts de mise en décharge.
Le coût approximatif pour le sciage, la préparation et le transport des 25 blocs de béton s'élève à environ 15'000 euros.
Pour l'entreprise de sciage Diamcoupe, il s'agit d'une revalorisation de leur travail. Ils deviennent fournisseur de matériaux, en début de la chaîne de valeur. La solution a donc été bien reçue par les travailleurs d'autant plus qu'elle ne change pas fondamentalement leurs méthodes.
Précontrainte

Freyssinet SA
Adrian Motte (directeur d'agence, Suisse)
L’entreprise Freyssinet a fourni les gaines et les câbles de précontrainte qui traversent tous les blocs de béton. Ceux-ci ont été enfilés dans les forages directement lors de la disposition des blocs de béton sur le cintre. Freyssinet a ensuite procédé à la mise en tension des câbles et à l’injection des gaines.
La précontrainte permet d'assurer la sécurité structurale de l'ouvrage sous toutes les configurations de charge utile.
Le coût approximatif pour la fourniture des gaines et câbles ainsi que la mise en précontrainte est d'environ 5'000 euros.
La précontrainte est une méthode très connue et répandue. Son utilisation permet ici de valoriser des matériaux initialement voués à la décharge. La solution a donc été bien reçue par les travailleurs d'autant plus qu'elle ne change pas fondamentalement leurs méthodes.
Coûts de construction & exploitation
- 67 000 €
- 25 900 €
Réemploi (même usage) / Réutilisation (changement d'usage)
- Gros Œuvre
- Serrurerie-Metallerie
- Blocs de béton : 2.43 m3
- Sous-tirant : 22 mètres linéaires
- Poteaux et main courante en acier : 40 mètres linéaires
- Treillis : 44 m²
- Blocs de béton : sciés dans les murs d’un sous-sol d’hôtel en transformation dans le canton du Vaud, réutilisés comme structure de l’arc. Fourni par l’entreprise de sciage.
- Sous-tirants : récupérés d’une halle d’essais de structures de l’EPFL, à Lausanne, réemployé.
- Poteaux et mains courantes en acier : proviennent d’un ancien chapiteau utilisé pour des festivals. Récupérés dans une ressourcerie (https://www.la-ressourcerie.ch/).
- Treillis : issus d’anciennes étagères industrielles. Récupérés dans une ressourcerie (https://www.ecocube.ch/).
Bilan environnemental
Catégories |
CO2 évité (kg) | Consommation Eau évité (m3) | Déchets évités (kg) |
Aménagements extérieurs | 0 | 0 | 0 |
Aménagements extérieurs / Serrurerie - Métallerie | 0 | 0 | 0 |
Charpente | 0 | 0 | 0 |
Cloisons | 0 | 0 | 0 |
Couverture | 0 | 0 | 0 |
Couverture / Aménagements extérieurs | 0 | 0 | 0 |
Eclairages | 0 | 0 | 0 |
Eclairages sécurité | 0 | 0 | 0 |
Equipements de génie climatique | 0 | 0 | 0 |
Equipements électriques | 0 | 0 | 0 |
Façades | 0 | 0 | 0 |
Faux plafonds | 0 | 0 | 0 |
Faux planchers | 0 | 0 | 0 |
Faux-plafonds | 0 | 0 | 0 |
Gros-œuvre | 701,22 | 2,87508 | 6044,408482 |
Installations sanitaires | 0 | 0 | 0 |
Isolation | 0 | 0 | 0 |
Menuiserie ext | 0 | 0 | 0 |
Menuiseries intérieures | 0 | 0 | 0 |
Mobilier | 0 | 0 | 0 |
Peinture | 0 | 0 | 0 |
Plomberie | 0 | 0 | 0 |
Revêtements de sols | 0 | 0 | 0 |
Revêtements de sols ou muraux | 0 | 0 | 0 |
Revêtements muraux | 0 | 0 | 0 |
Sécurité du bâtiment | 0 | 0 | 0 |
Serrurerie - métallerie | 2147,315271 | 14,66308341 | 1308,691612 |
VRD | 0 | 0 | 0 |
CO2 évité (kg) | Consommation Eau évité (m3) | Déchets évités (kg) | |
TOTAL | 2848,535271 | 17,53816341 | 7353,100094 |
Km en petite voiture | Nb de Baignoires rectangulaires | nb d'années de déchets ménagers d'un français | |
Equivalent | 22788 | 117 | 15 |
Equivalent trajet Paris- Nice | 26,0 |
L'opération de réemploi a économisé l'équivalent de 22788 kilomètres parcourus par une petite voiture, soit 26 trajets Paris-Nice, 117 baignoires rectangulaires remplies d'eau et 15 années de déchets ménagers d'un français.
Afin de calculer les impacts évités, le matériaux « parpaing – avec remplissage béton » a été utilisé comme équivalence aux blocs de béton. Pour compenser les masses volumiques différentes et les hypothèses sur à l’avenir des matériaux, la quantité de béton a été augmentée proportionnellement. Il est donc supposé ici que l’entière quantité des blocs de béton auraient été éliminé s’ils n’avaient pas été réemployés.
Impact financier
- 19 200 €
- 29 %
Emissions de GES
- 25,00 KgCO2 /m2
- 15,00 année(s)
- 25,00 KgCO2 /m2
Analyse du Cycle de Vie :
Raisons de la candidature au(x) concours
La passerelle Re:Crete est un projet inédit qui intègre pour la première fois le réemploi structural d’éléments de béton issus d’un bâtiment existant en béton coulé sur place. Elle démontre la faisabilité technique tout en utilisant des technologies connues par l’industrie de la construction tels que le sciage du béton et la précontrainte. Pour garantir la durabilité à long-terme d’éléments réemployés en béton, la structure a été adaptée, par des méthodes simples, à une utilisation extérieure. Les garde-corps sont également conçus avec des matériaux de réemploi.
Confirmant que les éléments de béton sciés sont un nouveau matériau structural de réemploi, ce projet étend l’application des principes de l’économie circulaire dans l’industrie de la construction. Un nouveau champ d’activité est créé, avec à la clé le réemploi d’éléments en béton scié pour la construction de bâtiments traditionnels. En outre, ce premier prototype démontre de manière convaincante que l’approche permet de réduire drastiquement émissions de gaz à effet de serre, déchets de chantiers et extraction de matières premières. Sa généralisation offre de nouvelles perspectives pour rapidement contribuer à l’atténuation du réchauffement climatique et augmenter la durabilité de l’industrie de la construction.