La Capoeïra
Dernière modification le 08/06/2021 - 17:54
Renovation
- Type de bâtiment : Maison individuelle isolée ou jumelée
- Année de construction : 1900
- Année de livraison : 2017
- Adresse : 66 rue d'Etigny 64000 PAU, France
- Zone climatique : [Cfb] Océanique hiver tempéré, été chaud, pas de saison sèche
- Surface nette : 174 m2
- Coût de construction ou de rénovation : 113 446 €
- Nombre d'unités fonctionnelles : 1 Logement(s)
- Coût/m² : 651.99 €/m2
-
Consommation d’énergie primaire
134 kWhep/m2.an
(Méthode de calcul : RT 2012 )
Ce projet a remporté le Grand Prix de la catégorie "Bâtiments résidentiels / rénovation" des Trophées Bâtiments Circulaires 2021.
Le projet consiste en la transformation d’un ancien restaurant du type churrascaria, appelé « La Capoeira » et situé à Pau, en résidence principale sur la base des principes bioclimatiques et de déconstruction et réemploi des matériaux in-situ. Le projet consiste à transformer ce restaurant en maison de ville en supprimant une partie de la toiture de la salle de restaurant qui deviendra une cour et en créant une façade-serre orientée sud au niveau des cuisines et des bureaux délimitant ainsi le logement.
La maison, située au Nord en fond de parcelle, s’organise sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, une grande pièce de vie s’enroule autour de la serre pour compenser l’absence d’ouverture dans les autres directions.
La cour créée au centre de la parcelle est remise en pleine terre par la suppression de la dalle béton d'origine, et une revitalisation du sol avec phyto-remediation est mise en place afin de traiter la pollution aux hydrocarbures provenant d'une ancienne fonction garage du bâtiment.
Cette cour reçoit une cuve de récupération d'eau de pluie et des dispositifs d'économie d'eau, dont des toilettes à litière biomaitrisée, qui viennent compléter la gestion des ressources en eau.
Le projet s’appuie sur la valorisation maximum de l’existant, tant au niveau de l’organisation des espaces que de la technique constructive.
Ainsi, la maison conserve les planchers, charpente et couverture d'origine, et se développe de manière à maximiser les apports solaires passifs. Ces apports sont complétés en saison froide par un poêle de masse du type rocket, tandis que la masse thermique du bâtiment assurera un bon comportement en saison chaude.
De même, cette démarche conduit à gérer le chantier de manière à valoriser les matériaux issus de la déconstruction en les intégrant à la rénovation. La façade créée est en ossature bois, dont une partie provient de la charpente existante ; la charpente bois et la couverture en tuile mécanique sont intégralement révisées avec la charpente et les tuiles déposées de la couverture de la salle de restaurant ; l'ensemble des matériaux de second œuvre ainsi que les équipements sont déposés et réemployés dans la maison ; les matériaux déposés ne pouvant être réemployés à l'identique sont détournés vers d'autres fonctions.
A terme, le projet prévoit l’intégration de panneaux solaire photovoltaïque et ECS, issus de la déconstruction, pour compléter les systèmes de production d’énergie.
Démarche développement durable du maître d'ouvrage
Mes différentes experiences professionnelles en agence d'architecture en parallèle de mes études à Paris m'ont fait prendre conscience de la quantité phénoménale de matériaux finissant en déchetterie lors des projets. Venant d'une famille modeste de campagne où on garde tout parce que "on sait jamais, ça peut toujours servir", ce fût un véritable choc culturel. En parallèle, mes expériences de squat étudiant ont finit de me démontrer l'inanité du système productif dans lequel nous vivons, et particulièrement en ce qui concerne le bâtiment. Laisser vacant 5 millions de m2 de bureau sur la région parisienne, tout en démolissant de quoi construire des milliers d'autres, alors que la Fondation Abbé Pierre nous alerte tout les ans sur les conditions de logements de millions de personnes est tout simplement ubuesque.
... Et encore, c'est sans parler du coût environnemental de tout ça.
