Territoires résilients, agir maintenant pour transformer demain : L'Essentiel du Cerema pour les maires

556 Dernière modification le 21/11/2022 - 11:31
Territoires résilients, agir maintenant pour transformer demain : L'Essentiel du Cerema pour les maires

Le Cerema publie un nouvel Essentiel pour les élus des collectivités et leurs équipes, afin de présenter de manière concise et illustrée comment mettre en œuvre des démarches résilientes sur leur territoire. A quelles crises se préparer? Comment agir concrètement? Par où commencer? Les clés sont dans ce document, présenté à travers une interview par les deux coordinatrices de l'ouvrage, Bérangère Mercier, directrice de projet Résilience et Louise Rhodde, chargée de projet résilience.

Cet Essentiel "Territoires résilients, agir maintenant pour transformer demain" présente l'approche globale du Cerema pour envisager et mettre en oeuvre des démarches de résilience et d'adaptation des territoires aux crises présentes et futures. Bérangère Mercier, directrice de projet Résilience et Louise Rhodde, chargée de projet résilience, qui ont piloté la rédaction de ce document au Cerema, ont répondu à 3 questions...

Bérengère Mercier : Renforcer la résilience pour un territoire peut se faire de différentes manières et à différents niveaux. C’est l’idée de se donner les moyens de ne pas être simplement dans la réponse à la crise et la réaction au coup par coup, mais d’anticiper ce qu’il va se produire et la manière dont on va s’adapter : il y a l’idée clé de se transformer, de changer

enfant sur un tricycle dans un village rénové du sud

Louise Rhodde : L’enjeu est vraiment d’anticiper et de prendre à bras le corps une transformation qui va être majeure, avec des changements qui, on le sait, impactent déjà et vont continuer d’impacter les territoires et ceux qui y vivent.

La résilience pour un territoire aujourd’hui cela veut dire parvenir à anticiper les changements et crises qui arriveront dans le temps moyen et long tout en gérant celles du temps présent. Et voir qu’en réalité, nos décisions, nos réponses aux crises actuelles sont déjà un moyen d’anticiper celles futures. Car plus l’on attend, plus les marges de manœuvre et nos choix seront contraints et réduits. 

Bérangère Mercier : C’est aussi penser de manière transversale, car le climat est un des aspects majeurs à prendre en compte, mais pas le seul.

Les territoires sont confrontés à différents types de chocs, stress chroniques, qui peuvent non seulement se répéter, mais aussi se cumuler. Pour les collectivités c’est une nouveauté, et un challenge: on ne peut plus raisonner en silo. Il faut arriver à décloisonner la réflexion, faire travailler ensemble différents domaines. Car parfois une action qui peut sembler une réponse pertinente au regard d’un métier peut ne pas l’être si l’on prend en compte d’autres facteurs, enjeux ou points de vues. Les bouleversements à venir ont des effets domino, et vont toucher l’ensemble de ce qui compose un territoire. 

Louise Rhodde: Si l’on veut résumer, renforcer sa résilience aujourd’hui c’est changer profondément nos façons de faire : ne plus penser en termes de crises ponctuelles mais penser une autre façon de vivre le territoire sur le temps long, sortir d’un raisonnement secteur par secteur, acteurs par acteurs, pour être en mesure de répondre aux besoins essentiels pour tous. 

On voit que derrière ces changements il y a une question essentielle qui est celle de la justice sociale. Dans ces périodes de tension où les champs d’action peuvent se réduire, on peut avoir tendance à renforcer voire amplifier des schémas et modes de faire existants, mais ceux-ci renforcent les inégalités. Ce sujet doit lui aussi être anticipé, il y a un vrai enjeu à penser les questions d’inégalités sociales et de juste répartition de l’effort dans un contexte de crises et de contraintes

Bérangère Mercier : On peut voir ces crises comme l’occasion pour le territoire de requestionner ce qui est important et de s’interroger sur le futur qu’il souhaite collectivement pour ainsi mobiliser autour de nouveaux projets, de sujets très concrets et essentiels. 

 

L'Essentiel

Quelle est la principale difficulté rencontrée par les collectivités, notamment les moins grandes, pour se saisir de la question et définir une stratégie?

Bérangère Mercier : La question que se posent les collectivités c’est : par où commencer ? Il important d’abord de dire que les collectivités font déjà des choses, à travers certaines actions, à travers la planification. Elles ont donc tout intérêt à partir de ce qui existe déjà et le renforcer à l’aune de la résilience et des enjeux du territoire.

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En commençant par se coordonner entre initiatives, projets, échelles, acteurs publics, privés, citoyens, on peut progressivement compléter les maillons qui manquent, mieux articuler ce qui est fait.

