Collège Bouéni
Construction Neuve
- Type de bâtiment : Ecole, collège, lycée ou université
- Année de construction : 2019
- Année de livraison : 2019
- Adresse : CCD6 Bambou Ouest 97604 BOUéNI, France
- Zone climatique : [Aw] Tropical humide avec hiver sec.
- Surface nette : 5 536 m2
- Coût de construction ou de rénovation : 24 730 000 €
- Nombre d'unités fonctionnelles : 900 Elève(s)/étudiant(s)
- Coût/m² : 4467.12 €/m2
-
Consommation d’énergie primaire
90 kWhep/m2.an
(Méthode de calcul : RTAA DOM 2012 )
Ce projet a remporté le Grand Prix des Trophées Bâtiments Résilients 2020.
Le collège de Bouéni est situé sur l'île de Mayotte. Il est soumis à des grands aléas climatiques : cyclone, tremblement de terre, inondations et glissements de terrain. Notre projet lauréat d'un concours a proposé des solutions conceptuelles et constructives originales ayant permis de faire face en phase travaux et livraison à des tremblements de terre à répétition et à une dépression tropicale forte. Nous nous sommes appuyés sur un mode constructif en filière acier, peu impactant sur le site, dans un environnement remarquable, des études en soufflerie physique ayant permis d'optimiser le dimensionnement du bâtiment pour la ventilation naturelle (architecture passive) et aux efforts sismiques et à une gestion des eaux pluviales en surface évitant l'obstruction et/ou la destruction des réseaux en cas de forte pluie et de séisme. Les résultats sont à la hauteur des ambitions puisque ce bâtiment bioclimatique aujourd'hui opérationnel donne toute satisfaction aux utilisateurs, après avoir affrontés les éléments avec succès.
Démarche développement durable du maître d'ouvrage
Description architecturale
Le parti architectural de ce projet découle des préoccupations du maître d’ouvrage développées dans le programme et de la visite du site avec ses échanges. Notre réflexion a suivi les critères de choix, sans hiérarchie :
- Respect du programme, qualité de fonctionnement et adaptation au site
- Economie globale du projet
- Qualité architecturale, environnementale et insertion
Un projet conforme au programme
Notre projet ne déroge que ponctuellement au programme (optimisation d’espace). Pour le reste il se traduit par le regroupement des unités fonctionnelles en entités lisibles et identifiables, aisément appropriables.
Un projet fonctionnel : l’organisation articulée depuis l’espace central de la cour identifié spatialement définit des locaux facilement exploitables, sans réaliser une cour fermée.
Un projet évolutif : le choix technique de façades porteuses libère l’espace et permet une évolution facile du cloisonnement.
Un projet « mutualisable » : l’optimisation des locaux et espaces a été exploitée autant que possible et a déterminé la position des locaux et espaces les uns par rapport aux autres pour atteindre cet objectif, en particulier la salle polyvalente, la restauration, le CDI et les équipements sportifs.
Un projet sécurisant : l’articulation depuis la cour et la disposition judicieuse des locaux de surveillance rendent ce collège facile à contrôler et surveiller tant au niveau des espaces intérieurs qu’extérieurs.
Un projet économique à faible maintenance
Notre projet intègre le souci de simplicité constructive, gage d’un coût de construction maîtrisée et d’une maintenance aisée. Il se décompose en volumes simples, couverts par de larges toitures mono-pentes enveloppantes protégeant les façades et respecte les surfaces utiles.
Le recours à des matériaux à faible maintenance ou à maintenance nulle garanti une exceptionnelle longévité de la plupart des ouvrages extérieurs.
L’adaptation au sol minimisant les déblais rocheux par des constructions sur pilotis, des parkings au plus près de la topo et l’utilisation privilégiée des zones plus plates pour l’implantation de la cour et du stade optimisent l’adaptation au sol, dans un terrain à la pente marquée et contraignante.
Les équipements techniques ont été déterminés avec ces soucis de simplicité, faible coût et maintenance réduite.
La qualité architecturale
La qualité a été recherchée au travers du respect des points précédents.
Elle découle du choix d’une implantation douce dans le site, de fonctionnements lisibles, du choix de matériaux naturels, durables, de protections climatiques, du traitement paysagé et de la finesse des détails mis en œuvre.