Ce fut donc naturellement que, lorsque ma compagne et moi avons cherché à nous installer, nous sommes partis avec les principes suivant pour notre logement: une rénovation bioclimatique en milieu urbain, en déconstruction et réemploi, avec expérimentation maximale et diffusion des résultats.
Outre la volonté de réduire autant que possible notre impact carbone, j'ai souhaité m'autoformer au réemploi afin de l'inscrire dans ma pratique professionnelle. Cet objectif a par la suite évolué à travers des rencontres pour aboutir à la création de l'association IDRE-Interprofessionnelle de la Déconstruction et du Réemploi.
Il s'agit de mon premier bâtiment véritablement environnemental.
A la différence des autres projets, la phase de conception a été beaucoup plus longue, notamment du fait des contraintes en terme de matériaux disponibles. Des aller-retours constants entre le listing et le projet pour vérifier les quantités ont été necessaire. D'autre part, une conception "souple" a dû être prévue pour pouvoir s'adapter aux résultats futurs de la déconstruction. Cela a beaucoup facilité les modifications sur chantier, plus nombreuses que d'habitude pour s'adapter aux matériaux. Enfin, l'organisation a nécessité un phasage précis et de la réactivité pour profiter des opportunités.
En résumé, en cas de réemploi, c'est à l'architecte (et au maître d'ouvrage!) de s'adapter aux matériaux et non l'inverse.
Le résultat final est au niveau d'une construction neuve en terme de qualité et finition, voire parfois supérieur (portes isoplane coupe-feu dans les chambres, équipement professionnel...). Mais c'est surtout sur la conservation de la mémoire du bâtiment au sein du site que le projet se démarque le plus du standard.
Description architecturale
Les deux éléments structurant pour l'ensemble du projet concerne la conception bioclimatique et le système de chauffage.
La situation urbaine du bâtiment a été la contrainte majeure, avec des masques solaires et des mitoyens importants mais orienté au midi solaire. Cela a conduit à la conception d'une façade sud en double-peau, dessinée avec le bureau d'étude thermique pour maximiser les apports solaires. L'organisation intérieure des espaces est conduite par cette façade.
De même, le choix du poêle de masse s'est imposé afin mettre à profit au maximum l'hyperinertie thermique du bâtiment semi-enterré. Dans les faits, cela se traduit par un poêle central dans la maison, et non isolé du sol afin de faire monter progressivement la température moyenne naturelle du bâti. Afin de renforcer encore son effet, la batterie thermique a été positionnée de manière à bénéficier également du rayonnement solaire maximum en hiver.
Les matériaux disponibles sur site ont également conduit à une écriture architecturale spécifique, et ont dirigé les choix pour l'achat de matériaux (neufs ou de réemploi).
Opinion des occupants
Globalement bonne, si ce n'est sur l’acoustique générale de la maison. La conception très ouverte pour faciliter la circulation de l'air génère parfois une gène lorsqu'on souhaite s'isoler.
Concernant la lumière, plus que le niveau d'éclairage, c'est le jeu des reflets sur les tapés de fenêtre en inox participe beaucoup de l'ambiance intérieure.
Et si c'était à refaire ?
Deux éléments n'ont pas fonctionné dans ce projet. Le premier concerne les difficultés rencontrées lors des modifications sur chantier. La nécessité de prendre des décisions rapidement pour ne pas bloquer l'avancement conduit parfois à des choix manquant de cohérence avec le projet initial. Dans le cas présent, il a fallut couler une chape de 100m2 qui n'était pas prévue. Elle a été réalisé en béton alors qu'une chape de terre crue ou de chaux aurait été possible, mais seulement en étant prévue dés l'origine. Le deuxième concerne le matériaux plancher en bois de bout. Le travail à fournir a été très long et complexe, et bien que sur le plan esthétique, le résultat soit probant, il ne l'est pas sur le plan technique. Dans la situation présente, une partie des pavés a tuilé et s'est décollé de la chape. Ce fait est du a une connaissance insuffisante des déformations du bois dans ce type de section.
