[ Résultats enquête ] Les premiers indicateurs de l’Observatoire bas-carbone des Industries pour la Construction

Dans le contexte d’urgence climatique que nous connaissons, les secteurs de l’industrie du bâtiment et de la construction, responsables de 38% [1] des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale, doivent fortement engager leur transition bas-carbone.

Et cette décarbonation ne peut être que collective. L’ensemble de la chaine d’acteurs, de l’industriel (fabricant de matériaux, équipements, systèmes électriques, composants et produits finis qui seront prescrits pour être mis en œuvre) à la distribution, a un rôle clé à jouer pour réduire ces émissions afin que le cycle d’absorption et recyclage par la planète puisse être préservé.

LES EFFETS DU SECTEUR DU BÂTIMENT, DE L’INDUSTRIE À L’EXPLOITATION, SUR LES ÉMISSIONS CARBONE

En 2017, la France s’est fixé un objectif ambitieux de neutralité carbone à horizon 2050 :  la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) prévoit une réduction par un facteur 6 des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990.

Cela implique, entre autre, une décarbonation quasi-complète des secteurs de l’énergie, des transports et du bâtiment (résidentiel et tertiaire).

Dans la course aux émissions carbone, c’est l’industrie du bâtiment dans son ensemble qui doit être appréhendée : composition et conception des produits et équipements, amélioration de l’efficacité énergétique des procédés industriels, évolution du mix énergétique vers des sources d’énergie renouvelables et décarbonées, meilleure réflexion sur les partenaires (achats, fournisseurs, transporteurs) etc.

Le Haut Conseil pour le Climat définit plusieurs secteurs d’émissions territoriales de GES en France (au total, elles sont estimées à 436 Mt éqCO2 pour 2019) [2].

Il classe le secteur du bâtiment 4ème secteur le plus émissif en France (17% avec 75 MteqCO2). Mais ce chiffre n’intègre pas les émissions des matériaux de construction (entre autres), comptées dans le secteur « Industrie ».

Si on les ajoutait, le secteur du bâtiment passerait à environ 102 MteqCO2, soit environ 23% dans la part des émissions émises, et donc la 2ème marche du podium.

Focus sur le bâtiment : les phases de construction, d’exploitation et de démolition

On estime que la phase de construction est responsable de 60% de l’empreinte carbone du bâtiment : les émissions de CO2 sont principalement dues à la fabrication des produits de construction et équipements installés, notamment en raison de l’extraction des matières premières, de leur transport, leur traitement en fin de vie mais aussi toute la partie chantier.

Mais l’empreinte carbone du secteur implique un certain nombre d’autres éléments et accumulation d’actions.

En 2050, en raisonnant sur la totalité du cycle de vie des bâtiments, et même si elles se réduiront également, les phases de construction et de démolition des bâtiments pourraient être responsables d’une large part des émissions de la filière du bâtiment. La maîtrise de ces émissions amont et aval est un enjeu majeur et les problématiques de recyclage et d’écoconception sont essentielles.

Malgré tout, un bâtiment peut émettre des émissions à la fois sur le site du bâtiment (par exemple la combustion de chauffage), mais aussi à distance (comme les émissions pour fabriquer les matériaux de construction ou pour produire l’électricité qui sera consommée sur le site).

A cela se rajoute une émissivité dans le temps : la phase d’exploitation peut avoir des effets très significatifs selon l’énergie utilisée tout au long du cycle de vie [3] pour produire de la chaleur (pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire) ou du froid. Si elle est produite à partir de combustibles fossiles, elle aura une incidence forte sur les rejets de CO2 [4].

L’impact du bâtiment sur les émissions de gaz à effet de serre en France est donc non négligeable ! En questionner les acteurs est donc essentiel pour comprendre les actions entreprises et à mettre en œuvre.

UNE PREMIÈRE ÉTUDE ET DES CHIFFRES CLÉS

Pour lutter contre le changement climatique à l’échelle de l’entreprise, le point de départ impératif est de mesurer ses émissions de gaz à effet de serre. Il existe pour cela différentes méthodologies qui ont pour point commun de catégoriser les émissions en 3 périmètres (« scopes ») :

• Scope 1 = émissions directes de gaz à effet de serre (chauffage, véhicules, climatisation etc.) ;
• Scope 2 = émissions indirectes liées à l’énergie (électricité, qui n’émet pas directement sur les lieux mais au moment de sa production) ;
• Scope 3 = autres émissions indirectes

Le  document du GreenHouse Gas Protocol, ainsi que les principes de la norme ISO 14064, sont utilisés et sont complémentaires des documents de référence existant à l’échelle nationale : la méthode réglementaire pour la réalisation des BEGES (Bilans d’Emissions de Gaz à Effet de Serre), la méthode Bilan Carbone® et le Guide ADEME.

