#33 - Requalification urbaine au service de la résilience : trois cas concrets

Rédigé par

Stéphanie CHEVALLIER

Responsable Développement Durable du Pôle Immobilier

5728 Dernière modification le 17/12/2021 - 12:59
#33 - Requalification urbaine au service de la résilience : trois cas concrets

Le changement climatique, qui se traduit notamment par l’augmentation du nombre et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes, pousse les acteurs de l’immobilier à concevoir des projets au service de la résilience des villes. 

Parmi les adaptations de l’espace urbain au changement climatique, il existe une démarche concrète aux bénéfices multiples : reconstruire la ville sur la ville. La transformation de sites urbains (friches industrielles ou commerciales, entrées de ville…) offre une opportunité de réintroduire de la nature sur des sites fortement imperméabilisés. Désimperméabiliser et végétaliser des espaces minéralisés,  contribue à l’amélioration de la gestion des eaux pluviales et à la lutte contre l’effet d’ilot de chaleur urbain et améliore ainsi la résilience des villes face au changement climatique. 

Autre bénéfice, reconstruire la ville sur la ville offre aussi une solution pour résoudre l’équation complexe de la lutte contre l’étalement urbain dans un contexte de rareté du foncier en agglomération. La lutte contre l’étalement urbain et l’adaptation des villes entretiennent des liens complexes. Tous les 10 ans, 20 000 hectares sont artificialisés en France, soit l’équivalent d’un département. L’artificialisation des sols est une des causes majeures de perte de biodiversité en France et dans le monde. Si la lutte contre l’artificialisation des sols est un levier important de préservation de la biodiversité, elle ne doit pas se faire au détriment de la capacité des villes à faire face au changement climatique. Autrement dit, la densification et la requalification des villes, solutions incontournables de la lutte contre l’étalement urbain, doivent intégrer les enjeux de résilience.

Pour toutes ces raisons, les projets de reconstruction de la ville sur la ville qui réintroduisent de la pleine terre, des surfaces perméables et de la nature, sont des leviers efficaces pour répondre à la fois au besoin d’adaptation de nos villes et à la préservation des sols et de la biodiversité.  


La requalification de la Porte de Montreuil : laboratoire de résilience urbaine.


La requalification de la Porte de Montreuil (livraison prévisionnelle à partir de 2025) prévoit la réalisation de 8 bâtiments intégralement réversibles (en logements) représentant au total 58 500 m² composés de bureaux, co-living, hôtel, locaux associatifs et locaux commerciaux et d’une grande halle pour accueillir le marché aux puces. La nature s’inscrit au cœur du projet, avec une renaturation massive du site : 7.000 m² d'espaces végétalisés, avec la plantation de plus de 300 arbres. 
Lauréat du concours Reinventing Cities, le projet de la Porte de Montreuil propose un système ingénieux pouvant être qualifié de « climatiseur urbain low tech », qui prévoit que l’eau non potable soit utilisée pour arroser la végétation en période de canicule, ce qui pourrait permettre de baisser la température d’environ 3°C. En période chaude, les eaux brutes irriguent les jardins et talus. Cette utilisation propose une alternative vertueuse à l’utilisation de l’eau potable pour la gestion des espaces verts, tout en rafraichissant le quartier grâce à l’évapotranspiration produite par les plantes. Le projet est conçu pour favoriser des zones de fraîcheur, notamment par la création de noues et mares temporaires qui accentueront le rafraîchissement ressenti.


Le cas de la ZAC PSA à Asnières : réintroduction de biodiversité comme vecteur de résilience environnementale et sociale

Au travers de sa filiale Villes & Projets, Nexity est fortement impliqué dans la requalification de friches industrielles et le renouvellement de quartiers constitués.  Sur 7 hectares de terrain imperméabilisés à 99% (friche industrielle de l’ancienne usine PSA), un projet mixte a vu le jour avec la construction de nouveaux bureaux et logements. Il a permis la restitution de 4 hectares de pleine terre (soit la désimperméabilisation de 57% du site) avec la création d’un parc urbain d’1,5 hectares sur la ZAC PSA à Asnières, fruit d’un important travail de désimperméabilisation et de dépollution des sols.
 
Le parc urbain ainsi créé se compose de plantes indigènes, avec une diversité de strates végétales - arbres, arbustes, herbacées -, et d’un bassin paysager accueillant des espèces hygrophiles. Le projet paysager permet à l’intégralité des eaux pluviales collectées sur les bâtiments d’être infiltrées sur site.

