Une solution géothermique clés en main pour décarboner le siège d’Optic 2000

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

2736 Dernière modification le 11/04/2023 - 09:07
Une solution géothermique clés en main pour décarboner le siège d’Optic 2000

 

Zoom sur un chantier fraîchement livré à Clamart, près de Paris. Pour réduire l’empreinte carbone du siège des enseignes Optic 2ooo, Lissac et AUDIO 2000 et répondre aux objectifs du décret tertiaire, l’entreprise Celsius Energy a déployé un système de sondes géothermiques inclinées, connectées à un local technique et piloté intelligemment. Retour d’expérience avec Charlotte Rey, cheffe de projet sur le chantier et Daouda Dramé, ingénieur en génie climatique. 

Construction21 : Pouvez-vous nous présenter les caractéristiques principales du chantier ? D’où est né le besoin de décarbonation des lieux ? 

Charlotte Rey : Nous avons été contactés par l’équipe technique du siège qui souhaitait poursuivre sa démarche de lutte contre le réchauffement climatique en utilisant de la chaleur et du refroidissement bas carbone. Il s’agit d’un bâtiment de 10 000 m² situé à Clamart et comportant une partie bureaux (5 000 m2) et une partie atelier/logistique (5 000 m2). Le chantier s’inscrit dans une démarche RSE globale de l’entreprise : recyclage de 62 tonnes de plastiques issues des verres de présentation des lunettes, 10 000 m3 d’eau économisés en moyenne par an grâce aux meuleuses à circuit fermé installées dans l’atelier de Clamart, collecte des anciennes lunettes de leurs clients pour les redistribuer à des associations, changement de 800 fenêtres et divers investissements pour réduire son empreinte carbone…

Daouda Dramé : L’idée est de lutter contre le réchauffement climatique, mais également de répondre au cadre réglementaire français actuel, notamment le décret tertiaire. Mettre en place une stratégie pour la production de chaud et de froid par une énergie renouvelable dans un bâtiment ayant des besoins importants, pouvait aider à atteindre rapidement les objectifs fixés dans le cadre de la loi. 

CR : Le chantier a débuté en mars 2022 par l’installation du chantier de forage sur le parking, situé entre le bâtiment et la route. Ces opérations de forage ont duré environ six mois, jusqu’en septembre. Nous avons enchaîné avec l’installation des équipements dans le local technique, le raccordement à l’installation existante – des chaudières gaz en rez-de-jardin, ainsi que des groupes froids en toiture. Le mois de décembre 2022 a été dédié à la mise en service de l’installation et du pilotage digital, pour une mise en fonctionnement en janvier 2023. 

Quelle solution a été proposée par Celsius Energy au groupement Optic 2000 ? 

CR : Celsius Energy fournit à ses clients une solution clé en main de chauffage et de rafraîchissement bas carbone. Cette dernière comprend : 

  • L’installation d’un champ de sondes géothermiques inclinées permettant de récupérer la chaleur de la Terre ;
  • La mise en place d’un local technique ;
  • L’établissement d’un pilotage digital.

L’un de nos principaux éléments différenciants réside dans notre façon d’implanter les sondes géothermiques : ces dernières sont concentrées en surface sur un espace équivalent à deux places de parking, puis s’écartent en sous-sol par effet d’inclinaison. Cette caractéristique nous permet d’avoir une emprise chantier extrêmement réduite, ce qui s’insère très bien dans un bâtiment de faible emprise foncière, comme c’était le cas pour Optic 2000. Ainsi, le temps des travaux, nous avons condamné seulement une partie des parkings assez étroits présents autour du bâtiment, laissant la possibilité de stationner même pendant les travaux. La gêne visuelle était également réduite. 

Cette solution inclinée permet en outre d’avoir un réservoir de chaleur équivalent à des forages verticaux, bien plus invasifs en termes de surface de chantier.

DD : Lorsque nous réalisons ces forages, nous instrumentons les sondes avec différents capteurs au niveau du sol. L’ensemble est relié à une plateforme digitale mise à disposition du client, permettant de suivre et optimiser la performance énergétique de l’installation. Il est ainsi possible de gérer de façon intelligente la production de chaud et de froid, ainsi que le local technique. Le digital est donc au cœur de la solution proposée par Celsius Energy. 

