Ce bâtiment a remporté une mention Grand Prix Construction Durable et une mention Prix Bas Carbone aux Green Solutions Awards France 2020-21.

UNE ARCHITECTURE RÉGÉNÉRATIVE PAR LA CONCEPTION ÉCOSYSTÉMIQUE

Dans un contexte de déplétion généralisée des ressources, des espèces, le centre de loisirs Jacques Chirac représente pour nous une nouvelle étape vers l’objectif minimum de neutralité écosystémique de l’acte de construire en visant l’enrichissement de cet écosystème.

Le service de maîtrise d’œuvre de la ville de Rosny-sous-Bois, la direction recherche et innovation territoriale, a comme feuille de route le maintien et l’amélioration du bien public dans un contexte de dérèglement climatique, entraînant un dérèglement social.

Dans l’exercice de conception et construction de nouveaux bâtiments scolaires, nous devons nous assurer du moindre impact de ces constructions sur notre environnement, qu’il soit local ou lointain. De fait, certaines techniques ou matériaux constructifs ayant des impacts environnementaux trop forts sont écartés de nos projets au profit de matériaux biosourcés tels que la paille, le bois, le coton, et de technologies low-tech.

UNE RÉFLEXION COMMUNE

Le centre de loisirs Jacques Chirac, qui accueille jusqu'à 180 enfants après l'école ou pendant les vacances scolaires, est situé dans l’enceinte du groupe scolaire Bois-Perrier. Sa construction a permis de regrouper les activités du centre de loisirs dans un seul bâtiment rendant possible le réaménagement des locaux libérés en classes au sein des écoles maternelle et élémentaire.

Le programme du projet est issu des échanges entre les futurs usagers et l’équipe de conception, tous collègues au sein de la Mairie. Les choix techniques sont envisagés dès la conception pour faciliter l’exploitation du bâtiment et les choix techniques innovants discutés en amont avec le bureau de contrôle pour éliminer les blocages éventuels.

RENFORCER L’ÉCOSYSTÈME LOCAL, MOINS DE BOIS, PLUS DE PAILLE

L’utilisation de la paille structurelle permet de limiter le recours au bois qui, s’il est une ressource renouvelable, nécessite une gestion sur un temps long et respectueuse de la biodiversité. La paille bio locale provient pour partie d’une exploitation en agroforesterie en Eure-et-Loir, le reste des Yvelines. Nous sommes guidés par l’idée d’une forêt riche en biodiversité et abritant des savoir-faire forestiers valorisant une sylviculture douce. Ainsi, nous cherchons à adapter nos modes constructifs à la forêt francilienne, tout en limitant l’emploi de bois ayant subi de multiples transformations énergivores incluant des éléments pétrochimiques, non renouvelables et nocifs pour l’environnement.

La structure est en bois massif francilien, sans colle (châtaignier, peuplier) pour franchir les plus grandes portées. Ce modèle permet de valoriser des bois de petites sections et ainsi favoriser l’emploi d’une pluralité d’essences, à l’image de la forêt francilienne d’une riche diversité.

Les autres utilisations du bois : les menuiseries extérieures, la couverture en planches de châtaignier, les bardages verticaux en mélèze et châtaignier.

VALORISER LES SAVOIR-FAIRE, DES MATÉRIAUX LOCAUX MIS EN ŒUVRE PAR DES ENTREPRISES FRANCILIENNES

L’entreprise Rialland Charpente du Val d’Oise a réalisé la structure bois ainsi que la charpente et les brise-soleils fixes en façade. L’entreprise d’insertion sociale Apijbat de Saint-Denis nous a accompagné dans cette innovation de paille porteuse sur deux niveaux.

MANIPULER DES MATÉRIAUX SAINS

Cloisons, menuiseries intérieures en bois, isolant en coton recyclé, peintures à l’huile de colza bio, mobilier réparable en bois massif : les matériaux de construction et de second œuvre choisis profitent à la fois aux ouvriers sur la chantier qui manipulent des matériaux sains puis à la qualité de l’air intérieur pour les utilisateurs.

EAU, AIR, ÉNERGIE, BIODIVERSITÉ

De conception bioclimatique et passive, le bâtiment est le lieu de l’application de nos recherches sur la ventilation naturelle avec récupération de chaleur : les prises d’air en façade sont reliées directement avec les échangeurs à plaques. Le tirage s’opère gràce à la hauteur des tours à vents et aux vents.

Pour chauffer le bâtiment, un chauffage inter-saisonnier via une cuve de stockage d’eau (d’occasion) de 55 m3 assurant 1/3 des besoins en chauffage a été étudié, en coopération avec l’Institut National de l’Énergie Solaire.

Un poêle de masse fonctionnant avec des bûches est installé au RDC pour fournir une ambiance conviviale et un point de chaleur supplémentaire et résilient car fonctionnant en cas de panne d’électricité.

Deux cuves en béton enterrées de 15m³ chacune permettent le stockage de l’eau de pluie. Cette eau est potabilisée avant de distribuer les bouches d’arrosage dévolues aux jeux d’eau d’été.

Des toilettes sèches pour les enfants et les adultes sont installées au RDC permettant encore une économie d’eau potable conséquente.

Enfin, la toiture terrasse, inaccessible au public, est plantée et fonctionne comme une réserve de biodiversité tandis que les enfants pourront s’occuper de leur potager en pleine terre, complété par des arbres fruitiers.

CHANTIERS CITOYENS, INITIER UN CHANGEMENT CULTUREL

Proposer un centre de loisirs de ce type et des ateliers participatifs participent à la sensibilisation des enfants et des adultes de Rosny aux questions environnementales et au nourissement de leur imaginaire.

50 personnes ont été formées à la terre crue et 3000 briques d’adobe ont été fabriquées lors de stages participatifs entre 2018 et 2020 pour construire un petit local extérieur dont la charpente, traditionnelle, a pour matière première les arbres abattus pour le chantier.

SAVOIR-ÊTRE ET ÉCO-CITOYENNETÉ

Les animateurs du centre ont également suivi une formation pédagogique pour les aider à appréhender leur nouvel espace de travail et enrichir leur projet pédagogique. Avec la participation de Living School, nous requestionnons la pédagogie pour être le moteur du projet architectural.

PARTAGER, ENRICHIR LE BIEN COMMUN, PRENDRE SOIN DE L’ÉCOSYSTÈME

La construction de ce centre de loisirs n’est pas une fin en soi mais un pas de plus sur le chemin, une étape dans nos réflexions et essais de constitution d’une architecture à l’empreinte «légère» sur son environnement.

Partager nos avancées est indispensable pour participer au changement culturel nécessaire pour faire face au futur. Avec le soutien de l’ADEME dans le cadre de l’appel à projet BATRESP, deux projets de recherche PPERP et VNRC sont en cours et seront publiés.

Restitution : restituer ce que nous avons pris à la nature. Pour boucler la boucle, notre objectif est de trouver le moyen de compenser nos constructions, en replantant des jardins-forêts œuvrables. A suivre!

Description architecturale

Programme : Une salle polyvalente de 180 m², 8 salles d’activités de 30 à 90 m² dont une salle d’activités manuelles, une salle d’expression corporelle et une cuisine pédagogique, hall d’accueil, bureau de direction, salle des animateurs.