Retour sur les Rencontres Régionales du Réemploi et du Recyclage dans le bâtiment, 2ème édition

Rédigé par

Association cd2e

805 Dernière modification le 15/12/2022 - 11:25
Retour sur les Rencontres Régionales du Réemploi et du Recyclage dans le bâtiment, 2ème édition


Le CD2E, pôle d’excellence des Hauts-de-France, soutient le développement de l’économie circulaire dans le bâtiment, par son activité de conseil, d’animation de réseau et de formation auprès des acteurs œuvrant pour le réemploi et le recyclage. Avec le soutien de l’ADEME et de la Région Hauts-de-France, l’association a organisé et animé la 2ème édition des Rencontres Régionales du Réemploi et du Recyclage dans le bâtiment, qui a eu lieu le 1er décembre 2022.

UN FRANC SUCCÈS !

Dans une ambiance à la fois conviviale et solennelle, au sein de l’Hémicycle de l’Hôtel de Région à Lille, ces Rencontres Régionales ont rassemblé plus de 160 experts, entreprises, associations, architectes, techniciens et décideurs publics, qui ont donné vie à l’événement grâce à leur écoute et leurs questions pertinentes. Les petites et moyennes entreprises prédominaient dans l’assemblée (plus de 20%). Les associations et les grandes entreprises, quant à elles, représentaient respectivement 13% et 11% des participants, quand les collectivités et EPCI en représentaient 8%. Cependant, l’ensemble des acteurs du secteur était représenté : acteurs de la formation et de la recherche (8%), promoteurs immobiliers (7%), bailleurs sociaux (5%), porteurs de projet et jeunes entreprises (5%), et bien sûr bureaux d’études, aménageurs, fédérations du BTP.

Au programme de la journée : explications sur les actualités concernant l’application de la loi AGEC dans le bâtiment et les changements afférents, messages des fédérations, présentation des éco-organismes, plaques tournantes du déploiement de la REP bâtiment, puis mise en lumière de projets éclairants par leur recours affirmé au réemploi. Enfin, agrandissement de la focale pour s’intéresser à des notions connexes : urbanisme et métabolisme circulaire, sobriété foncière, stratégie bas carbone.

Rétrospective du déroulement de cette journée !

UN DISCOURS D’OUVERTURE EN TROIS TEMPS

Benoît Loison, Président du CD2E et Président de la FFB 59-62, Frédéric Motte, Conseiller régional délégué à la transformation de l’économie régionale et Président de Rev3 et Agnès Jacques, Directrice Déléguée Régionale de l’ADEME Hauts-de-France, ont ouvert la journée en rappelant le rôle stratégique du secteur du bâtiment eu égard à la transition écologique, dans un contexte réglementaire en plein bouleversement.


UNE CONFÉRENCE D’OUVERTURE POUR FAIRE LE POINT SUR LE CADRE RÉGLEMENTAIRE RELATIF À LA NOUVELLE GESTION DES DÉCHETS DU BÂTIMENT

Tout savoir sur la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) en ce qui concerne les déchets du bâtiment : les explications de l’ADEME

La Direction de la Supervision des filières REP de l’ADEME nationale, représentée par L. Lijeour, a commencé par rappeler que près de 40% des déchets issus des chantiers du bâtiment sont collectés en mélange. Or, le premier prérequis pour réemployer ou recycler, c’est la dépose soignée et le tri à la source. Pour y remédier, la loi AGEC prévoit l’avènement du diagnostic PEMD (Produits Equipements Matériaux Déchets), la généralisation du tri 7 flux ainsi que la mise en place des filières à Responsabilité Elargie du Producteur (REP) pour les produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB). Cette REP se traduit par le paiement d’une éco-participation par tout acheteur de produit ou matériau. L’éco-participation est ensuite collectée par des éco-organismes ayant la charge de collecter, trier et acheminer les déchets du bâtiment vers les filières de traitement adéquates.

