"Un autre regard" - Edito du rapport RSE CSTB par Etienne Crepon, President du CSTB

La crise sanitaire qui frappe l’ensemble de la planète depuis la fin de l’année 2019 transformera peut-être notre environnement. Il y aura peut-être un « monde d’après » la crise : il est objectivement trop tôt pour le dire et, si c’est le cas, pour en dessiner les contours. Il est en revanche évident, et dès à présent perceptible, qu’elle a profondément modifié notre perception du monde, et donc nos priorités. Une telle transformation a et aura nécessairement un impact majeur sur le secteur de la construction et de la rénovation qui développe, modernise et entretient notre cadre de vie. Elle influe bien évidemment aussi sur les priorités scientifiques et techniques du CSTB dans son action quotidienne et de long terme au service de ses clients et de l’intérêt général.

À l’échelle globale

Cette crise violente, mondiale et soudaine nous a collectivement fait prendre conscience que notre univers, notre quotidien étaient fondamentalement instables. Cette prise de conscience peut en partie expliquer la demande accrue tout autour de la planète d’une intensification de l’action face au changement climatique. Elle ne constitue plus une option, mais est désormais une mesure de sauvegarde, au même titre que le respect des gestes barrières est aujourd’hui une obligation pour protéger nos modes de vie.

La crise sanitaire a aussi profondément modifié notre relation à notre lieu de vie, facteur décisif de notre bien-être. Si l’on n’a pas attendu cette crise pour savoir qu’habiter un logement insalubre pouvait avoir des conséquences graves sur la santé des plus fragiles, elle nous a démontré à quel point notre cadre de vie était un déterminant pour notre bien-être.

À l’échelle du secteur de la construction

Ces modifications sociétales structu­relles auront un impact sur la filière construction dont la raison d’être est de développer, moderni­ser, entretenir notre cadre de vie.

Accélérant un mouvement initié depuis quelques années en France et dans les pays développés, la rénovation deviendra plus importante que la construction neuve. Cette évolution va profondé­ment transformer tout le secteur. Un chantier de rénovation conduit la plupart du temps à l’immobi­lisation de l’actif immobilier. Par là même, réduire la durée du chantier devient un enjeu majeur. Ce sera un puissant moteur d’innovation pour les industriels de la construction, dont on peut prédire qu’ils délivreront de plus en plus de systèmes dont la mise en œuvre aura été facilitée.

Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment

Entreprise publique au service de ses clients et de l’intérêt général, le CSTB a pour ambition d’imaginer les bâtiments et la ville de demain en accompagnant et sécurisant les projets de construction et de rénovation durable pour améliorer la qualité de vie de leurs usagers, en anticipant les effets du changement climatique.

À cet effet, il crée et partage des connaissances scientifiques et techniques permettant d’améliorer la qualité des projets et leur réalisation. Il accompagne les entreprises innovantes de l’idée au marché. Enfin, il sécurise et valorise les performances et l’impact environnemental des produits et systèmes constructifs ainsi que des ouvrages.

Face à la crise, le CSTB a mobilisé l’ensemble de ses compétences pour contribuer aux réponses à apporter à moyen et long terme. C’est dans cet esprit qu’il a aidé le Conseil départemental des Hauts-de-Seine à sécuriser sur le plan sanitaire la réouverture des collèges et qu’en plein accord avec lui, il a diffusé en accès libre les conclusions de ses travaux.

Au-delà de ces premières missions d’expertise, conduites en urgence, le CSTB a lancé un pro­gramme de recherche pluriannuel pour mieux connaître les modalités de circulation et de survie d’un virus dans un espace clos et pour évaluer l’ef­ficacité des différentes solutions de remédiation. Ce projet, qui sera mené en partenariat avec d’autres acteurs de la recherche, devrait aboutir en 2023.

Spécialiste d’une approche systémique des ouvrages et quartiers, le CSTB s’appuie sur ses compétences pour renforcer sa capacité d’approche globale du confort réel et perçu dans les espaces habités, comme il l’a fait de longue date pour l’analyse en cycle de vie de l’impact environnemental des bâtiments.

Il s’est fixé l’objectif de pouvoir tout à la fois mesurer le confort global des bâtiments en agrégeant l’ensemble des facteurs les influençant, et de savoir identifier progressivement les causes qui viennent influer ce bien-être.

Ces compétences sont et seront mises à disposition de ses clients et partenaires. Parce qu’une recherche appliquée a besoin d’acteurs qui acceptent d’en expérimenter la pertinence et l’utilité opérationnelle.

Au service de la filière, il aidera à l’émergence de solutions permettant de répondre à tous ces nouveaux enjeux et intégrera, comme il a coutume de le faire, ces avancées dans ses référentiels d’évaluation de la performance des produits et systèmes constructifs et des ouvrages.

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Crédits photo : Raphaël Dautigny