Les espaces de biodiversité créés sont vecteurs de lien social et ont permis une meilleure acceptabilité du projet auprès des habitants. Dès la phase chantier, les palissades ont servi à expliquer tout le processus de conception paysager en lien avec la gestion des eaux de pluie, et l’ouverture du parc au pied des logements. Des panneaux ont été installés avec la même pédagogie, à savoir la description des espèces choisies et leur rôle dans le projet global. Enfin, à l’inauguration du parc avec les nouveaux habitants, tous les concepteurs étaient présents ainsi que les services de la ville pour partager leurs expériences. De cette manière, les habitants peuvent s’emparer de ce nouveau savoir et sans doute avoir une meilleure attention au projet paysager et à son entretien. 
La réintroduction de pleine terre, la végétalisation, la présence d’eau, et la gestion alternative des eaux pluviales sont autant de leviers d’adaptation au changement climatique mis en œuvre dans cette opération et déployables dans nos villes. 


La transformation des friches de la ZAC Boissière-Acacia à Montreuil : création d’un nouvel éco-quartier


Sur 14 hectares, une opération mixte se construit depuis 2014 composée de 1.200 logements dont 40% de logements sociaux et en accession sociale, et 21.000 m² de locaux destinés aux activités économiques et aux commerces avec une école, une crèche et un terrain de sport. 
La transformation de ces friches d’anciens réservoirs d’eau potable s’est matérialisée par la création d’un nouvel éco-quartier : un quartier traversé par de nombreuses voies vertes. L’aménagement intègre la gestion des eaux pluviales et le développement de la biodiversité. 
Les aménagements paysagers font l’objet d’un dialogue permanent avec la Ville de Montreuil, Est Ensemble mais aussi avec les habitants qui sont mis à contribution pour définir la programmation d’espaces laissés libres d’appropriation.


L’immeuble Emblématik à Aubervilliers : vers une densité désirable.

Atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, préservation de la biodiversité, tous ces sujets sont intimement liés. La réduction de l’étalement urbain est une réponse, une nécessité face à ces enjeux conjugués. Cela implique de faire évoluer la fabrique de la ville vers une densité désirable. L’opération Emblématik à Aubervilliers en est une illustration. Cette opération de 88 logements sur 18 étages a été conçue comme un village vertical, avec la création de quatre jardins suspendus et une façade qui rompt le rythme habituel des étages pour diminuer la perception de la hauteur.

Conclusion

Tous ces exemples montrent qu’il est possible d’apporter des réponses urbaines communes aux grands enjeux environnementaux de notre siècle : préservation de la biodiversité, adaptation au changement climatique, mais aussi réduction de l’empreinte carbone des villes (axe qui n’est pas développé dans cet article mais bien présent dans les projets par l’utilisation de matériaux biosourcés notamment, ainsi que la réhabilitation de bâtiments existants).  La reconstruction de la ville sur la ville pratiquée depuis toujours pour répondre aux besoins démographiques, aux évolutions politiques et aux mutations des usages et des modes de vie, intègre désormais la nécessaire adaptation des espaces urbains au changement climatique : les opérations de requalification des grands ensembles et des friches urbaines, de plus en plus encouragées par des dispositifs réglementaires et des incitations politiques, en sont des preuves manifestes. 
 

Engagé dans l’initiative act4nature depuis 2018, Nexity souhaite aujourd’hui accélérer et passer à l’échelle avec une démarche systématique de végétalisation de ses nouvelles opérations de promotion. L’objectif étant que 100% des occupants aient un accès à un espace végétalisé (privatif ou commun).

La nature en ville : un vecteur de résilience, une attente forte.

Selon une étude commanditée par Nexity en 2019, 93% des Français estiment important de disposer d’un extérieur (jardin, balcons, terrasse…), et 68% jugent important que leur habitat contienne un parc arboré (source : Que signifie « Habiter mieux » pour les Français ? Observatoire de l’Habitat, ObSoCo, Nexity, Somfy, CDC Habitat, 2019). La nature en ville n’est pas seulement un facteur de résilience environnementale, elle participe aussi au bien-être des habitants et usagers, pour qui elle est donc une attente forte.

 

Article signé Sophie BRETON, Stéphanie CHEVALLIER, Flore GAIGNARD, Marie VERROT, Nexity


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