CR : Aujourd’hui, sur le site d’Optic 2000, environ 50 % de l’énergie nécessaire au chauffage et au rafraîchissement est fournie par la géothermie. Les 50 % complémentaires sont fournis par les installations existantes. Il s’agissait ici de trouver un équilibre technico-économique entre ces deux moyens de production. Grâce à notre solution digitale, il est possible de faire un « pilotage intelligent » qui bascule sur l’une ou l’autre des solutions selon la température extérieure notamment. Le pilotage peut aussi être ajusté dans le temps en fonction des retours des usagers et des économies d’énergie souhaitées. 
 

Le système comprend également une remontée des données pour la plateforme OPERAT de l’ADEME. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

DD : Effectivement, nous avons la possibilité de communiquer avec des API – flux de données – vers OPERAT, dans l’attente que la plateforme ouvre cette fonctionnalité (d’ici la fin de l’année 2023). Lorsque cela sera le cas, les informations pourront être transmises facilement, et ce pour les déclarations des clients faites en septembre de chaque année jusqu’en 2050 ! 

Pour améliorer encore cette problématique de remontées et de fiabilisation de données pour Optic 2000, une partie audit énergétique a été réalisée par un bureau d’études externe – Citron – qui a identifié plusieurs axes d’amélioration et a effectué un scenario de préconisations en ce sens. Celsius Energy a intégré la géoénergie à ce scénario. Cet audit a également permis de vérifier où le bâtiment se situerait à l’issue de l’installation de la solution de Celsius Energy, par rapport à ses objectifs d’économies d’énergie : -40% de consommation énergétique d’ici à 2030.   

 

Quels ont été les résultats constatés après le chantier ? 

CR : Toutes les entreprises mobilisées sur le chantier (nos sous-traitants Phréatech, Valentin et Energia) ont parfaitement réalisé leurs missions. Dans le local technique, tous les éléments sont entrés dans un espace très étroit sans faire de compromis sur les qualités techniques. Il est encore trop tôt pour avoir des éléments chiffrés sur les économies d’énergie permises. En revanche, en termes d’usage et de confort, nous avons pu avoir des retours d’expérience positifs. 

DD : Effectivement, les informations que nous avons pu avoir en interne attestent de la satisfaction du client.

CR : Il a notamment été apprécié le fait d’avoir un seul interlocuteur privilégié, le chef de projet, porté par une équipe pluridisciplinaire. J’ai ainsi pu répondre efficacement aux questions d’Optic 2000 sur tous les aspects du projet.

 

Quels sont les enseignements tirés du chantier ? Quelles évolutions sont à prévoir pour l’avenir ? 

CR : Les équipes dédiées au pilotage digital des installations se renforcent pour accélérer son développement. Plus globalement, nous travaillons sur la standardisation de notre offre, avec une certaine gamme de produits nous permettant de nous adapter aux besoins des clients et les amener vers une solution pouvant être facilement et rapidement mise en place. 

Nous ne cessons de nous améliorer au fil des chantiers, et ce notamment grâce au digital qui nous permet de récupérer des informations précieuses

DD : Nous ne cessons de nous améliorer au fil des chantiers, et ce notamment grâce au digital qui nous permet de récupérer des informations précieuses : meilleure projection de notre champ de sondes, optimisation des outils, internalisation des opérations… 

CR : Chez Celsius Energy, nous avons une équipe d’ingénieurs et de techniciens qui travaillent en permanence au perfectionnement de nos outils digitaux, mais aussi à l’amélioration des machines et techniques de forage. Un travail est également mené avec les entreprises de forage pour augmenter la part de tâches automatisées, notamment la manutention de charges lourdes.


Avez-vous d’autres projets actuels ou futurs de Celsius Energy à mentionner ?

CR : La ZAC Ferney Genève Innovation est un chantier dont la taille est plus importante que celle de notre cœur de marché habituel. Il s’agit d’un projet de récupération de chaleur fatale du Cern qui alimentera une boucle d’eau tempérée géothermique reliée à des champs de sondes. Celsius Energy intervient pour le forage de ces 40 000 mètres linéaires, soit le plus important chantier en France en termes de mètres linéaires. Un très beau projet auquel nous pouvons participer à la réussite !

DD : Nous avons également beaucoup d’autres projets qui arrivent ou sont déjà en cours… Mais sur lesquels nous ne pouvons pas encore communiquer !

 

Un article signé Amandine Martinet, Construction21


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