Si l’architecture m’était contée 5/5: Madame Barbe bleue n’aurait pas dû tomber dans le panneau

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Le Moniteur

6144 Dernière modification le 05/01/2018 - 09:34
Si l’architecture m’était contée 5/5: Madame Barbe bleue n’aurait pas dû tomber dans le panneau

A l’issue d’une enquête qui n’a été ni longue ni minutieuse, la rédaction du « Moniteur » est en mesure de révéler combien les contes de fées et autres récits du même acabit véhiculent de fariboles sur l’art de bâtir. Le château enchanteur ou la cabane en sucreries, tous jolis, tous séduisants, voilà qui est à peu près aussi crédible que l’existence du père Noël. L’ultime mensonge aujourd’hui décrypté est celui invoqué par la Barbe bleue : son épouse n’a pas ouvert la porte interdite par pure désobéissance mais par manque d’information claire.

L’héroïne de contes de fées est-elle donc aussi sotte qu’on veut bien le raconter ? Il faut bien reconnaître que sa beauté n’a souvent d’égal que son ingénuité et que cela sert surtout de prétexte au narrateur pour asséner quelques leçons de morale aussi subtiles que « la curiosité est un vilain défaut ». Charles Perrault sous-entend ainsi que, dans le dossier de la Barbe bleue, rien de fâcheux ne serait arrivé à la fraîche épousée si elle n’avait pas été si fouineuse. Une relecture minutieuse du compte-rendu établi au XVIIe siècle laisse supposer que le véritable fautif est bien la Barbe bleue qui n’avait pas donné à sa femme d’instructions assez limpides. Et que toute cette triste affaire aurait pu être évitée avec un dispositif adéquat de signalisation.

L’homme à la pilosité surprenante avait en effet fait bâtir nombre de « belles maisons à la ville et à la campagne » mais, comme parfois d’autres maîtres d’ouvrage, il avait lésiné sur la mission signalétique. On ne dira pourtant jamais assez combien il est indispensable de guider le visiteur. Imaginerait-on se diriger dans un grand hôpital sans affichage des salles de consultations ou visiter un château de Versailles ou un musée du Louvre dépourvus de charte graphique claire ? (...) Lire la suite sur LeMoniteur.fr

© Maby / Collection Kharbine Tapabor - Si la mention « Entrée interdite » avait été affichée, madame Barbe bleue n’aurait sans nul doute pas été exposée à cette vision macabre.

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