L’analyse du contexte nous a aussi amené à tirer profit du site exceptionnel qui nous est offert et permettre une exploitation optimale des vues pour les locaux hors enseignement.
Nous avons développé une architecture équatoriale, ou l’expressivité du projet découle d’éléments architectoniques tels que des brise soleils, de grands débords de toiture, une forte porosité, des bâtiments de faible épaisseur, une omniprésence du végétal. Cette expression est propre aux conditions climatiques et géographiques de ce territoire, loin d’une architecture internationale banalisée et « passe partout ».
La qualité environnementale
Dès le départ la philosophie qui a sous tendu notre concept a été celle de l’impact minimal tant visuel que physique sur le site. Pour ce faire nous avons organisé un projet se déployant de manière souple le long des courbes de niveaux optimisant les mouvements de terre. Ce choix a été amendé et renforcé par la volonté de préserver les arbres remarquables ponctuant ce site, les deux baobabs et le verger d’arbres fruitiers notamment.
La nécessité d’assurer une ventilation optimale des locaux pour assurer le confort thermique a aussi dicté des morphologies spécifiques du bâti, faible épaisseur de la trame constructive, construction sur pilotis optimisant la circulation d’air, toitures mono pente, patios avec puits dépressionnaires, optimisant les phénomènes de pression/dépression, orientations du bâti Nord Sud idéals pour la protection solaire et l’éclairage latéral dans les salles de classes.
Enfin, la volonté de préserver des corridors écologiques et une bonne transparence hydraulique, nous a amené à construire sur pilotis et à faire des césures assurant le libre écoulement des eaux de pluie en surface dans les talwegs existants, limitant ainsi l’accélération des ruissellements et l’érosion des sols si fragiles à Mayotte.
Insertion dans le site
À la convergence des préoccupations de qualité architecturale et environnementale évoquées ci-dessus, la qualité d’insertion est ainsi aisément assurée par un impact minimal, un projet fractionné, dans la pente, dans une végétation préservée. Il s’agit bien ici de faire un équipement public lové dans les pentes et la végétation préservant au maximum un site majestueux de l’île aux parfums.
L'insertion dans le site est travaillée fortement avec :
- un étagement dans la pente des volumes les plus hauts
- un étagement des terrasses de vie, avec des jeux de rampes devenant des espaces d'évolution complémentaires aux grands espaces de la cour
- la conservation des grands arbres indigènes (baobabs) et domestiques (manguiers) afin de bénéficier d'ombrage et de participer au plenum d'inscription dans la pente
- des volumes simples avec des toitures suivant la pente pour les plus hauts (effet cumulatif aérodynamique et insertion)
- la mise en valeur végétale du site avec notamment la réalisation de jardins forestés en biodiversité indigène (site potentiellement conservatoire) formant écrin et continuité avec la pente du grand paysage
- le traitement doux des écoulements d'eau pluviales (conservation des petits noues, gestion aérienne dépolluante des eaux pluviales)
L'image architecturale
Mayotte est une île jeune, et les références architecturales pour des programmes de cette envergure sont récentes. Les matériaux un temps employés comme le bois et la brique de terre crue, très intéressants en termes d'impact carbone et sur le plan du comportement bioclimatique, sont actuellement moins employés, au profit d'une filière béton assez omniprésente comme à la Réunion.
Aussi, nous avons recherché une approche différenciée et pertinente pour une architecture compétente et contemporaine à Mayotte. Notamment l'usage de filières sèches permet de retrouver ou de renouer avec l'immense compétence d'un bâtiment emblématique de l'île : la maison du gouverneur à Dzaoudzi.
Cette référence climatique savante conçue par les ingénieurs d'Eiffel nous a fortement inspiré pour la recherche d'une image architecturale différenciée et inventive. Dans le paysage vert et brun des pentes xérophiles de Bambo Ouest, le long pan des enseignements est ainsi traité avec des matières poreuses à structure blanche piégeant la lumière et pas la chaleur, derrière les masses boisées des premières pentes.
Les bâtiments développent ainsi une image intégrée d'architecture institutionnelle compétente et bioclimatique. Les effets de couleurs sont définis en pointillisme à la manière des dessins des bangas sur des éléments spécifiques : pare soleils des volumes d'accueil et de restauration, refends des volumes long pan (ocre des sols latéritiques), portes des locaux, édicules techniques spécifiques... Ces éléments comme la signalétique qui sera imaginée sont les apports de la domesticité nécessaire à la vie sociale du collège.