Plus de détails sur ce projet
https://www.construction21.org/france/articles/h/green-solutions-la-capoeira-une-experimentation-de-deconstruction-et-de-reemploi-des-materiaux-qui-fera-date.htmlCrédits photo
Raphael Fourquemin Architecte
Maître d'ouvrage
Maître d'œuvre
Intervenants
Bureau d'étude thermique
FEBUS ECO-HABITAT
CAPDEQUI Yann : yann[a]peyrn.com
Etude thermique en phase projet
Entreprise
LE GALL Philippe
philippe.legall[a]riseup.net
https://habitat-eco-action.fr/Formation et accompagnement aux enduits à la chaux et à la terre
Entreprise
EnergEthic
FRELON Jean-Louis : jl.frelon[a]gmail.com
https://habitat-eco-action.fr/contrôle de la conformité électrique
Entreprise
SARL Couralet
Franck COURALET (entreprise fermé)
Chape ciment RDC
Entreprise
EURL Larmendieu
http://dartau-platrerie-isolation-arzacq.fr/contact/Cloisonnement RDC
Fabricant
BROQUART
contact[a]broquart.fr
https://www.broquart.fr/Fourniture vitrage serre
Mode contractuel
Autres méthodes
Consommation énergétique
- 134,00 kWhep/m2.an
- 150,00 kWhep/m2.an
- 1,00 kWhep/m2.an
Consommation réelle (énergie finale)
92,30 kWhef/m2.an
92,30 kWhef/m2.an
92,30 kWhef/m2.an
2 019
Performance énergétique de l'enveloppe
- 2,03
- 0,50
Plus d'information sur la consommation réelle et les performances
Le poste de consommation le plus lourd est un cumulus electrique de 150l ancienne génération âgé de plus de 10 ans, installé initialement pour le chantier et prévu pour être remplacé par un ballon solaire.
Systèmes
- Chaudière/poële bois
- Chauffe-eau électrique individuel
- Aucun système de climatisation
- Surventilation nocturne (naturelle)
- VMC hygroréglable (hygro B)
- Chaudière-poele bois
- 49,20 %
Bâtiment intelligent
Environnement urbain
- 319,00 m2
- 32,00 %
Solution
Poêle de masse type "Rocket" ou "Dragon"
Conçu par Ianto Evans, Architecte
https://www.rocketstoves.com/contact-2/
https://www.rocketstoves.com/Génie climatique, électricité / Chauffage, eau chaude
Poêle de masse extrêmement simple de conception, de réalisation et d'utilisation, avec des performances élevées et un développement collaboratif continu pour les améliorer encore.
Le poêle du projet est en diamètre 20cm, avec 7ml de batterie thermique répartie entre une banquette et un muret, le tout d'une masse d'environ 6t.
Aucun relevé technique n'a été effectué sur le modèle du présent projet, mais les relevés effectués sur des poêles de conception similaire montre une efficience de 80 à 95%.
Dans le cas présent, un certain nombre d'indices laissent penser que les performances sont bonnes:
- Une flambée de 1h30 à 2h00 de chêne, ou 3h00 de résineux, permettent un rayonnement sur 24h00
- 6 stères permettent de "chauffer" toute la maison, considérant que ce n'est pas l'air qui est chauffé mais la masse thermique de la maison
- Une saison de chauffe produit moins de 40 litres de "cendres" sous forme de poussière, tout à fait valable comme pigment après un rapide broyage.
- Aucune fumée visible ne s'échappe de la cheminée d'extraction, seulement une onde de chaleur.
- La température en sortie de conduit ne dépasse pas les 100°C
- Les vapeurs ne sont pas irritante pour les voix respiratoire en inhalation directe de courte durée.
Avantages:
- Très économique à la fabrication (600€ ici)
- Très simple de conception, donc très accessible
- Facilement réparable
- très agréable à l'usage (démarrage facile, banquette chauffante, cuisinière)
Inconvénients:
- Feu peu ou pas visible
- ne fonctionne bien qu'en usage journalier et dans les grandes pièces (infrarouges)
- nécessite de refendre le bois à un diamètre de 6 à 8 cm
Une visite chez le possesseur d'un poêle similaire a permis de mieux percevoir les avantages et les inconvénients du système.
