Sylfen : autonomie et stockage longue durée de l'énergie

Rédigé par

Hortense BECHEUX

Project Manager

11167 Dernière modification le 22/04/2020 - 18:29
Sylfen : autonomie et stockage longue durée de l'énergie

 Le renouvelable a le vent en poupe et permet de démocratiser l’autoconsommation que celle-ci soit collective ou individuelle. Néanmoins, concevoir des bâtiments autonomes est plus compliqué qu’il n’y paraît. Pour éviter de faire appel de manière systématique au réseau traditionnel d’énergie, il est en effet nécessaire de stocker l’énergie produite par le bâtiment pour la restituer plus tard. Sylfen développe une solution hybride batterie/hydrogène qui permet un stockage sur la courte et la longue durée. Eclairage en compagnie de Nicolas Bardi CEO de l’entreprise.

En quoi consiste votre solution ?

Ce à quoi nous travaillons, c’est à rendre les bâtiments autonomes. Dans ce cadre, nous sommes convaincus que la production d’énergie renouvelable est une des fonctions principales à implémenter pour réduire fortement la consommation en énergies fossiles. Améliorer la performance énergétique des bâtiments n’est en effet pas suffisant. Néanmoins le renouvelable pose souvent la question du stockage, car l’énergie est souvent produite de manière intermittente ou aux mauvais moments de la journée.

Nous avons donc développé une solution de stockage hybride de l’énergie qui permet de généraliser l’autoconsommation. Nous utilisons des batteries pour du stockage sur du court terme et de l’hydrogène, quand plusieurs jours ou semaines de stockage sont nécessaires. Cela permet de s’adapter à des profils de production et de demande très différents, que ce soit au niveau des usages ou des conditions climatiques.

En quoi votre l’activité de Sylfen s’inscrit dans le développement durable ?

Notre ambition est de changer l’image que l’on a des bâtiments. Nous voulons les transformer en producteurs et stockeurs d’énergie. C’est selon nous la brique qui manque pour la transition écologique. Un bâtiment sera toujours un consommateur d’énergie, car c’est un lieu de vie, de divertissement, etc. On parle aujourd’hui beaucoup de l’hydrogène dans les transports qui sont, avec le secteur du bâtiment, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Pourquoi ne pas transposer ces technologies à la construction ? Suivant le mix énergétique des pays, nous pouvons réduire de 25 à 75% les émissions de gaz à effet de serre en limitant au maximum le recours aux réseaux traditionnels d’énergie. Il est nécessaire de décloisonner le monde du bâtiment. L’énergie doit être incluse dans la conception des bâtiments et il est nécessaire de bien prendre en compte le fait qu’énergie signifie à la fois électricité et production de chaleur.

Par ailleurs, l’aspect autoconsommation répond à un autre débat de société : celui des circuits courts. En privilégiant l’autoconsommation, l’accès à l’énergie est décentralisé. Il revient à l’échelle locale pour devenir plus proche des usagers, des professionnels qui interviennent, etc. Ce n’était plus le cas depuis les débuts de la révolution industrielle.

Techniquement comment fonctionne ce stockage hybride batterie/hydrogène ?

Nous utilisons deux sous-ensembles :

  • Le premier est un ensemble d’armoires de la taille d’un gros frigo intégrable dans les espaces dévolus aux équipements techniques. S’y trouvent les batteries et l’électrolyseur R-Soc réversible, qui fonctionne comme une pile à combustible dans la phase de restitution.
  • Le deuxième est le réservoir d’hydrogène stocké en extérieur. Il occupe l’équivalent d’une ou deux places de parking selon la puissance requise.

Au niveau performance, nous sommes sur un rendement de 90% pour les batteries et de 50% pour notre électrolyseur réversible. Ce niveau de rendement de l’électrolyseur est permis par une nouvelle technologie que nous avons développée. En règle générale, ce type d’équipement ne dépasse pas les 35% de rendement (70% pour la production d’hydrogène, 50% pour la restitution d’énergie). La différence de rendement entre les batteries et l’électrolyse n’est pas gênante dans la mesure où les pertes se font principalement sous forme de chaleur. On peut donc récupérer cette dernière pour l’eau chaude sanitaire (ECS), les échangeurs, ou faire du froid.

Un autre avantage de notre technologie est que si le stock d’hydrogène est insuffisant, la pile peut utiliser du méthane. Cela permet de recourir à du biogaz local pour limiter la perte d’autonomie du bâtiment.

Enfin, notre solution est modulaire pour s’adapter au niveau de consommation requis par chaque bâtiment. Nous avons ainsi développé un service d’étude de projection qui permet de calculer très simplement le nombre de modules nécessaires en fonction des usages.

 

Quels types de clients recherchez-vous ?

Aujourd’hui, nous avons livré et opéré pour Engie un démonstrateur en Île-de-France et avons signé deux contrats en Italie. 2020 sera l’année du déploiement sur des bâtiments de 1000 à 10 000 m2, à partir de 2022 nous allons viser des quartiers et des campus entiers ainsi que des sites industriels.

Nous visons aussi la rénovation, car il est nécessaire de combiner efficacité énergétique et performance environnementale sur ce secteur. Notre solution modulable s’adapte à tous les types d’environnements.

 

 

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