Sobriété énergétique : une voie pour la résilience des territoires

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CLER La rédaction

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741 Dernière modification le 29/11/2021 - 09:39
Sobriété énergétique : une voie pour la résilience des territoires

Directrice de l’association Virage Énergie, adhérente du CLER-Réseau pour la transition énergétique, Barbara Nicoloso a publié en 2020 le “Petit traité de sobriété énergétique". Dans cet ouvrage, elle réinterroge notre société et nos modes de vie énergivores et dessine des solutions et les contours de politiques publiques plus ambitieuses.

 

Pourquoi ce livre ?

Le point de départ, c’est tout le travail mené par l’association Virage Énergie depuis 2006, à savoir la réalisation de scénarios de prospective énergétique et sociétale autour de l’énergie. Nous avons beaucoup travaillé sur cette notion de sobriété qui est encore le parent pauvre de la transition énergétique. Notre conviction chez Virage énergie, c’est que la question énergétique ne doit pas seulement être traitée du point de vue technique mais aussi comme une question politique et sociale. Nous pensons aussi que la sobriété énergétique peut être vecteur d’amélioration de la qualité de vie, de développement d’une économie locale et le fondement même de territoires plus résilients.

Que désigne précisément le concept de “sobriété énergétique” ?

C’est une démarche qui vise à réduire nos consommations énergétiques mais aussi nos consommations de ressources matérielles de manière volontaire et organisée, en faisant évoluer nos modes de vie individuels et collectifs ainsi que nos normes sociales, nos réglementations et nos imaginaires.

Comment ce concept s’est-il installé dans nos sociétés ?

Depuis très longtemps ! On le retrouve même  dans les grands textes spirituels fondamentaux comme la Bible, le Coran ou la Torah. Cette notion est réapparue fortement dans les années 70, chez les grands penseurs de l’écologie politique comme Ivan Ilich, Bernard Charbonneau … Ce sont les premiers à théoriser le fait que nous étions rentrés, avec l’exploitation massive des énergies fossiles et l’explosion de nos consommations énergétiques,  dans une société “d’ ébriété énergétique”. Pour ces intellectuels, il était nécessaire de repenser le développement de notre société au regard de la modération de nos consommations d’énergie. C’est alors le début de la prise de conscience de l’impact sur l’environnement et le climat de ce mode de vie reposant sur les énergies fossiles.

Quel est notre rapport à la sobriété ?

En France, peu de monde s’intéresse et travaille sur ce sujet. Il s’agit surtout d’associations, de cabinets de conseil et de quelques chercheurs. La transition énergétique est encore trop une question d’ingénieur, que l’on traite seulement par le prisme des moyens de production, sans se pencher sur celle des usages. Depuis une dizaine d’années, avec l’apparition de la sociologie de l’énergie, cela évolue.  L’enjeu est désormais d’institutionnaliser cette notion. Dans la loi de transition énergétique de 2015, il est écrit que “la sobriété  participe au même titre que l’efficacité à la maîtrise de la demande en énergie”. Dans le rapport de la Convention Citoyenne pour le Climat le terme sobriété apparaît même 32 fois. C’est énorme ! Malheureusement, il n’est repris qu’une seule fois dans le texte de la loi Climat & résilience. Il y a donc encore du travail !

Quelles politiques publiques pourraient-être mises en place ?

La sobriété touche à tout :  la mobilité, l’habitat, le territoire, l’alimentation, les biens de consommation, l’aménagement du territoire… Sur le champ de la mobilité, le recours massif aux modes doux peut être encouragé pour réduire l’usage de la voiture thermique.

Sur le plan du logement, le développement de l’habitat partagé peut être un frein à l’étalement urbain. Côté aménagement, il est possible de concentrer les services, les loisirs, le travail dans un périmètre facilement accessible en transports en commun, à vélo ou à pied, et donc de repenser le territoire en fonction de ses enjeux. Cela nécessite de questionner le “temps de la ville”, des activités et des déplacements. À Rennes par exemple, le doublement des rames de métro desservant l’université était sur la table car les transports étaient bondés aux heures de pointe.  Il a suffi de décaler d’une demie-heure les heures de cours pour régler le problème sans créer de nouveaux aménagements !

Des solutions pragmatiques existent, mais tout est question de volonté politique. On demande toujours à l’individu de changer de comportement, or la transition énergétique devra passer par une évolution des comportements collectifs. Cela ne peut que se faire sans l’adoption d’une stratégie collective à long terme et de politiques ambitieuses !

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