Système de valorisation intégrale de l'eau de pluie "Pluvalor"
Conçu par József ORSZÁGH, Ingénieur chimiste
https://www.eautarcie.org/contact.html
https://www.eautarcie.orgAménagement extérieurs / Gestion des eaux pluviales
Citation tiré du site web Eautarcie.org:
"Le système PLUVALOR n'est pas un système manufacturé du commerce, mais un concept accessible à tous.
Une citerne construite suivant le principe de PLUVALOR est la reconstitution artificielle d'une cavité rocheuse naturelle dans laquelle l'eau se conserve très bien.
...
L'eau de pluie récupérée, stockée et filtrée suivant le système PLUVALOR convient à tous les usages domestiques y compris et avant tout pour la boisson. D'une manière générale, la qualité de l'eau de pluie ainsi traitée est de loin supérieure à celle de la plupart des eaux de distribution. Les systèmes recommandés partout ont, comme finalité, les économies d'eau de ville grâce à l'utilisation de l'eau de pluie. Sur ce point le système PLUVALOR diffère de tous les autres. Sans nier la possibilité de cette économie, les finalités sont différentes :
- La sauvegarde de la santé de l'usager, grâce à l'utilisation d'une eau chimiquement non désinfectée. Les enfants sont particulièrement sensibles aux effets néfastes de la désinfection de l'eau avec le chlore.
- Assurer un confort hydrique supérieur. L'utilisation d'une eau non chlorée, naturellement douce et très pure rend les douches et les bains plus agréables. Dans l'eau douce la cuisson des aliments (comme les haricots et les viandes par exemple) est plus facile. Le goût des tisanes, celui du thé, du café et des boissons préparées est largement supérieur.
- Economiser des produits pour la lessive, vaisselle et les nettoyages. L'absence d'excès de calcaire dans l'eau de pluie rend les vaisselles étincelantes sans le moindre produit adoucisseur. L'absence totale de dépôts de calcaire prolonge la vie des appareils électroménagers et celle des robinets.
- La valorisation intégrale de l'eau de pluie réduit la pression sur les réserves d'eau naturelles. La réduction des quantités de détergents réduit aussi la charge polluante des eaux usées rejetées.
Cela implique:
- de se fixer sur la finalité de la récupération de l’eau de pluie (c'est pas pour remplir la chasse d'eau ou laver la voiture)
- D'accepter le principe d'adaptation de la qualité de l'eau aux usages, par lequel on distingue entre l’eau à usage non alimentaire et l’eau qui est bonne à boire.
- D'établir le potentiel valorisable de l’eau de pluie. D’abord, on détermine la quantité d’eau de pluie récupérable, ensuite on dimensionne la cuve."
Le principale frein est d'ordre psychologique sur 2 aspects:
- la peur de boire une eau contaminée, l'eau de pluie étant perçue comme "sale"
- la difficulté de passer aux toilettes sèches, complément logique pour ne pas gaspiller l'eau.
Coûts de construction & exploitation
- 600,00 €
- 3 000 €
- 113 446 €
Facture énergétique
- 1 650,00 €
Réemploi (même usage) / Réutilisation (changement d'usage)
- Gros Œuvre
- Charpente
- Couverture
- Façades
- Serrurerie-Metallerie
- Menuiseries intérieures
- Menuiseries Extérieures
- Revêtements de sol
- Cloisons
- Isolation
- Electricité
- CVC
- Plomberie
- Aménagements extérieurs
- autres..
Bilan environnemental
Economie sociale et solidaire
Gestion de l'eau
- 65,00 m3
Qualité de l'air intérieur
Confort
Emissions de GES
- 150,00 année(s)
Analyse du Cycle de Vie :
Raisons de la candidature au(x) concours
Réemploi / détournement des matériaux de construction in-situ.
Fonctionnement bio-climatique
Energies renouvelables