Un point de départ peut être d’interroger en profondeur et sous le prisme de la résilience une problématique forte du territoire, sur laquelle il y a une dynamique collective. La volonté commune et le portage politique sont essentiels pour une démarche de résilience et la réussite des projets donc si une démarche forte existe déjà autant partir de là. 

Louise Rhodde :  Enclencher une stratégie de résilience ne doit pas surajouter un document au mille-feuille des stratégies existantes, elle doit plutôt les "infuser".

La formaliser en tant que telle peut être utile pour avoir une vision stratégique d’ensemble, mais l’essentiel est vraiment d’avoir une cohérence entre les actions déjà menées et celles envisagées par la collectivité. A la question "par où commencer ?", la réponse peut donc être "par le projet, la démarche qui est déjà sur la table".

La résilience peut apparaître comme un concept théorique, pourtant il s'agit de questions très concrètes : quel accès à l’eau, à la nourriture, à l’énergie sur le territoire ? Comment vivre avec les canicules ? Comment mieux aménager les espaces publics ? Comment faire face aux inondations ? Quel accès à la nature ? …

Une autre problématique rencontrée par les collectivités est celle d’une approche transversale, multi-acteurs et multi échelles. C’est une nouvelle façon de fonctionner qui nécessite de partager des connaissances communes, de s’initier à des méthodes d’ateliers collectifs, de co-construction.

Le Cerema dans ses accompagnements anime ces temps très riches de sensibilisation, formation, mise en commun et co-construction. Nous utilisons notamment la Boussole de la résilience, un outil pensé pour avoir une approche globale qui peut être utilisé comme un cadre commun de discussion et de compréhension  pour les différents acteurs.

Cette co-construction si elle peut parfois effrayer permet pourtant d’obtenir beaucoup d’informations, d’identifier des priorités dans des temps très courts, grâce au croisement des secteurs, compétences, échelles. Ces temps permettent aussi aux projets de mieux être portés par le collectif.  

Bérangère Mercier : Finalement une des plus grosses difficultés est peut-être pour les collectivités d’accepter les bouleversements présents et à venir, d’avoir conscience des vulnérabilités du territoire pour prendre les décisions nécessaires maintenant.

Mais cet exercice est un moyen de ne pas subir les évolutions à venir, c’est l’occasion d’inventer, d’innover, de redonner du sens au rôle des collectivités, de s’appuyer sur la richesse du territoire et de retrouver du pouvoir d’agir là où il y en a. 

Et les territoires peuvent se nourrir aussi de ce qui se fait ailleurs et à proximité, pour réaliser qu’ils ne sont pas seuls face à ces défis. Ce qui apparaît impossible dans une commune a parfois été réalisée dans une autre, pas si loin. Il est important de se réunir, d’échanger sur les bonnes pratiques, sur les difficultés et comment elles ont été surmontées.

Dans cet essentiel nous avons présenté des initiatives et actions concrètes de collectivités qui s’engagent vers la résilience de leurs territoires. 

 

jeunes dans un parc

 

Comment le Cerema accompagne les collectivités dans ces démarches?

Bérangère Mercier : Le Cerema travaille sur un grand nombre de sujets stratégiques et opérationnels avec l'angle de la résilience, comme le risque inondation, les infrastructures et la mobilité, les îlot de chaleur, la nature en ville, l'aménagement...

Nous capitalisons et diffusons les connaissances via des publications, des webinaires comme par exemple ceux organisés en ce moment dans le cadre des Contrats de Relance et de Transition Ecologique, ou encore l’animation de réseaux via notamment la plateforme Expertises.Territoires.

Nous conduisons aussi des formations destinées à sensibiliser, partager les fondamentaux de la résilience, présenter la démarche opérationnelle et ainsi se saisir des moyens d’agir. Elles peuvent être données au niveau de la collectivité ou l’intercommunalité mais aussi lors de session proposée dans notre catalogue de formation. 

Louise Rhodde : On a parlé de co-construction, d’animation d’ateliers transversaux, d’identification des vulnérabilités du territoire, de ses atouts, de plan d’actions… le Cerema accompagne les collectivités dans toute ces phases-là à travers ses accompagnements à la démarche de résilience territoriale. Ces appuis peuvent se faire dans le cadre de l’élaboration de documents de planification comme un SCoT, un PLUi, un PCAET, de projet de territoire ou par le biais d’entrées un peu plus thématiques : comme une stratégie de résilience en matière de biodiversité, de réseau d’infrastructure…

Il peut intervenir à toutes les étapes et à différentes échelles. Vous trouverez dans l’Essentiel et sur notre site quelques exemples d’accompagnement comme le SCoT Pays Basque Seignanx, une démarche autour de risque naturel dans la Vallée du Valentin, des ateliers autour d’un projet de territoire à Mens-en-Trièves. La dimension nationale du Cerema lui permet aussi de capitaliser .

 

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