Séminaire de la communauté du bâtiment du Cerema : quelles évolutions à venir dans 3, 5 ou 10 ans ?

1497 Dernière modification le 09/07/2018 - 10:05
Séminaire de la communauté du bâtiment du Cerema : quelles évolutions à venir dans 3, 5 ou 10 ans ?

Les 25 et 26 juin 2018, la communauté métier bâtiment du Cerema s'est réunie à Lyon. L’un des objectifs était, à travers notamment l'intervention d'Alain Maugard, président de Qualibat, de faire de la prospective sur l’avenir du bâtiment à court et moyen terme, et d'envisager le positionnement futur du Cerema dans ce domaine au cœur de nombreux enjeux, qui connait d'importantes évolutions.

La communauté métier bâtiment du Cerema, ce sont 178 agents inscrits dans 12 réseaux thématiques, actifs sur deux grands axes : les performances environnementales et techniques d’une part, d’autre part les métiers de l’immobilier et les usages. Elle joue notamment un rôle pour anticiper les évolutions jugées nécessaires en matière de compétences collectives.

Quelles évolutions pour le bâtiment dans les années à venir?

Jardins couverts à la halle Pajol à Paris - Crédit: Arnaud Bouissou TERRA

Le séminaire a laissé une large place à la prospective. Alain Maugard, président de Qualibat (organisme de qualification et de certification du BTP) et co-animateur de la concertation nationale sur le Plan de rénovation énergétique des bâtiments, est intervenu sur l’avenir du bâtiment dans 3, 5 ou 10 ans.

Selon Alain Maugard, le bâtiment est en effet au cœur de nombreux enjeux : transition énergétique et adaptation au changement climatique, production d’énergie, arrivée des objets connectés, de l’intelligence artificielle, augmentation de la population urbaine… Cela, dans un contexte où les modes de vie urbains sont incompatibles avec la préservation de la planète.

L’activité humaine créé trop de gaz à effet de serre, et elle entraîne une trop forte consommation d’énergie. En parallèle des solutions se développent, comme le bâtiment à énergie positive, qui montre que le bâtiment peut désormais être producteur d’énergie.

Aujourd'hui, et encore davantage avec les évolutions à venir, le bâtiment n'est plus une structure autonome, il est de plus en plus relié à un quartier, à une ville, et il doit donc être pensé à d’autres échelles. Alain Maugard a a insisté sur la souplesse nécessaire pour passer d'une réflexion au niveau du bâtiment, puis à celui du quartier et de la ville.

Alain Maugard a identifié trois « boosters » principaux pour le domaine du bâtiment :

  • Les questions d’énergie : dans un contexte où la ressource ainsi que la production d’énergie se territorialisent, le bâtiment est au cœur des enjeux énergétiques et au centre des solutions.
  • L’empreinte environnementale. Aujourd’hui, les bâtiments neufs sont très peu consommateurs d’énergie, mais le secteur de la construction reste fortement émetteur de gaz à effet de serre (GES). La construction (qui représente plus 50% des GES émis par le bâtiment dans toute sa durée de vie) doit être décarbonnée, de même que la rénovation, y compris la rénovation énergétique. 
  • L’arrivée des objets connectés, du digital et de l’intelligence artificielle (IA). Cela fait partie des nouveautés en termes de services rendus par les bâtiments, et peut contribuer à la modification des modes de vie. De son côté, le numérique permet de disposer d’une maquette virtuelle du bâtiment, et de modifier les process de conception et de fabrication, en passant d’une démarche séquentielle à une démarche collaborative entre les différents métiers intervenant sur le bâtiment (architecte, entrepreneur, industriel…), plus fluide et plus efficace. Désormais, « le bâtiment se mesure aux usages et aux services qu’il rend », a rappelé Alain Maugard. Objets connectés, digital et IA modifient la manière dont les services issus des bâtiments sont produits.

Une évolution du concept et des fonctions de l'espace public

Le bâtiment devient l’élément d'un espace public, ce qui implique que cet espace public sera construit par les autorités, ainsi que par l'ensemble des citoyens, en intégrant des biens particulier.

Le fait de réduire l’empreinte écologique des bâtiments, et par-là même des villes, conduit à proposer de nouvelles formes de partage de l’espace collectif et des modalités de gouvernance. ll s’agit de réfléchir sur les multi-usages de la ville et notamment sur la question du partage et du recyclage des bâtiments qui permettraient d’éviter une trop grande consommation d’espace et donc de favoriser une ville durable en jouant sur toute la durée de vie du bâtiment (bâtiment et ville adaptables).

Des évolutions sont en cours autour du concept d’espace public, qui est de plus en plus construit par les citoyens eux-mêmes, et par une collaboration entre le public et le privé à travers l’urbanisme.

La prospective sur la ville montre qu’elle se transforme. L’un des enjeux est de savoir comment elle se structure, comment elle s’organise, comment elle est pensée en amont ? Dans ce cadre, et en anticipant le développement de l’IA, la valeur ajoutée de l’ingénierie sera l’innovation.

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