Les fédérations du bâtiment s’organisent pour préparer l’arrivée de la REP

La Fédération Française du Bâtiment (FFB) rappelle les enjeux majeurs liés à la mutation en cours dans le secteur du bâtiment. En premier lieu, les règles de tri donnant lieu à la gratuité de la reprise des déchets doivent être claires et rigoureusement appliquées. De plus, pour que le maillage territorial des points de reprise se densifie progressivement, les collectivités, les prestataires privés et les entreprises déjà implantées doivent tous se mobiliser. Enfin, il est primordial d’anticiper l’organisation des chantiers afin qu’elle soit propice à un tri fin. En parallèle, les marchés devront évoluer eux aussi : mention déchets dans les devis, prise en compte des diagnostics PEMD avant les travaux… Cependant des interrogations demeurent : quid de la hausse des prix des matériaux ? Comment répercuter la baisse du coût de traitement des déchets ?

La Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) souligne que les petites entreprises auront probablement plus de difficultés à faire face à une éventuelle lourdeur financière ou administrative entraînée par la mutation des filières. C’est pourquoi il est primordial que la mise en œuvre de la REP soit la plus simple possible. Par ailleurs, les déchetteries et les entreprises du bâtiment doivent travailler main dans la main pour que la gestion des produits, équipements, matériaux et déchets soit fluide.

Enfin, le SEDDRe a tenu à souligner le caractère progressif de la mise en place de la REP bâtiment. La pratique du réemploi devrait prendre de l’ampleur au fur et à mesure de la montée en puissance de la REP.

OBSERVER, PRÉVENIR, GÉRER, TRIER, COLLECTER ET RECYCLER LES DÉCHETS DANS UNE LOGIQUE D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Typologie des déchets du bâtiment et mode de gestion actuel

La Cellule Economique Régionale de la Construction (CERC) joue le rôle d’observatoire du secteur de la construction, notamment par un travail de veille et d’enquêtes. La CERC collabore étroitement avec l’Odema, Observatoire Déchets Matières dont la charte a été signée en mars 2022. En outre, la CERC a engagé travaux avec l’appui de la Région et de l’ADEME régionale. Objectifs : analyser la production et la gestion des déchets du BTP dans la région, effectuer une veille sur la REP et recueillir de l’information sur les déchets des artisans ainsi que sur l’amiante.

Lever de rideau sur les éco-organismes, clefs de voûte de la REP naissante

L’actualité est particulièrement riche avec l’agrément officiel de quatre éco-organismes du bâtiment en octobre 2022. Trois d’entre eux étaient présents : Valdélia, Ecomaison et Valobat. Chacun s’est exprimé pour expliciter le rôle qu’il jouera dans la future REP.

Tout d’abord, Valdélia élargit son champ d’action pour travailler désormais sur tout type de déchet du bâtiment non inerte (catégorie 2). L’organisme est aussi investi dans des programmes d’innovation à l’instar du Bâtiment Circulaire, qui vise à accompagner 12 entreprises vers l’émergence de solutions concrètes et vertueuses d’un point de vue environnemental.

De même Eco-mobilier, créé en 2011, existait déjà avant la REP bâtiment. En 2022, la société évolue pour s’adapter à la nouvelle REP et devient Ecomaison, qui prendra en charge tous les déchets liés à la maison : mobilier, literie, jouets, bricolage, jardinage et matériaux de construction. Cet organisme travaille en partenariat rapproché avec Ecominéro en charge des déchets inertes (catégorie 1), expert de la filière minérale.

Pour Valobat, l’histoire est un peu différente puisqu’il s’agit d’un nouvel éco-organisme, créé en 2021 spécialement pour traiter tous les types de déchets du bâtiment (catégories 1 et 2). Fondé par 42 entreprises de fabrication de produits et matériaux de construction, Valobat offre aux entreprises de travaux une solution multi-matériaux de reprise pour tous les produits et matériaux du bâtiment et pour tous les circuits de collecte.