L'architecture bioclimatique
Il est une évidence peu encore reconnue pour l'insertion, mais pourtant très nécessaire et citoyenne : celle de réaliser des équipements dont l'usage minimise les impacts carbone et donc les consommations d'énergie fossile. La climatisation standard des locaux est la plaie des milieux tropicaux et équatoriaux... C'est une réponse simplifiée qui n'est pas acceptable pour l'architecture ni pour la planète, car c'est l'architecture qui doit créer les conditions du confort et éviter ou limiter les systèmes actifs, dont la plupart posent par ailleurs des problèmes de santé.
Le projet est conçu comme une machine climatique dans la pente, ouverte aux brises marines et déployée aux faibles brises nocturnes. L'orientation des toitures parallèles à la pente, la très forte porosité des façades (près de 50%). Les effets qui suivent sont autant de dispositifs combinés pour irriguer au mieux et rafraichir au mieux les locaux intérieurs:
- débords de couverture
- couverture double peau thermo acoustique
- protection arborée des sols "durs" et des cours notamment
- double peau climatique
- soubassements ventilés (soulevés)
- tirage thermique par patios associés (voire par cheminée de désenfumage permanent - salle de restauration) .
En plus de la stratégie sur le site, un zonage thermique est mis en place dans les locaux à process comme la restauration et sa cuisine afin d'affiner l'optimisation énergétique.
Un collège où il fait bon vivre
L'enfance n'est pas nécessairement préparée pour être cloisonnée dans des bâtiments institutionnels qui peuvent contraindre la capacité des élèves par leurs aspects mal étudiés ou peu adaptés. Un collège est un lieux de vie et d'enseignement. Aussi, la beauté des lieux (au sens de l'intensité générée par les lieux) est une condition sine qua non de la qualité de vie et d'enseignement.
Au confort généré par l'architecture bioclimatique, la largesse des espaces protégés extérieurs, il faut également mentionner :
Ø la partition acoustique avec la conception aéro acoustique du projet (zonage acoustique, orientations, effets de masques, etc...)
Ø le confort visuel, en terme de lumière du jour
Ø le confort visuel avec les vues sur le grand paysage de la baie où d'une cour arborée
Ø le confort visuel sans éblouissement par les orientations vers le nord et le Sud des baies des locaux de travail
Ø le confort pour la corporéité à travers des cours "douces" partiellement traitée en gazon synthétique
Ø le confort de déplacement par des rampes douces, une inscription différenciée des terrasses organisées sur le site
Ø le confort piéton à travers la protection des déplacements doux....
Nous proposons donc un projet d’architecture tropicale, fonctionnel, adapté à un environnement préservé qu’il était indispensable de protéger autant que possible et qui puisse servir de base pédagogique à la préservation de l’île aux parfums.
Et si c'était à refaire ?
Nous aurions utilisé le bois à la place du métal ce qui aurait encore amélioré le bilan carbone, même si pour Mayotte, c'est un vrai changement que d'avoir pu faire un collège en filière sèche et non pas en béton.
