Réglementation, industrialisation, main d’œuvre… le bâtiment en pleine renaissance

Rédigé par

Nicolas Legrand

3713 Dernière modification le 20/06/2017 - 11:00
Réglementation, industrialisation, main d’œuvre… le bâtiment en pleine renaissance

Normes françaises et européennes façonnent un secteur du BTP appelé à évoluer radicalement dans les 30 prochaines années, pour être écologiquement irréprochable. Plusieurs acteurs du marché tentent de prendre une longueur d’avance.

Tous les secteurs de l’économie française ne peuvent pas en dire autant. Avec une hausse d’activité de 3,4% attendue en 2017, le BTP a le sourire aux lèvres. Les grands indicateurs sont au vert : baisse des taux et dispositions fiscales ont accompagné un contexte économique favorable. Ce qui a permis, comme l’a rappelé Jacques Chenut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) dans sa conférence de presse en décembre dernier, « la hausse des mises en chantier de logement avec un bond de 11,1% en 2016 ». La FFB mise sur 410000 mises en chantier de logements en 2017, soit 30000 de plus que l’an dernier.

 

Changements de cap

Le secteur du BTP est en pleine mutation. Si le grand public a surtout entendu parlé de la « clause Molière » en septembre 2016 demandant aux ouvriers de parler le français sur les chantiers, des changements bien plus significatifs sont en cours. Objectif : implémenter la norme HQE (Haute qualité environnementale). A l’automne 2016, trois nouveaux textes sont déjà allés dans ce sens. Le premier a réactualisé la norme de référence pour la mesure de la perméabilité à l’air dans le cadre de la réglementation thermique. Le deuxième, toujours inscrit dans une politique de simplification des règles de construction, détaille les procédures de sécurité autour des installations électriques. Enfin, le troisième texte exige que les maisons individuelles soient desservies par le cuivre, et que les bâtiments collectifs soient raccordés à la fibre optique et au cuivre.

Pour les acteurs du BTP, l’équation est simple : suivre – voir précéder – les nouvelles directives techniques pour que les bâtiments nouvellement construits s’intègrent dans leur environnement, en modernisant matériaux et procédés de construction. Avec, en point de mire, l’impératif d’une gestion énergétique intelligente et positive pour limiter l’impact environnemental des chantiers. La gestion de l’eau, de l’électricité et des déchets, une maintenance optimisée, et l’intégration acoustique et visuelle des constructions ne sont plus accessoires. Cette tendance de fond, de nouvelles entreprises de construction de logements individuels l’ont bien assimilée.

 

Industrialisation et intégration

La construction de maisons individuelles quitte lentement mais sûrement le monde de l’artisanat pour celui de l’industrie. Qu’ils travaillent avec le béton ou le bois comme matériau principal, ces nouveaux acteurs intègrent en amont tous les corps de métiers. C’est par exemple le cas de la société Maison OPB, installée près de Chartres. Son mode de construction est simple : le béton – sans module préfabriqué – est coulé directement dans un coffrage métallique. Cette ossature intègre plomberie et installation électrique. Pour l’opérateur, c’est un gain de temps évident, et une simplification du processus de suivi du chantier, celui-ci impliquant moins d’intervenants qu’auparavant. Et ces délais de livraison raccourcis induisent également un gain pour le client : la réduction des intérêts intercalaires et donc, à terme, une réduction du coût du crédit.

D’autres acteurs de la construction de maisons individuelles ont quant à eux opté pour une industrialisation complète avec l’intégration, dès l’usine, de tous les éléments modulables. Ce processus permet de diminuer les coûts de construction, réduit la pénibilité des tâches et le nombre d’accidents du travail, ainsi que les délais de mise en œuvre (en moyenne deux mois). Ce travail en amont facilite également la mise en œuvre des réglementations citées plus haut.

Dans un souci de performance, les constructeurs de ces maisons « en kit » optent soit pour le bois soit pour le polyuréthane. Matériau composite, ce dernier est la pierre angulaire d’une société basée en Isère : Logelis. Ses ingénieurs ont développé des panneaux faisant à la fois office de mur et d’isolant, brevetés en 2015 et compatibles avec la RT 2020. Ces derniers permettent une infinité de combinaisons pour que le client puisse personnaliser son habitation, et sont très simples à monter. « Nous avons à la fois une société industrielle, explique le PDG de Logelis Renaud Sassi, qui fabrique les panneaux intégrant porte, fenêtres et électricité, et une entreprise générale avec des conducteurs des travaux qui permet d’avoir tous les corps de métiers, et donc de les réinventer. » Un savoir-faire qui a également permis à Logelis de conquérir des marchés extérieurs comme au Kurdistan irakien. Les constructions modulables répondent en effet aux exigences des zones à risque ou post-conflit.

Comme Logelis, d’autres entreprises ont fait le pari de la modulabilité et de la personnalisation. Spécialiste des constructions en bois, la société alsacienne Booa promet quant à elle un délai de quelques mois pour sa fabrication en usine et une pose en 24 heures seulement. Ici aussi, comme pour le béton ou le polyuréthane, le cahier des charges impose de suivre des processus de construction propre. Objectif : respecter le fameux « facteur 4 », soit la diminution par 4 des émissions de CO2 du bâtiment d’ici 2050. 

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