Un MOOC pour sensibiliser aux enjeux méconnus des chaufferies

Jean-Luc Faure et Claude Moimeaux se définissent comme des « architectes de l’ombre ». Tous deux enseignent à l’Université de La Rochelle, la conception et l’optimisation des systèmes énergétiques assurant le confort des bâtiments et plus particulièrement les chaufferies. C’est un sujet qui leur tient tellement à cœur qu’ils ont décidé d’utiliser le MOOC pour montrer l'importance de ce facteur dans le bâtiment et pour son efficacité énergétique.

D’où vous est venue l’idée de créer un MOOC spécifique à l’optimisation des chaufferies ?

Jean-Luc Faure : Nous avons commencé à y réfléchir il y a deux ans. Claude et moi travaillons ensemble depuis plusieurs années à l’Université de La Rochelle. Lorsque l’appel à projet MOOC lancé par l’ADEME et le Plan Bâtiment Durable est sorti, j’en ai fait part à Claude. Nous nous sommes pris d’enthousiasme pour ce média innovant, au moment même où nous envisagions de publier un ouvrage sur le thème de la conception, de l’optimisation et du pilotage des chaufferies. Le MOOC offre de nombreuses possibilités en comparaison d’un livre, la plus importante : nous pouvions toucher une cible plus jeune, étudiante, les futurs ingénieurs. Un MOOC c’est un « BOOK » moderne ! Nous avons donc décidé de réaliser un MOOC sur les chaufferies avec le soutien de l’Université de La Rochelle et de la plateforme TIPEE et le soutien financier du PACTE, de l’ADEME et de la région Nouvelle aquitaine.

D’où vient votre passion pour ce sujet ?

Claude Moimeaux : Je partage mon activité entre un bureau d’étude thermique et un poste d’enseignant au département génie civil de l’Université de La Rochelle. Au cours de ma carrière, j’ai pu voir un très grand nombre de projets et le potentiel de simplification est énorme. Travailler sur l’enveloppe du bâtiment est certes essentiel, mais si les systèmes de chaufferie ne sont pas optimisés, peut-on vraiment parler d’efficacité énergétique ou même de confort ? La conception, la régulation et la gestion des chaufferies peuvent être optimisées dans de nombreux cas.

Jean-Luc Faure : A l’université même, dans le cadre d’une pédagogie de projet, nous sommes amenés à examiner des dossiers d’entreprises avec nos étudiants. Nous y portons notre expertise et nous exerçons nos étudiants à faire de même, à rechercher la simplicité et la haute efficacité. Cette passion nous voulons la transmettre aux étudiants, mais au-delà nous voulons que les professionnels du secteur se posent ces questions.

Au-delà de la simplification des systèmes, qu’allez-vous aborder dans ce MOOC ?

Jean-Luc Faure : Le MOOC s’étend sur 5 semaines et suit un fil rouge autour des chaufferies gaz de moyenne puissance, comme celles que l’on peut trouver dans des immeubles de bureaux, du logement collectif, des hôpitaux ou des écoles. Les trois premières semaines de cours sont conçues pour que les intéressés du MOOC intègrent ou se réapproprient les bases. Les deux dernières semaines, nous proposerons et analyserons des schémas optimisés avec de nouvelles créations.

Claude Moimeaux : Notre travail sera basé sur une chaufferie existante, celle de l’Université de La Rochelle. Il est important que les intéressés puissent travailler son un cas réel, car comme pour le bâtiment, chaque système de chaufferie est unique. Nos étudiants de master doivent réaliser qu’ils sont des « architectes de l’ombre » et les professionnels du secteur qui suivront ce MOOC doivent également comprendre ce rôle. Il y a la création artistique, mais il y a aussi une certaine beauté dans la création technique.

Mais au-delà de la méthodologie de conception transmise dans ce MOOC, nous souhaitons que nos intéressés prennent en compte deux autres aspects très importants pour les chaufferies : la régulation et la gestion.

Quels sont les enjeux de la régulation et de la gestion pour les chaufferies et leur optimisation ?

Claude Moimeaux : Les systèmes techniques sont de plus en plus pilotés par des automates au travers d’une multitude de capteurs. L’optimisation des systèmes de chaufferie passe également par une meilleure compréhension de ce pilotage à distance automatisé. La gestion Technique du Bâtiment (GTB) s’en trouve facilitée. Parmi les dossiers d’entreprise qui passent devant nos étudiants à l’Université de La Rochelle, nous avons pu observer un manque criant en termes d’analyse fonctionnelle et de programmation. Par extension, si la programmation n’est pas adaptée, la gestion même des systèmes ne sera pas optimale.

Quels sont les objectifs de ce MOOC ?

Jean-Luc Faure : Nous avons conçu ce MOOC pour les étudiants de niveau BAC +2 à BAC +5, ainsi que pour tous les professionnels du bâtiment. A travers cette formation, nous souhaitons faire réfléchir les praticiens d’aujourd’hui et de demain sur le thème des chaufferies et apporter de nouvelles pistes sur la conception et l’optimisation des schémas. L’interactivité des MOOC doit permettre de provoquer des échanges entre les professionnels, mais aussi entre étudiants et professionnels. Nous avons d’ailleurs filmé les témoignages d’une trentaine de personnes d’entreprises représentant les maillons de la chaine de compétence : maitres d’ouvrages, bureaux d’études thermiques, entreprises, intégrateurs et entreprises de maintenances. Ces vidéos alimenteront les échanges que nous souhaitons nombreux et productifs.

Claude Moimeaux : Il s’agit aussi de transmettre une véritable méthodologie de conception construite sur des années d’expérience : comment partir d’une feuille blanche pour arriver à un système simple et hautement efficace ? comment penser la régulation de ces systèmes très en amont ? comment réaliser leur analyse fonctionnelle ? La dernière semaine est d’ailleurs consacrée à ces questions. 

Le manque d’analyse fonctionnelle des systèmes de chaufferie est un problème qui pèse aujourd’hui autant sur les exploitants que sur les intégrateurs. Les concepteurs de systèmes et les acteurs concernés ne travaillent pas suffisamment avec les intégrateurs et les programmeurs pour leur permettre de créer des programmes de régulation adaptés aux chaufferies. En conséquence, l’exploitant ne bénéficiera pas d’un système 100% optimisé.

Quand commencera le MOOC ?

Jean-Luc Faure : Les inscriptions sont ouvertes depuis le 29 janvier et le MOOC débutera le 13 mars. Les étudiants et les professionnels intéressés peuvent s’inscrire sur la plateforme MOOC Bâtiment Durable. Sur les 5 semaines de cours, le MOOC représentera 1h à 1h30 de travail par semaine avec des vidéos, des questionnaires et des exercices en drag & drop. A la fin des 5 semaines, si les intéressés obtiennent 70% de réussite aux différents quiz notés, ils recevront une attestation.

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