Plus de détails sur ce projet
Le projet a été étudié sur la base du référentiel HQE, même si aucune certification n'a été faiteCrédits photo
LAB Réunion - Tand'M
Maître d'ouvrage
Maître d'œuvre
Intervenants
Architecte
Tand'M
Stéphan Aimé
maitrise d'oeuvre d'exécution
Bureau d'études structures
GECP & OMNIS
Alexandre Jennant
études structures et sismique
Bureau d'études autre
INSET
Eric Ottenwelter
Etude et BET fluides
Bureau d'étude thermique
LEU Réunion
Simon Chauvat
https://www.leureunion.fr/Bureau d'étude thermique, QE, paysage
Bureau d'études structures
I2M
Jean Marc Bouchut
bet structure métallique
Bureau d'études autre
NATURALISTE DE MAYOTTE
Franck Coudray
Naturaliste
Entreprise
SOGEA TRAVAUX
Claude Petit
entreprise VRD aménagements extérieurs
Entreprise
SMTPC
Olivier Trassard
entreprise gros oeuvre maçonnerie
Entreprise
SMAC
Virgile Virot
entreprise structure métallique- bardage - métallo textile
Bureau d'études autre
Delhome acoustique
bet études acoustiques
Bureau d'études autre
MBE
ANtoine Bajeux
bet vrd
Maître d'œuvre
Michel Delafosse
Michel Delafosse
maitre d'oeuvre d'exécution et OPC
Type de marché public
Marché global de performance
Consommation énergétique
- 90,00 kWhep/m2.an
- 330,00 kWhep/m2.an
Consommation réelle (énergie finale)
27,00 kWhef/m2.an
Plus d'information sur la consommation réelle et les performances
Eclairage intérieur foisonnement de 0,8 Ratio batiment standard 100 kWh/m²SU/an
Systèmes
- Aucun système de chauffage
- Solaire thermique
- Groupe de Production d'eau glacée
- Ventilo-convecteur
- Ventilation naturelle
- Solaire thermique
Bâtiment intelligent
Environnement urbain
- 34 443,00 m2
- 19 125,00
- un étagement dans la pente des volumes les plus hauts
- un étagement des terrasses de vie, avec des jeux de rampes devenant des espaces d'évolution complémentaires aux grands espaces de la cour
- la conservation des grands arbres indigènes (baobabs) et domestiques (manguiers) afin de bénéficier d'ombrage et de participer au plenum d'inscription dans la pente
- des volumes simples avec des toitures suivant la pente pour les plus hauts (effet cumulatif aérodynamique et insertion)
- la mise en valeur végétale du site avec notamment la réalisation de jardins forestés en biodiversité indigène (site potentiellement conservatoire) formant écrin et continuité avec la pente du grand paysage
- le traitement doux des écoulements d'eau pluviales (conservation des petits noues, gestion aérienne dépolluante des eaux pluviales)
Solution
COVERIB
ONDULIT
Laurent Pippinato
https://ondulit.com/Gros œuvre / Charpente, couverture, étanchéité
Couverture multicouche à prestation élevées : isolation phonique (bruit impact de la pluie), haut pouvoir de réflexion solaire
Pas de problème spécifique
SMC2

SMC2
Samuel Guillermard
Gros œuvre / Charpente, couverture, étanchéité
Charpente métallo textile avec texte type PVC précontraint et sytème de mise en tension par vérin mécaniques.
Très bon retour, assure protection solaire et lumière homogène pour la pratique sportive à très bon rapport qualité prix.
Crystalis volet roulant transparent
https://www.provelis.com/nouveautes/le-volet-roulant-transparent/Second œuvre / Menuiseries extérieures
Volet roulant transparent utilisé en vitrage des salles de classes permettant une ouverture totale et donc une excellente ventilation naturelle (porosité maximale).
Pas de problème spécifique signalé.
Coûts de construction & exploitation
- 24 730 000 €
Gestion de l'eau
- 261 573,00 m3
Qualité de l'air intérieur
Confort
Emissions de GES
- 47,00 KgCO2/m2/an
- 823,00 KgCO2 /m2
- 50,00 année(s)
Raisons de la candidature au(x) concours
Le projet permet une ventilation naturelle de confort et une faible consommation d'énergie malgré les températures et l’hygrométrie élevées. Une étude en soufflerie a permis une optimisation de l’utilisation des vents dominants, soit en ventilation traversante soit avec un puit dépressionnaire. Son implantation parallèlement à la pente a réduit son impact sur le site. Une couverture double peau thermo acoustique a été installée, protégeant l’enveloppe des apports solaires. L’utilisation de volets roulants transparents dans les salles de classe assure une ventilation et une lumière optimales.
Le bâtiment est construit de façon à préserver le site et sa végétation avec une structure légère en filière sèche acier. Les dispositifs suivants ont aussi fait l’objet du plus grand soin : conservation des arbres indigènes et domestiques qui permettent aussi un ombrage naturel, réalisation de jardins riches en biodiversité indigène, étagement dans la pente des volumes les plus hauts et des terrasses de vie.
La résilience du bâtiment est assurée par de multiples outils : optimisation des dimensions pour permettre une ventilation et un éclairage naturels (architecture passive), gestion des eaux pluviales en surface (évitant obstruction ou destruction du réseau en cas de séisme ou forte pluie), optimisation des descentes de charge afin de protéger le bâtiment des aléas sismiques.
Batiment candidat dans la catégorie
