Une étude sur la faisabilité d'une évacuation d'agglomération par le train et la route

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Dans le cadre de l’élaboration de Plan Particulier d’Intervention (PPI) du barrage de Serre-Ponçon, la préfecture du Vaucluse a intégré les mesures d’évacuation des 234.000 habitants du secteur d’Avignon. Une méthodologie a été mise au point par le Cerema pour évaluer la faisabilité d’une évacuation anticipée de la population par réseau routier et ferroviaire.
En mars 2019, la préfecture du Vaucluse a élaboré son Plan Particulier d’Intervention destiné à anticiper une éventuelle rupture du barrage de Serre-Ponçon, la plus grande retenue d’eau artificielle de France métropolitaine. La préfecture a aussi souhaité mettre en place un plan d’évacuation de la population, une démarche nouvelle qui a nécessité d’établir un modèle.

Une méthode pour identifier les besoins logistiques

Le Cerema a mis au point une méthodologie pour évaluer la faisabilité d’une opération anticipée d’évacuation de toute la population en 24 h, qui a ensuite alimenté les réflexions d’un groupe de travail piloté par la préfecture pour définir une stratégie. 

La stratégie d’évacuation a ensuite été présentée aux communes du secteur concerné pour les aider à mettre en œuvre leur Plan Communal de Sauvegarde. La zone d’étude est la zone d’inondation spécifique sur Avignon et ses environs, soit au total 22 communes.

Les hypothèses préalables et les choix qui en découlent ont été validés par la préfecture et le groupe de travail constitué des principaux gestionnaires de réseaux (Vinci, Département et SNCF). 
Par exemple, l’évacuation par avion et bateau n’a pas été retenue car moins efficace en termes de capacité et de mise en œuvre, de même que l’évacuation longue distance par bus, faute de moyens et aussi pour ne pas engorger davantage le réseau routier.

Les données d’entrée utilisées par le Cerema portaient sur :

• la population par commune et par quartier, notamment les habitants équipés ou non de véhicules ;
• la zone d’inondation potentielle -avec un pourcentage de zone submersible et de population touchée par commune ;
• les capacités du réseau routier 
• les capacités des trains et gares d’accueil. 

Ensuite, les différents types de population à évacuer ont été identifiés sur les zones inondées ou isolées du fait de l’inondation:

• les résidents d’EHPAD et les personnes hospitalisées dont l’évacuation relève d’autres plans de gestion de crise, et est organisée au préalable,
• les personnes disposant de véhicules dont l’évacuation doit être organisée par les grands axes routiers, 
• et les populations autonomes non motorisées dont l’évacuation doit être organisée par transport ferroviaire avec acheminement vers les gares par bus et à pied.

En matière de temporalité, Il a été décidé de réaliser l’évacuation en 24h, avec une alerte des populations à 8 h du matin ou 21h selon le moment de l’alerte EDF. La vague issue de la rupture du barrage mettrait 10 à 12 h à arriver dans la région d’Avignon concernée par la mesure.  

Le Cerema a également évalué le caractère aléatoire du comportement des habitants face à l’ordre d’évacuation, et estimé (selon les lois de répartition) que la majorité de la population quitterait les lieux 12 heures après l’ordre d’évacuation, au pic de l’opération, et très peu de départs au tout début et à la fin.

Des documents de synthèse pour communiquer

La méthode et le travail de groupe ont permis d’identifier une série d’actions à mener pour permettre la faisabilité de l’évacuation et déterminer les moyens à mettre en œuvre.
Pour l’évacuation par route :

• Interdire le trafic de transit dans le département et fermer les routes d’accès au département.
• Déterminer le nombre de véhicules évacuant par les routes, en estimant qu’environ 20% des ménages motorisés utiliseront deux véhicules.
• Déterminer les itinéraires d’évacuation pour sortir du département, de manière à ce qu’ils soient logiques et compréhensibles par l’usager, mais aussi de grande capacité pour être le plus fluide possible.
• Découper le département en secteurs répartis selon les grands itinéraires d’évacuation. Plusieurs scénarios ont été testés afin d’évacuer les populations vers des zones non impactées et accessibles rapidement. L’évacuation respecte le principe d’une évacuation en étoile.
• Vérifier la viabilité et la capacité des axes retenus pour l’évacuation en évaluant notamment les tranches horaires d’apparition des congestions et la longueur des bouchons par une méthode de calcul macroscopique et statique. Des points noirs tels que l’ échangeur sur l’A7 au nord d’Avignon, ont ainsi pu être identifiés.

Pour l’évacuation en trains :

• Déterminer la population à évacuer par voie ferroviaire, en fonction des heures d’arrivée, 
• Déterminer les lignes ferroviaires, la localisation des gares et les trains à mobiliser, en fonction de leur capacité.
• Identifier les moyens d’acheminement de ces populations vers les gares et les besoins en bus d’acheminement.
• Evaluer le nombre de trains et de bus nécessaires et la répartition horaire des départs.

La méthode a été appliquée sur le secteur d’Avignon et ses environs, compris dans les zones à risque d’inondation par rupture de barrage. Elle a permis de quantifier la population et le nombre de véhicules à évacuer pour chaque secteur, et le nombre d’habitants à évacuer en train selon les créneaux horaires et les communes. 

Le Cerema a réalisé des fiches techniques qui résument les principales données utiles pour les évacuations routière et ferroviaire et les points de vigilance.
L’efficacité de ces mesures dépendra aussi de la connaissance qu’en aura la population : début 2022,  le plan a été soumis à consultation du public dans les communes concernées. 

Actualité publiée sur Cerema Actualités
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