SmartMagne : “l’autoconsommation, un modèle économique pour l’énergie du futur”

Rédigé par

Olivier Durin

1152 Dernière modification le 14/12/2018 - 09:32
SmartMagne : “l’autoconsommation, un modèle économique pour l’énergie du futur”

Aujourd’hui, direction le Cher où un projet d’autoconsommation collective d’électricité voit le jour. Son nom : SmartMagne, du nom de la bourgade Marmagne qui tente l’expérience. Présenté il y a un an, il s’agit de la mise en place d’un système de management de l’énergie qui va permettre de gérer les pics de consommation et de réguler les tensions sur le réseau.

Eclairage d’Olivier Crouzet, directeur de Vinci énergies dans le Centre.

 

En quoi le projet Smartmagne est une première en France ?

 

C’est une première sur notre territoire car nous mettons en œuvre une  consommation collective. Nous allons produire de l’électricité sur des bâtiments communaux, la mairie va consommer une partie de cette production et le surplus, vendu, va être réinjecté dans le réseau de distribution public pour les riverains.

C’est une première car il s’agit d’un bourg alors que les premières expériences ont eu lieu dans des zones industrielles d’activité. Nous allons délivrer l’électricité pour toute la population habitant dans cette bourgade.

 

Comment est né ce projet ? Est-ce une volonté politique de la mairie ?

 

Smartmagne est né d’une volonté commune avec Aymar de Germay, un maire très moteur sur les sujets énergétiques (éclairage public, efficacité énergétique, ferme photovoltaïque…). Dès la sortie du décret sur l’autoconsommation collective, nous avons cherché un lieu pour mettre en œuvre un tel projet le plus large possible.

Le maire a été séduit et a accepté de déployer ce type de démonstrateur sur son territoire.

Marmagne possède des particularités idéales pour déployer cette expérience. Après la phase de recherches de financement (publics et privés), nous sommes arrivés dans la phase de réalisation. Les premiers coups de pioche auront lieu début janvier pour une mise en service à la fin du premier semestre.

Tout un travail a été effectué avec Enedis pour la réinjection dans le réseau.

Enedis, avec qui nous sommes liés par une convention, a un rôle de comptage de la consommation de l’électricité locale des riverains : il quantifie les flux observés sur le réseau grâce au compteur Linky ce qui permet d’établir des factures.

Tous les habitants qui voudront bénéficier de cette électricité devront se déclarer dans une association créée par la ville qui pourra décider les règles de répartition de ce surplus.

 

Quels enseignements allez-vous tirer de ce démonstrateur ?

 

Pendant un an, nous allons étudier plusieurs indicateurs : quel est le volume d’adhésion des habitants à la production d’énergie renouvelable sur leur territoire et comment cette énergie est optimisée. C’est pour cela que nous avons mis en place un système de stockage avec un système de management d’énergie qui permettra de délivrer l’électricité au bon moment.

 

Et quel est l’avenir d’un démonstrateur ?

 

Nous devons déjà imaginer le business model pour ensuite le dupliquer et en faire une offre, à terme, à d’autres collectivités. Nous avons ainsi échafaudé un prix de vente de l’énergie qui sera délivré aux riverains de Marmagne. Nous sommes convaincus que c’est un modèle économique pour l’énergie du futur.

Le démonstrateur sera ainsi un produit fini dès sa mise en service. Et de surcroît dans une petite ville où le projet fait écho et où on sent un certain enthousiasme…

 

Comment expliquez-vous cette adhésion ?

 

Le principe de consommer de l’énergie sur des bâtiments qui appartiennent à la collectivité (NDLR : l’électricité produite permettra d’alimenter neuf bâtiments communaux (mairie, école, crèche, salle des fêtes…), l’éclairage public et une borne de recharge de véhicules électriques), ça plaît.

Quelque part, les bâtiments appartiennent aussi aux riverains via leurs impôts ! Et il y a un côté rassurant pour les habitants de voir que c’est la mairie qui est à l’initiative. Et les habitants se disent : « nos toitures servent à quelque chose ! »

Quoiqu’il en soit, même si le succès d’autoconsommation collective n’était pas au rendez-vous, la collectivité serait gagnante avec une production photovoltaïque qui couvrira 70% de ses consommations électriques.

 

Article publié sur Le Monde de l'Energie

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