DYNAMIQUES INNOVANTES EN FAVEUR DU RÉEMPLOI ET DU RECYCLAGE : RETOURS D’EXPÉRIENCE AUTOUR DE PROJETS DÉMONSTRATEURS ET DE FILIÈRES ÉMERGENTES

A travers quatre témoignages éclairants, la deuxième table ronde de la journée a mis en avant des projets, achevés ou en cours, au sein desquels une grande attention a été portée au réemploi.

L’association Zerm a créé à Roubaix un comptoir de matériaux de réemploi, Le Parpaing, qui dispose d’une plateforme en ligne et d’un espace qui s’est agrandi progressivement jusqu’à 1000 m². Pour l’heure, cette matériauthèque a fourni 50 projets et 30 chantiers de déconstruction en matériaux de seconde main.

La Société d’Economie Mixte (SEM) Ville Renouvelée, Soreli et BLAU ont ensuite exposé leurs travaux. Développement économique visant fonctionnalité et sobriété, revitalisation de vastes espaces urbains en gardant la mémoire des lieux et en valorisant la patrimoine vernaculaire, limitation de l’impact du chantier… les projets présentés ont tous ce souci d’optimiser la valorisation des déchets issus de la démolition, de réemployer un maximum de matériaux (par exemple, des poutres IPN, des portes…) in situ ou hors site, et ce afin d’inspirer d’autres chantiers circulaires et de faire fructifier, progressivement, les filières du réemploi. La dimension artistique n’est pas oubliée : l’objectif 1% design a été affiché pour la friche du château à Bousbecque. Dans le cas de la Lainière et de Fives Cail, les sites réaménagés font l’objet d’une histoire industrielle marquante, textile pour l’un, mécanique pour l’autre.

URBANISME CIRCULAIRE, SOBRIÉTÉ, STRATÉGIE BAS CARBONE : CLEFS POUR ACCÉLÉRER LA TRANSITION DU SECTEUR DU BÂTIMENT

En guise de conclusion : une conférence éclectique en quatre exposés

Le bureau d’études Inddigo collabore avec l’ADEME depuis 2015 sur la démarche Economie Circulaire et Urbanisme (ECU). Le réemploi n’est qu’un maillon, une étape du processus d’aménagement lorsque celui-ci est effectué dans une logique de sobriété. Cette démarche est déjà opérationnelle : elle s’est illustrée à travers l’exemple du Cadran Solaire dans la commune de La Tronche.

Le métabolisme urbain désigne l’ensemble de transformations et flux de matière et d’énergie intervenant dans le cycle de vie d’une zone urbaine. Grâce à l’appui de Bellastock, celui-ci est pensé et organisé de telle sorte qu’il soit propice à la prévention et au réemploi des déchets du BTP, à l’échelle de Plaine Commune ou de la région Bourgogne Franche-Comté.

De plus, la loi Climat et Résilience de 2021 a mis en place une logique de limitation de l’artificialisation des terres. L’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) est affiché pour 2050. Le Cerema s’est fait le porte-voix de la base de données de référence pour la description de l’occupation du sol français, l’OCS GE : Occupation du sol à grande échelle. Cet outil, qui vise à cartographier la France d’ici fin 2024, permettra de mesurer l’artificialisation et ainsi accompagner notre changement de rapport à l’utilisation de l’espace.

Enfin, le réemploi et le recyclage sont des éléments clefs de la Stratégie Nationale Bas Carbone sous contraintes de ressources (SNBC). Pour terminer la journée, l’Institut National de l’Economie Circulaire (INEC) a détaillé les modalités de cette stratégie eu égard au secteur du bâtiment.

La journée s’est achevée avec Frédérique Seels, Directrice générale du CD2E, qui a remarqué, dans l’assemblée, la forte présence de la jeune génération aux côtés des plus âgés. Faisons en sorte que cette journée riche d’enseignements se convertisse en actions !

La suite au prochain épisode…

Actualité publiée sur CD2E
Consulter la source

Partager :