Cette catégorisation par scopes est intéressante et utilisée à travers le monde par les différentes méthodologies de comptabilité carbone. Cependant,  elle ne permet pas,  par exemple, une mise en avant des actions concrètes, des axes précis sur lesquels des efforts sont ou doivent être effectués.

Elle détermine un bilan et une empreinte carbone, mais il nous a semblé utile d’aller plus loin dans le suivi et l’analyse d’indicateurs en lien direct avec les activités industrielles. L’idée étant de pouvoir participer autant que possible à l’accélération de la décarbonation.

Pour progresser dans cette accélération de la décarbonation, Cercle Promodul / INEF 4 a initié, dans le cadre de l’Observatoire bas-carbone des Industries pour la Construction, une étude auprès d’une trentaine de structures de l’industrie de la construction et de la distribution, afin d’établir un état des lieux à l’instant T.

L’objectif ? Questionner ces acteurs pour identifier ce qu’ils proposent, ce qu’ils font, leurs objectifs au regard des enjeux du bas-carbone, pour en extraire ensuite des indicateurs à suivre.

Télécharger le rapport

L’objectif de cette étude est double : 

• Identifier et extraire des indicateurs et des thématiques clés ;
• Recueillir ensuite quelques exemples d’actions déjà entreprises et envisagées par les acteurs du secteur.

A terme, l’objectif de l’observatoire sera de mieux les faire connaitre pour définir un cadre d’engagement volontaire permettant d’entrainer d’autres acteurs dans leur sillage et de faire progresser leurs démarches.

Le panel a alors été amené à se positionner sur les enjeux sur lesquels des initiatives d’engagements volontaires, visant à réduire l’impact carbone, ont déjà été réalisées, et ceux pour lesquels ils souhaitent rapidement les mettre en place. En ressort des actions :

L’étude a révélé les critères les plus cités, engagés par les répondants :

4 critères clés ont ainsi été mis en avant dans le rapport :

1. Procédés de fabrication, économie circulaire et recyclage.
2. Efficience énergétique de la production.
3. Organisation des filières, chantiers, supply chain.
4. Sujets de rénovation énergétique performante, d’adaptation du bâtiment au changement climatique, de montée en compétences des professionnels et de sensibilisation / mobilisation des occupants

Retrouvez tous les chiffres et indicateurs clés dans le rapport dédié

D'OÙ VIENNENT CES INDICATEURS ?

Ces données constituent les premiers résultats ayant permis de réaliser le rapport fondateur de l’Observatoire national des solutions & des bonnes pratiques bas-carbone des Industries pour la Construction et de la Distribution, publié par Cercle Promodul / INEF4. D’autres analyses, rapports et retours d’expériences seront publiés au fur et à mesure des avancées des travaux de l’Observatoire.

En savoir plus sur l'Observatoire

Cette initiative prend place dans le cadre d’un partenariat entre Cercle Promodul / INEF4 et l’Observatoire Low Carbon World (initié par l’événement Solutions Bas-Carbone),destiné à fédérer des organisations représentatives des marchés de la construction, de l’immobilier et de l’aménagement urbain autour des enjeux de la décarbonation, de la construction et de l’immobilier.

Cercle Promodul / INEF4 pilote et anime la partie de l’Observatoire en lien avec des solutions et bonnes pratiques bas-carbone de l’Industrie pour la Construction et de la Distribution (avec le soutien du Comité Stratégique de Filière « Industries pour la Construction »).

[1] « Les émissions du secteur du bâtiment ont atteint un niveau record », ONU, Décembre 2020

[2]  Haut Conseil pour le Climat, rapport annuel 2021 : « Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation », 30 juin 2021, p15

[3]  « Le poids carbone réel d’un bâtiment de bureaux tout au long de son cycle de vie », Observatoire de l’Immobilier Durable (OID),Décembre 2019

[4]  Cartographie de l’impact de l’électricité (rejets de GES par kWh de production électrique produit), selon les pays, sur le climat

Article publié sur le site du Cercle Promodul / INEF. Consulter la source